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Balkanisation de la RDC : le silence du gouvernement inquiète/le plan déjà en marche

La balkanisation du Congo est banalisée et pourtant elle est bien en marche. Du côté du gouvernement, l’on ne sent pas encore l’impulsion nécessaire qui puisse attester qu’il travaille réellement à empêcher la partition du pays.

Il y a une quinzaine d’années, des voix avaient mis les Congolais en garde contre un plan de l’Occident visant la balkanisation de la RDC. Et depuis que le Kivu est à feu et à sang, des ONG de défense des droits de l’homme et l’Eglise catholique se sont relayés pour appeler la classe politique et le peuple congolais à la vigilance. Autrement dit à prendre conscience du péril qui se profilait à l’horizon.

Tout récemment, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a fait entendre de nouveau sa voix, se disant « profondément préoccupée » par la situation dans l’Est de la RDC. Elle a stigmatisé le fait que des milliers de Congolais continuent à tomber du fait de ce conflit armé et que des populations condamnées à l’errance dans des conditions inhumaines, des enlèvements d’enfants et leur enrôlement de force dans des groupes armés.

Les prélats craignent que « ces guerres récurrentes dans la région de l’Est et du Nord-Est ne deviennent un paravent pour couvrir le pillage des ressources naturelles et ne soient une manière de concrétiser le plan de balkanisation du pays par la création des Etats nains ».

De passage mercredi à Goma où il est allé s’enquérir de la situation humanitaire dans le Nord-Kivu, le ministre britannique des Affaires africaines, asiatiques et des Nations Unies a interpellé le gouvernement congolais. Il a insisté sur les responsabilités de l’Exécutif national relativement à ses prérogatives constitutionnelles. Et par rapport à la situation actuelle dans le Nord-Kivu, Mark Malloch Brown a fait savoir que « Le retour de la paix dans cette partie de la RDC est avant tout un problème du gouvernement congolais ».

Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que le gouvernement ne fait pas assez en ce qui le concerne pour juguler la mise en marche de la partition du pays. Le Premier ministre a fait des dénonciations mais elles sont restées lettres mortes. Pas de sanctions à l’endroit de ceux qui ont démotivé des troupes au front.

C’est un silence qui inquiète. Quand bien même l’on noterait par-ci par-là quelques déclarations timides. Cependant, d’autres membres de l’équipe Muzito se réfugient dans un silence tout aussi troublant. Est-ce pour rééditer la marche de l’AFDL qui, en arrivant à Kinshasa, a trouvé un comité d’accueil dont faisaient partie quelques femmes et hommes au pouvoir à l’époque ? Difficile de répondre par l’affirmative pour l’instant.

Or, il est attendu de l’Exécutif national des actions et des initiatives dignes de mobiliser les masses populaires face à la menace qui pèse sur l’intégrité territoriale de leur pays. D’aucuns mettent le gouvernement au défi de démontrer sa volonté à faire échec aux ennemis du Congo et à leurs commanditaires.

Il est vrai que le diplomate britannique tient au retour la paix au Congo en rassurant sur l’appui de son pays à la RDC. Mais, contrairement aux différents appels à l’aide ou au secours lancés par les Congolais, Mark Malloch Brown rappelle que la paix n’est pas seulement un problème des Britanniques, des Européens ou de la communauté internationale. « C’est aussi un problème du Kivu et du gouvernement de la RDC », a-t-il relevé sans s’empêcher d’indexer aussi le Rwanda.

Mark Malloch Brown est d’avis qu’il faut arriver à déceler une manière qui permette de presser tous les acteurs locaux à trouver et accepter la paix. Aussi a-t-il dans la foulée, fait état du soutien de la communauté internationale à la médiation de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo dans la crise du Nord-Kivu.

DES INTERROGATIONS SANS REPONSES

Aujourd’hui, quatre ans et cinq mois après l’occupation militaire de Bukavu (Sud-Kivu) par le général déchu à la tête de 4.000 soldats qui lui étaient fidèles, le gouvernement n’a toujours pas donné les raisons de la non exécution du mandat d’arrêt international qu’il avait décrété en 2004 contre Laurent Nkunda.

De même, on ignore encore les motivations à la base de la liberté de mouvements dont semblait jouir l’officier mutin à Goma alors qu’il était censé être « en fuite ». Au vu et au su de toutes les autorités politico-militaires du Nord-Kivu et du pays !

