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Barak Obama à Cuba. De Peuple à peuple ?

Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, un vent de panique souffle sur le monde du tourisme : « Vite, allez à Cuba avant que l’invasion étasunienne ne sature Varadero, ne rafle les places du Tropicana, les tables du Tocororo, les chambres du Habana Libre, du Nacional et du Presidente ». Parmi les derniers assouplissements annoncés par le Département du Trésor (1) avant l’arrivée dans l’ile d’Obama (20 au 22 mars), une mesure devrait rassurer : jusqu’ici autorisés dans le cadre de missions d’échange pour quelques professions ( fonctionnaires, hommes d’affaire et industriels, journalistes, artistes et athlètes, enseignants et scientifiques), les visites individuelles seront désormais légales. « A la condition, précise le communiqué, qu’elles soient consacrées à temps complet à des activités d’échange éducatif destinées à améliorer le contact avec le peuple cubain, à appuyer la société civile de Cuba ou à promouvoir l’indépendance du peuple cubain vis à vis des autorités du pays ».

Le communiqué réitère cependant un interdit : « L’interdiction des voyages touristiques demeure ». Soulagement. Nous allons, nous Européens, profiter encore longtemps des charmes touristiques de Cuba en nous gaussant des petits monstres suants, qui comme les recruteurs de sectes, vont tenter de convertir à tous les coins de rue le peuple cubain. Lequel, le plus bête, le plus inculte du monde (n’en déplaise à tous les indicateurs de L’ONU) les écoutera, la mâchoire tombante et l’œil enfin allumé, vanter les bienfaits du monde libre et de l’American way of life.

L’injonction laisse penser que l’Administration désespère devant les résultats nuls obtenus

par radio et télé Marti et cette prétendue opposition interne qui s’empoigne, en ce moment à La Havane, pour savoir qui sera reçu et adoubé par Obama, qui remportera donc les subsides du boss. L’affaire en vaut la peine : il en coûte des millions de dollars aux contribuables (25 millions par an pour les seules radio et télé Marti).

Reste que la morgue de l’empire n’a d’égale que son incommensurable bêtise. Comment vont procéder les fonctionnaires du Trésor pour contraindre chaque Etasunien à devenir un agent séditieux sommé de creuser un fossé entre chaque cubain et son gouvernement légal ?

En échange de ce service, le Trésor vient d’allonger la liste des Droits de l’homme accordés à ses sujets : ces derniers, auront désormais un droit jusqu’ici interdit : celui, « lorsqu’ils voyagent en Europe, d’acheter et de consommer de l’alcool ou du tabac d’origine cubaine ». Ils pourront dorénavant s’asseoir à une table de café à Paris pour y boire un Mojito et fumer un Cohiba sans s’exposer à une amende. Les organisations des Droits de l’Homme qui n’ont pas souvent l’occasion de rire devrait saluer l’événement.

Trois millions de touristes ont visité Cuba l’an dernier. Parmi eux 300 mille Français qui ont pu vérifier sur place la fameuse objectivité du journal le Monde qui, lors du voyage de François Hollande, désignait le pays comme « l’une des dernières dictatures communistes de la planète ».

Les chiffres du premier trimestre 2017 indiquent que le record de visiteurs sera battu cette année. Preuve que le gouvernement cubain ne redoute en rien les contacts de « peuple à peuple ». Il les a découverts longtemps avant qu’Obama ne feigne de les inventer pour les pervertir. A la manière cubaine, civilisée et respectueuse des relations entre Etats souverains, le contact devrait signifier échange, débat, compréhension et enrichissement mutuel. A la manière du président Obama, il ne serait qu’un exercice de persuasion qui verrait le super héros étasunien convaincre l’autre, le Cubain, de passer à la sédition. L’Administration, forcée de reconnaître que plus de cinquante ans de blocus et d’agressions en tous genres n’ont pas fait plier Cuba, devrait être payée pour savoir que ce pays ne se caractérise pas par le plus grand nombre de ventres mous au mètre carré. Beaucoup de déconfitures à venir pour les grands bêtas qui prendront à la lettre ses recommandations ?

Maïté Pinero

1) https://www.treasury.gov:press-center-releases

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