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Cinq de Miami : lettre du mois (au président Obama)

Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington D.C 20500

Le premier juillet 2009.

Monsieur le Président Obama,

Depuis plusieurs années, j’envoyais une lettre chaque mois à monsieur l’ Attorney General des Etats-Unis pour lui demander de libérer les cinq Cubains Gerardo Hernandez, Fernando Gonzalez, Antonio Guerrero, Ramon Labañino et René Gonzalez, les Cinq comme on les appelle.

Les recours dans le domaine de la justice sont épuisés, semble t-il. La balle est maintenant uniquement dans le camp politique, c’est donc à vous que j’écrirai chaque mois jusqu’à ce que ces hommes soient enfin libres.

Vous connaissez l’histoire de votre pays, vous ne pouvez contester le rôle qu’a joué en particulier la CIA contre Cuba, et pas seulement contre Cuba !

Avant la révolution cubaine, l’île était de fait propriété étasunienne. A l’époque 42% de la population rurale était analphabète, la mortalité infantile avoisinait les 62%, il n’y avait qu’un médecin pour 1067 habitants, un dentiste pour 3510 habitants, et encore, ces praticiens exerçaient-ils surtout à La Havane. Par contre, les profits engrangés par les sociétés des Etats-Unis étaient énormes. Si 50% des plus pauvres de la population recevaient 10% du revenu, 5% des plus riches en disposaient de 27%. Pas surprenant dans ces conditions que les Etats-Unis se soient acharnés contre ce petit pays .
Après une guerre inavouée contre Cuba, c’est à partir de 1960 que les Etats-Unis se sont engagés ouvertement contre la révolution. En janvier de cette année là , Allen Dules, directeur de la CIA a crée une « force spéciale » chargée d’actions subversives contre Cuba. L’acte de naissance a été l’attentat contre le navire « la Coubre »dans le port de La Havane qui a fait 75 morts et plus de 200 blessés. Depuis lors, cette guerre contre la révolution n’a cessé, menée par la mafia d’origine cubaine, avec la complicité des gouvernements successifs.

C’est pour lutter contre le terrorisme à l’encontre de leur pays que les Cinq sont venus infiltrer ces milieux mafieux de Floride. Leur procès, les appels qui se sont succédé, prouvent à quel point malgré le changement de gouvernement, la mafia est encore puissante et dicte sa loi dans votre pays.

Nous n’avons pourtant pas perdu l’espoir de voir votre nouveau gouvernement ne plus soutenir de tels actes de terrorisme.

Une nouvelle collaboration entre vos deux pays, fondée cette fois sur des bases de fraternité et de sincère coopération passe par la libération de ces cinq Cubains. Vous êtes désormais le seul à pouvoir réaliser cette libération et votre constitution vous y autorise.

Je vais maintenant céder la parole à René, l’un des Cinq en citant un extrait de sa lettre ouverte du 19 juin 2009 :

Chers compatriotes, Amis du monde,

Une fois de plus, la société la plus hypocrite jamais conçue a jeté bas le masque judiciaire, découvrant le vrai visage de l’impérialisme étasunien et infligeant un camouflet à la conscience du monde par ce message cynique : ce ne sont tout de même pas nos propres lois qui vont nous interdire de garantir l’impunité de nos terroristes !

Nous avons tôt compris ce que veut dire, dans l’argot de l’establishment étasunien - du moins quand il s’agit de Cuba - le mot « changement ». Ce n’est pas l’élection d’un président charismatique, extrait opportunément d’un secteur encore opprimé de la société étasunienne, qui pourra débrouiller l’écheveau de crimes, de génocides, d’arrogances et de bassesses autour duquel s’est tissé le psychisme de cet Empire. Pour nous, les Cinq, soumis depuis plus de dix ans à des représailles abjectes et lâches, il ne s’agit en fait que la réitération d’une antique moralité : si bas que soient tombés nos ravisseurs, ils sont capables de nous prouver une fois de plus qu’ils peuvent tomber encore infiniment plus bas. Pour nous et pour nos familles, n’importe quel moment serait trop tardif pour qu’on nous rende justice. Mais il le serait aussi pour les peuples autochtones décimés ; pour les pays dont on a usurpé les territoires ; pour les millions d’êtres humains incinérés sous les bombes incendiaires ou faits disparaitre par des dictatures complices, ou torturés sous les conseils d’officiers yankees, ou massacrés autour du monde par la soif de gain des transnationales. Il est trop tard pour faire justice aux milliers de victimes du terrorisme contre Cuba, un terrorisme dont notre crime inexpiable est d’avoir travaillé à l’empêcher.

En comparaison de ces millions de victimes, d’enfants innocents de tous âges, de citoyens de toutes races et de toutes convictions, convertis dans les circonstances les plus dissemblables et les plus ordinaires, en « dommages collatéraux », d’êtres humains privés du droit à la vie le plus élémentaire dans la sécurité de leurs foyers, au sein de leurs familles ou arrachés brutalement et sans préavis à leur quotidien, nous avons du moins de la chance, nous les Cinq ! Nous sommes cinq soldats qui occupons, conscients et fiers, une tranchée, qui avons choisi de nous dresser pour quelque chose plutôt que de mourir pour rien, vivants miroirs de la morale d’un peuple qui renvoie à l’ennemi, bouffi d’impuissance et de rage, sa propre carence de valeurs, sa pauvreté d’esprit, la fragilité de l’image qu’il se fait de lui-même et toutes ses misères. Nous sommes cinq révolutionnaires cubains que l’ennemi ne pourra jamais faire plier et qui devra souffrir jour après jour l’humiliation de son incapacité à comprendre pourquoi.

Pour les peuples du monde entier, le cynisme de ce procès vient réitérer une vieille leçon : nous faisons face à un Empire qui ne reculera devant aucun crime s’il pense pouvoir bénéficier de l’impunité. Rien ne lui servira de frein, ni motif moral ni clameur universelle, sauf le prix que lui coute la résistance.

Vous voyez Monsieur le Président la détermination et la loyauté des Cinq à travers
la lettre d’un homme libre, même s’il est physiquement en prison. Une lettre dure, mais très douce en comparaison de ce qu’ils ont vécu, et de ce qu’ont vécu bien des peuples que les Etats-Unis ont voulu soumettre par la force.

Vous devez libérer sans attendre ces cinq cubains, il y va de l’honneur de votre pays.

Croyez, Monsieur le Président, en mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie,
XXXX
( France)

Copies à  : Mesdames Hillary Clinton, Nancy Pelosi, Messieurs Harry Reid, et M. l’Ambassadeur des USA en France.

URL de cette brève 524
https://www.legrandsoir.info/cinq-de-miami-lettre-du-mois-au-president-obama-524.html
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