Des interrogations demeurent aussi sur d’autres points d’ombre, dont les « négociations » de Kigali ayant abouti aux opérations de « mixage » de cinq brigades regroupant des soldats de l’armée régulière et des éléments fidèles à Nkunda. En violation flagrante du principe de « brassage » des forces ex-belligérantes convenu au Dialogue intercongolais en 2002-2003.

Des observateurs font savoir que l’opération de balkanisation de la R.D.C devrait paraître aux yeux des Congolais comme à l’opinion internationale comme une voie obligée pour sortir de la crise. D’où, l’accroissement de la souffrance faite aux Congolais par des milices à la solde des concepteurs du projet pour que les Congolais, du fond de leur gouffre, acceptent l’inacceptable pour leur survie.

L’échec de la pacification de la RDC serait perçu dans l’opinion congolaise comme l’échec de l’ONU et de ce qu’on appelle communauté internationale.

Balkanisation de la RDC : le plan déjà en marche

La RDC possède d’énormes richesses convoitées par des puissances étrangères. Lesquelles puissances financent des conflits armés en vue d’accéder frauduleusement aux matières premières. Un plan de balkanisation du pays est en voie d’être exécuté. D’où l’obligation de le décourager.

La République démocratique du Congo regorge d’énormes richesses tant du sol que du sous-sol. Ce privilège qui devrait permettre aux Congolais de vivre dans de bonnes conditions est plutôt la cause majeure de leur calvaire. Cela est d’autant vrai dans la mesure où, des conflits armés enregistrés jusqu’à présent en RDC ont des visées économiques. Pour accéder frauduleusement aux matières premières du pays, les fabricants d’armes et autres multinationales financent les conflits armés au Congo. Des conflits qui débouchent sur l’exploitation illicite des richesses de la région visée par les seigneurs de guerre. Une autre conséquence et non des moindres de la guerre est la destruction du tissu économique du pays.

Sans oublier la perte en vies humaines et le déplacement des milliers de personnes vers les zones les plus sécurisantes. Ces conséquences néfastes de la guerre ne peuvent jamais permettre un Etat si riche soit à se développer. Car, chaque fois qu’il amorce son processus de développement, celui-ci est bouleversé par les conflits armés. Parmi les pays concernés par cette situation, figure la République démocratique du Congo.

Que faire pour décourager la recrudescence des conflits armés au Congo-Kinshasa. Telle est la question fondamentale qui mérite d’être posée au regard de l’ampleur que prend la guerre qui sévit actuellement dans l’Est du pays.

Depuis plusieurs années, la partie orientale de la RDC est en proie à l’insécurité récurrente. Plusieurs groupes armés soutenus par des pays voisins du Congo et étrangers ont, plus d’une fois, attaqué les deux Kivu ainsi que la province Orientale. Pas plus tard qu’il y a quelques mois, d’intenses combats entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les troupes loyalistes, ont causé beaucoup de dégâts au Nord-Kivu.

PRENDRE CONSCIENCE

Curieusement, ces hostilités sanglantes sont intervenues après la signature de l’Acte d’engagement de Goma. Lequel Acte a exigé de tous les signataires d’observer un cessez-le-feu immédiat. Une résolution foulée aux pieds par le mouvement politico-militaire de Laurent Nkunda.

Pour mettre un terme à cette guerre, plusieurs médiateurs étrangers et africains sont descendus à Kinshasa et au Nord-Kivu, en vue de trouver une issue négociée à la crise. Tous recommandent aux acteurs impliqués dans la crise de respecter les engagements pris, lors de la Conférence tenue en janvier 2008 à Goma. En dépit de cette recommandation, le langage des armes est encore de mise au Kivu. Les déclarations de Nkunda et les investigations menées par de nombreux chercheurs tant africains qu’étrangers ont démontré que l’actuelle guerre du Kivu poursuit un objectif obscur.

Il s’agit d’un plan visant la balkanisation de la RDC. Les tenants de cette thèse expliquent cela à travers un argumentaire qui ne suscite pas de doute. Ils parlent de l’or, du coltant et tant d’autres matières premières recherchées ce dernier temps sur le marché international. Ces matières qui se trouvent en grande quantité dans l’Est du Congo seraient à la base de la crise sécuritaire qui sévit au Nord-Kivu.

Face à une telle situation, toutes les institutions de la République doivent se mobiliser pour décourager tous les plans tendant à balkaniser la RDC qui doit demeurer une et indivisible. Il en est de même pour la communauté internationale, appelée à tout mettre en oeuvre afin de sauver le Congo de cette aventure.

Par Albert tshiambi

© Copyright Le Potentiel

http://www.digitalcongo.net/article/54950#

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