Monsieur l’Attorney General Eric H. Holder
U.S. Department of Justice
950 Pennsylvania Avenue, N.W
Washington, DC 20530-0001
Lundi 1er juin 2009
Monsieur l’Attorney General,
Cinq hommes, cinq Cubains : Fernando Gonzalez, Antonio Guerrero, Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et René Gonzalez sont emprisonnés aux Etats-Unis depuis maintenant dix ans et neuf mois. Les épouses de Gerardo Hernandez et René Gonzalez n’ont pu à ce jour obtenir le visa de votre pays pour aller voir leurs maris.
Dans cette lettre, je vais céder la parole à l’un d’entre eux, Gerardo Hernandez, qui a eu un entretien téléphonique avec le réalisateur Saul Landau en mai dernier.
A ce dernier qui lui demandait s’il avait un message pour Washington, voici la réponse de Gerardo Hernandez :
"Oui. Si je pouvais je dirais : "si nous sommes coupables de quelque chose ce serait uniquement d’avoir fait ce que de nombreux patriotes américains font en ce moment, ceux qui sont dans les montagnes de Tora Bora en train de chercher des informations sur Al Qaeda, afin que les actes commis le 11 septembre ne se répètent jamais.""Je suis sûr que ces gens se considèrent comme patriotes. C’est exactement ce que nous faisions ici : collecter des informations en Floride pour empêcher des actions terroristes contre Cuba. Le terrorisme contre Cuba n’est pas une abstraction. Ceux qui en sont morts ont des noms et des prénoms ; des actes organisés en totale impunité ici sur le territoire des Etats-Unis. Notre seul crime est le même que celui commis par de jeunes Américains qui reçoivent des médailles pour ça. C’est donc un paradoxe : un pays en guerre contre le terrorisme héberge des terroristes [Luis Posada Carriles et Oralando Bosch] ; et ils sont même glorifiés."
"J’aimerais aussi que les Etats-Unis comprennent ceci : Cuba est un pays libre et souverain. Il a le droit de choisir sa propre voie, de forger sa propre destinée, avec son propre système. Que ça plaise ou non, c’est à nous les Cubains de décider de quelle société nous voulons. Si nous avions la paix nécessaire pour construire notre système social comme nous en avons toujours rêvé, les choses seraient différentes aujourd’hui. Nous serions beaucoup plus avancés. Malheureusement, nous n’avons pas eu cette paix. J’espère que le jour viendra où les Etats-Unis comprendront que cette petite île, situé à 90 miles, a le droit de choisir sa propre destinée. Je crois que ce jour viendra comme viendra celui où nos peuples respectifs se sentiront plus proches, dans un repsect mutuel."
[traduction Le Grand Soir du texte original en anglais]
Tout est dit dans ces quelques phrases, et j’espère que ces cinq Cubains seront maintenant libérés rapidement.
Croyez, Monsieur l’Attorney General, à mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
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(France)
Copies à : Monsieur le Président Obama, Mesdames Hillary Clinton, Nancy Pelosi, Messieurs Harry Reid, et M. l’Ambassadeur des USA en France.