PARIS, 12 jan 2009 (AFP) -
Près de 90 organisations, essentiellement françaises et beaucoup pro-palestiniennes, vont déposer mercredi devant la Cour pénale internationale (CPI) une plainte pour "crimes de guerre" visant l’offensive israélienne à Gaza, ont annoncé lundi à Paris les instigateurs de la démarche.
Après que des centaines de milliers de personnes ont manifesté en France depuis le début des attaques d’Israël, des associations ont voulu porter la mobilisation "sur le terrain du droit et de la justice pour éviter toute instrumentalisation et tout dérapage", a affirmé Mouloud Aounit, président du Mrap lors d’une conférence de presse.
Une première version de la plainte, "au nom d’une centaine de mandants" sera déposée dès mercredi devant le procureur de la CPI, "avec la possibilité de la compléter avec d’autre organisations, notamment des ONG et des humanitaires sur le terrain à Gaza", a dit Me Gilles Devers, l’avocat lyonnais qui a rédigé le document.
Pour lui, le "crime de guerre" est caractérisé par le caractère disproportionné de l’attaque israélienne, par la proportion de victimes civiles et le fait que des biens civils sont visés.
Une délégation, comprenant notamment le Mrap, l’Union juive française pour la paix (UJFP), le collectif Résistance Palestine, s’est rendue en fin de journée à l’Elysée pour y déposer une requête au président de la République.
Elle demande à Nicolas Sarkozy de saisir d’une plainte d’une part le Conseil de sécurité des Nations unies, d’autre part le procureur de la CPI "pour des faits de crimes de guerre commis sur la terre palestinienne, à compter du 27 décembre 2008".
"Alors que des tensions communautaires -qui nous posent problème- commencent à s’exprimer", on ne veut pas d’un Sarkozy qui dise "je suis l’ami des Juifs ou des Arabes", on veut que Sarkozy nous dise "je suis l’ami du droit et de la justice" ", a soutenu Abdelaziz Chaambi, du collectif Résistance Palestine.
Pour M. Aounit, cette plainte "ne relève pas que du symbole", c’est un "acte salutaire de conscientisation" et s"’il devait y avoir des tergiversations technico-politiques, cela donnerait l’impression qu’il y a deux poids et deux mesures".
"Je préfère des espaces publics où la colère des populations des quartiers peut s’exprimer de manière collective plutôt que des actes isolés comme brûler des voitures", a-t-il ajouté, au lendemain de l’attaque aux cocktails Molotov de la synagogue de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Par ailleurs, les associations réfléchissent à la meilleure voie pour intenter, sans doute la semaine prochaine, une action en justice devant le tribunal de première instance de l’Union européenne pour dénoncer un accord adopté le 8 décembre dernier entre l’UE et Israël, qui fait de ce pays un partenaire privilégié.