C"˜est un faux patriote à béret basque qui parcourt le village avec un porte-voix pour vous dénoncer : vous auriez vendu du beurre au boches et vous avez dit bonjour à la boulangère dont le fils est dans la milice. Bref, vous êtes avec les schleus.
Alerté, vous lui demandez calmement de rectifier : pour le beurre, c’est faux ; pour la boulangère, soit, et alors ? C’est interdit ? Lui-même... Mais pour le reste, vous êtes dans les FFI et voici des témoins.
Ceux-ci (et d’autres braves gens) grondant devant les calomnies du faux patriote, il confesse à voix basse qu’il s’est un peu trompé, mais que pour la boulangère, la preuve est faite et qu’il faudrait ajouter le boucher (collabo) et l’échotier (national-socialiste) de « Terre de France ».
Certes, vous n’êtes pas antisémite. L’accusation n’a jamais été formulée ainsi ; il a simplement été dit que vous méritez d’endosser la chemise brune des SA, l’organisation paramilitaire du parti nazi qui porta Hitler au pouvoir.
Et puis, vous avez été au moins imprudent dans vos fréquentations et vos propos. Un jour à midi, vous avez dit : « Fait chaud ! », ex-ac-te-ment comme venait de le faire le speaker de « Radio Clocher », vendu à l’occupant.
Bref, l’affaire est entendue : si vous ne parvenez pas à confondre fissa le sycophante, vous serez pendu à un croc de boucher et votre femme tondue. A moins que la Résistance ne parvienne à nettoyer votre village des miliciens de tous poils : ceux qui, par imbécilité, sont dévots de Pétain et les vénaux vendus à Berlin.
Théophraste R (« Entrrrre iciiii, Jean Moulin, et que sortent les margoulins, les anti-fafs en peau de lapin, la police de Vichy et les chapeaux mous de McCarthy »).