juillet 2003
Le vote du Parlement Européen sur la traçabilité des OGM est un pas de
plus vers la levée du moratoire, levée qui profitera exclusivement à
l’industrie agro-alimentaire et aux multinationales semencières. En 1999,
les ministres européens de l’environnement avaient conditionné la levée du
moratoire à l’établissement de règles strictes relatives à l’étiquetage et à
la traçabilité. Une autre condition, oubliée depuis, concernait
l’établissement d’un régime de responsabilité pour les entreprises
productrices d’OGM.
Le moratoire a été décidé suite à une opposition européenne aux OGM
massive et constante, caractérisée notamment par des campagnes d’arrachages
de parcelles d’essais.
Début juillet, la nouvelle réglementation abaisse le seuil de
contamination fortuite d’OGM dans l’alimentation de 1% à 0,9%... En dessous de
ce seuil, un produit alimentaire ne sera donc pas considéré comme
génétiquement modifié. En d’autres termes, même en quantité infinitésimale,
les européens vont manger des OGM, alors qu’ils n’en veulent pas. Mais
au-delà , ce seuil ne sera-t-il pas augmenté, dès que l’opinion se sera
habituée à leur présence ? De même cette traçabilité ne reste-t—elle pas
factice, en l’absence d’une banque mondiale de toutes les amorces de gènes
modifiés ? En effet, sans elles, il est impossible de détecter et
d’identifier la présence d’OGM. Enfin, si cette obligation d’étiquetage
intègre désormais l’alimentation animale, elle exclut encore les produits
issus de ces animaux nourris avec des OGM (lait, oeuf, viande).
Ce vote restera un leurre tant qu’un régime de responsabilité basé sur
le principe « Pollueur-Payeur » ne s’exercera pas. L’adoption de la règle
« Qui contamine son voisin, doit l’indemniser du préjudice qu’il subit » par
la France mettrait les paysans à l’abri de contamination ou leur permettrait
au moins d’être indemnisés en cas de pollution génétique. Or, comme les
paysans de l’Aveyron ont pu le constater, actuellement aucune compagnie
d’assurance ne veut les assurer contre ce risque. En revanche, des
productions françaises ont d’ores et déjà été déclassées pour cause de
contamination.
Cependant, malgré l’autorisation de mise en culture de plusieurs
variétés transgéniques, les agriculteurs français n’en cultivent pas. Donc,
même si le moratoire est levé, c’est-à -dire même si de nouveaux OGM sont
autorisés, on ne verra pas subitement des myriades de champs transgéniques
fleurir. Il appartiendra aux consommateurs d’exiger des produits exempts de
tout OGM afin de faire vivre le moratoire jusque dans leurs assiettes.
Source : www.infogm.org