Dans la lignée du processus de Bologne lancée en 1999, la réforme de la « Ley 30 » (loi n°30) vise à renforcer le désengagement financier de l’Etat dans l’Enseignement supérieur. Les ressources publiques ne représentent déjà que la moitié du financement de l’université et les étudiante-s de Colombie ont déjà actuellement beaucoup de difficultés à y accéder. Seulement une minorité peut en effet envisager un parcours universitaire dont une bonne partie a recours à des prêts bancaires ! Alors que les manifestations massives se multiplient comme durant la journée du 12 octobre qui a réuni dans 23 villes du pays plus de 200 000 manifestant-e-s, étudiant-e-s et travailleur-euse-s, que des dizaines de milliers d’étudiant-e-s s’organisent depuis plusieurs semaines pour le retrait de la Loi 30 sous un mot d’ordre clair : « pour une Éducation gratuite, publique et de qualité », la répression s’abat férocement causant la mort d’un étudiant en médecine à Cali et de nombreux-euses blessé-e-s et arrestations. Depuis cet événement démenti par les médias et la presse française, des manifestations de solidarité ont lieu un peu partout en Colombie. La FSE dénonce l’infiltration d’agents de police dans les actions dont le but est de légitimer la répression et la criminalisation du mouvement par le gouvernement qui accuse les manifestant-e-s d’être en lien avec les guérillas insurgées contre le pouvoir.
Réunis les 20 et 21 août lors de la « Mesa Amplia Nacional Estudiantil » (coordination étudiante au niveau national), les étudiant-e-s colombien-ne-s entendent bien poursuivre cette mobilisation ! Sergio Fernandez, porte-parole de l’Organisation Colombienne des Etudiant-e-s dénonce le fait que cette réforme « avance clairement vers la privatisation de l’enseignement supérieur ». Partout dans le monde, les gouvernements utilisent les mêmes arguments : l’université serait responsable du chômage et les mauvais choix d’orientation, de l’échec scolaire ! Du coup, pour permettre aux étudiant-e-s de trouver un travail, patronat et gouvernements main dans la main entendent « professionnaliser toutes les filières » soit laisser l’Université prendre en charge de plus en plus l’intégralité de la formation professionnelle qui incombait auparavant aux entreprises. Tout d’abord, ce n’est en aucun cas l’université qui est responsable du chômage mais bien le système économique dans lequel nous vivons qui favorise les emplois précaires, la casse de nos acquis sociaux et qui détruit la valeur des diplômes. Ensuite, si l’échec à l’université est aussi important, c’est bien parce que la précarité étudiante bat son plein.
La FSE refuse les différentes orientations contenues dans les traités européens et internationaux qui portent atteinte au service public de l’éducation, qui remettent en cause la gratuité des études, qui renforcent la sélection sociale et les discriminations et qui instituent la rentabilité et la marchandisation au détriment de la qualité des enseignements et de la reconnaissance des diplômes !
Solidarité avec le mouvement étudiant colombien qui est le nôtre !
Contre le processus de Bologne qui organise la soumission de l’enseignement supérieur aux intérêts du capital !
Pour une université ouverte aux étudiant-e-s issu-e-s des milieux populaires !
Publié le 29 octobre 2011,
Fédération Syndicale Etudiante