Monsieur le Président,
Après l’attentat heureusement manqué du vol 253 Amsterdam-Detroit, vous avez pris des mesures pour renforcer la sécurité sur les lignes aériennes, et c’est normal.
A l’annonce de la liste des pays suspectés de terrorisme, et dont les passagers seront particulièrement surveillés, nous avons éclaté de rire en entendant le nom de « Cuba ». Le rire a rapidement cédé la place à l’indignation.
Votre pays hostile à la révolution Cubaine soutient, voire organise, depuis plus de cinquante ans le terrorisme à l’encontre de ce petit pays. Il n’a jamais admis que Cuba soit un pays souverain, libre de son choix de société, que celui-ci il plaise ou non aux Etats-Unis.
L’énumération de tous les actes terroristes serait bien trop longue, mais tous ont été commis par des organisations financées, et souvent créées par les gouvernements des Etats-Unis, comme Omega 7, Alpha 66 et la CORU, pour ne citer que celles là . Ces attentats ont fait de très nombreuses victimes.
Citons cependant quelques uns de ces actes terroristes :
- Attentat contre le vol 455 de la Cubana le 6 octobre 1976. Il a causé la mort des 73 passagers et membres de l’équipage. Ses concepteurs Orlando Bosch et Luis Posada Carriles vivent bien protégés sous le soleil de Miami.
Posada Carriles a déclaré :
« La CIA nous a enseigné bien des choses, les explosifs et leur usage, les meurtres, les bombes, les sabotages. Quand les cubains travaillaient pour la CIA, on les appelait les patriotes. » (Le New York Times du 13/7/98 )
- Guerre biologique. L’introduction de la fièvre porcine a anéanti presque tout le cheptel porcin de l’île. L’introduction du virus de la dengue hémorragique a affecté 344 000 personnes, pour la plupart des enfants. Deux des importantes ressources de l’île ont aussi été touchées par cette guerre avec l’introduction de maladies contre la canne à sucre et le tabac.
- Agressions militaires. Le sabotage du navire français « la Coubre » dans le port de La Havane le 4 mars 1960 a fait une centaine de morts. L’invasion de la playa Girón et de la Baie des Cochons a causé là encore la mort de 176 personnes.
- Multiples attentats. Ils visaient dans les années quatre-vingt-dix des infrastructures touristiques de La Havane. En septembre 1997 un jeune italien : Fabio di Celmo a trouvé la mort.
- Centaines de tentatives d’assassinats contre Fidel Castro et autres dirigeants cubains.
- Blocus imposé depuis 1960 par votre pays à l’encontre de Cuba.
C’est une mesure génocidaire. Dans un mémorandum du 6 avril 1960, à son secrétaire d’Etat Roy R. Rubottom, le sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires interaméricaines Lester D.Mallory, le 6 avril 1960, préconisait :
« La majorité des Cubains soutient Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace(…)Tous les moyens doivent être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba(…)Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement ».
Ce blocus est toujours en vigueur malgré sa condamnation par quasiment tous les pays de l’ONU.
Nous pourrions continuer l’énumération. A l’opposé, pas un seul acte terroriste de Cuba à l’encontre des Etats-Unis n’est à déplorer.
Mieux, vous maintenez en prison cinq Cubains René González, Ramon Labañino, Gerardo Hernández, Fernando González et Antonio Guerrero qui luttaient contre le terrorisme à l’encontre de leur pays. C’est précisément quand ils ont prévenu que des attentats étaient programmés contre des avions desservant Cuba que le gouvernement cubain a alerté votre pays.
Au lieu d’être félicités, ces hommes ont été jetés en prison comme des voyous, et ils y végètent toujours ! Ceci est bien une preuve, s’il en était besoin, de la collusion entre votre gouvernement et les groupes terroristes.
Nous avions l’espoir, le grand espoir, avec votre élection, de voir votre gouvernement en finir enfin avec cette politique belliqueuse à l’égard de Cuba. Nous pensions que serait moralisé cet état de non droit qu’est la Floride où la mafia fait la loi. Il est clair à présent que rien n’a changé : pour vous, comme c’était le cas pour vos prédécesseurs, « démocratisation » est synonyme d’ « éradication du socialisme », y compris par la force.
Si vous aviez un tant soit peu l’intention de normaliser vos relations avec Cuba en respectant ses choix de société qui ne regardent que son peuple, vous accorderiez, Monsieur le Président Obama, sans plus tarder la « clémence exécutive » à ces cinq Cubains qui n’ont que trop souffert depuis plus de 11 ans, c’est une condition nécessaire.
Nous vous le demandons une nouvelle fois : Monsieur le Président, aurez-vous le courage de prendre cette mesure ?
Espérant toujours, malgré tout, un revirement de votre politique, un tel geste initiateur de véritables nouvelles relations souhaitées par la très grande majorité des pays, recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
xxxxxx (France)
Le 1er février 2010
Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Messieurs Harry Reid, et M. l’Ambassadeur des USA en France
