Monsieur le Président,
Le mois dernier a eu lieu un colloque international dans la ville cubaine de Holguàn pour la libération des cinq cubains Gerardo Hernández, Fernando González, Ramón Labañino, Antonio Guerrero et René González, emprisonnés depuis plus de onze ans aux Etats-Unis.
Pas moins de quarante cinq nations étaient représentées à ce colloque par de très nombreux journalistes, avocats, écrivains, responsables politiques et bien sûr par des amis de Cuba. Ils ont expliqué pourquoi ils demandaient la libération immédiate des Cinq.
La Raison était de leur côté.
Monsieur le Président, si ces cinq hommes ont agi au sein de leur réseau « Avispa » pour éviter des actes terroristes à l’encontre de leur pays, c’est parce que les Etats-Unis n’ont pas fait leur travail ! Comment peut-on admettre qu’une grande puissance comme les Etats-Unis laisse ainsi oeuvrer à leur guise des terroristes, sans être elle même à l’origine de leurs forfaitures ?
Ce n’est pas un hasard si des archives qui auraient dû être déclassées sont toujours tenues secrètes ! Elles sont probablement trop riches en dossiers compromettants pour des personnes qui sont, ou ont été, très haut placées dans les plus hautes sphères de votre pays.
Les terroristes que les Cinq infiltraient sont impliqués sans nul doute dans ces affaires gardées secrètes, et leur impunité, voire leur protection par votre gouvernement, est une forme de chantage pour qu’ils gardent le silence sur des « coups tordus » que votre pays ne tient pas à voir étalés au grand jour !
A ce jour, seul Antonio Guerrero a eu une nouvelle sentence. Sa nouvelle peine de presque vingt deux années est inadmissible. Qui lui rendra justice pour les onze années qu’il a déjà passées, de l’avis même de votre justice, à tort dans une prison de haute sécurité, et dans des conditions inhumaines ?
Quand ce courrier vous parviendra Fernando et Ramón seront à quelques heures de leurs nouvelles sentences.
Pour Gerardo, le comble a été atteint ! Depuis quand une justice condamne t-elle à la peine perpétuelle un prévenu quand elle avoue elle-même n’avoir aucune preuve de sa culpabilité ? La mort de quatre jeunes pilotes le 24 février 1996 est tragique, et je la déplore, mais vous êtes-vous interrogé sur le véritable rôle de l’organisation « Brothers to the rescue » caché derrière une façade humanitaire ? Depuis 1994, sous couvert de sauvetage des « balseros », en réalité les « brothers » ne suivaient pas les plans de vols indiqués et violaient l’espace aérien cubain, au mépris des lois internationales et des règles de l’Administration Fédérale d’Aviation, pour faire du terrorisme contre Cuba. Le 13 juillet 1995, les avions de Basulto avaient carrément survolé à basse altitude la ville de La Havane avec tous les dangers que cela représente, au-delà de la propagande déversée depuis ces avions. Ce jour-là aurait pu être fatal aussi pour les pilotes des avions de cette organisation, mais Basulto à son retour à Miami fanfaronnait aux informations de « Radio Martà » tout fier de son exploit. A la suite de cette incursion, le gouvernement Cubain avait avisé les autorités des Etats-Unis que s’il y avait une nouvelle violation de son espace aérien des mesures sévères seraient prises. Le département des Etats-Unis en avait avisé personnellement Basulto le 8 août suivant.
Cette mise en garde n’a pas empêché Basulto avec son organisation de survoler à nouveau Cuba les 9 et 13 janvier 1996, et de déverser des centaines de milliers de tracts de propagande avant d’aller à nouveau en héros vanter à « Radio Martà » ses nouveaux exploits. La ville de Miami serait-elle donc une zone de non droit ?
Là encore les autorités Cubaines se sont contentées de protester auprès des autorités des Etats-Unis annonçant que toute nouvelle violation aurait des conséquences graves.
A vouloir jouer avec le feu, on s’y brûle parfois, et le 24 février 1996 les Cubains ont réagi à une nouvelle provocation avec les conséquences que vous savez. Et vous, Monsieur le Président, seriez-vous resté sans réagir à des violations répétées de votre espace aérien ?
Les malheureux pilotes ont payé pour l’inconscience de leur chef Basulto. N’ont-ils pas en fait été sacrifiés par ce dernier sur l’autel de la contre-révolution ? De là à incriminer Gerardo Hernández dans cette triste affaire, il y a un pas que les juges de Miami ont franchi trop allègrement. C’est lamentable, on se croirait en plein scénario de l’« Opération Northwoods ».
Monsieur le Président la seule chose à faire pour en finir avec tout ce gâchis, c’est d’avoir enfin de nouvelles relations avec Cuba.
Vous le savez, ce changement passe d’abord par la libération des Cinq qui ne serait que justice.
Nous attendons très vite de votre part cette « clémence exécutive » qui seule pourrait un peu gommer ces années d’injustice que les Cinq ont payé pour leur travail courageux contre le terrorisme. Maintenant que le problème est strictement dans le camp politique, il vous serait plus facile d’agir.
Espérant vous voir prendre cette mesure courageuse rapidement, recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
XXXXXXX (France)
Le premier décembre 2009
Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Messieurs Harry Reid, et M. l’Ambassadeur des USA en France.