Au bureau, à l’usine, dans la rue, nous côtoyons des concitoyens qui échangent sur le programme télé de la veille. Nous finissons, au moins une fois, par regarder les émissions dont on parle pour ne pas être exclu, pour conserver le droit à critique. L’audimat l’avait prévu et les annonceurs aussi.
Les anciens regrettent l’époque où les émissions littéraires passaient en première partie de soirée (prime times, il faut dire) où des feuilletons français de qualité (« Pause-café ») battaient des records d’audience et caracolaient devant des séries comme Dallas.
La nostalgie embellit tout. Aidera-t-elle à comprendre que si ce peuple ingurgite du rutabaga journalistique c’est parce la presse a perdu toutes ses étoiles au Michelin de la vérité ?
Les communards mangeaient des rats et les Chinois d’avant la révolution maoïstes dévoraient les écorces des arbres autour des grandes villes frappées par la disette. Par choix gastronomique ?
Sur le dilemme de la poule et de l’oeuf, la réponse est ici limpide. Ce ne sont pas les Français qui ont voulu que leur poste de télé soit un outil à décerveler, ce sont les maîtres des chaînes (les chaînes, le mot ne saurait être mieux approprié). La liberté est sur le Net.
Théophraste