http://www.legrandsoir.info/la-conception-religieuse-de-la-politique-est-surannee.html
Le point d’accord avec Ghaleb Bencheikh
L’auteur de cette intervention dit en substance que la religion n’a à s’occuper que de ses affaires, c’est-à-dire du royaume des Cieux. Qu’on en juge par cette formule, qui la contient tout entière : « L’aspect formel et technique de l’organisation de la Cité est une entreprise neutre exclusivement humaine ».
C’est effectivement la seule position de principe recevable.Toute autre démarche intellectuelle n’a pour effet, voulu ou non, que de faire passer subrepticement, au nez et à la barbe de l’athée et matérialiste le plus convaincu l’obscurantisme religieux dans le domaine ici considéré de la politique, comme elle a pu le faire dans celui, mémorable, de la philosophie des sciences auquel le titre du présent article essaie de faire allusion.
Un rappel des bases de la politique moderne
Depuis Locke, Montesquieu et les Lumières, la séparation des pouvoirs ( législatif, exécutif et judiciaire) est le principe des démocraties représentatives. Selon ce principe, les religions n’existent pas.
Les religions, sous leur forme profane c’est-à-dire en tant qu’association d’individus, n’ont donc aucun pouvoir.
Cependant, elles existent en tant que groupes de pression comme les lobbies, les diverses associations, la presse, etc.
Où la faiblesse d’un seul devient un poison pour tous
La faiblesse théorique de l’auteur de l’article ( qui va sans doute aussi loin qu’on puisse aller de son point de vue) réside dans le fait que sa pensée évolue dans ce qu’il définit malgré tout comme « la relation triangulaire entre la démocratie, la religion et les droits de l’homme ».
Il introduit donc la religion en contrebande au niveau des principes ; ce qui rappelle au lecteur combien il est difficile pour l’esprit religieux même le plus avancé, de ne s’occuper que de ce qui le regarde : le Ciel et la Vie éternelle, sans chercher à les séculariser.
C’est exactement ainsi qu’on fait passer la croyance au nez et à la barbe de l’athée et matérialiste distrait et qu’on l’embarque dans des discussions où le principe religieux est admis a priori.
Il appartient aux croyants de se débattre dans leurs contradictions idéologiques, et aux athées matérialistes militants de bien marquer et les frontières, et leurs transgressions par l’obscurantisme religieux.
Conclusion
Puissent les athées dans le domaine de la religion et matérialistes en philosophie suppléer la faiblesse de cette critique par la critique de sa faiblesse. Ce qui ferait passer la réflexion au stade supérieur du matérialisme dialectique .
Notes. Quelques objections et les réponses qui leur sont apportées.
Dans l’article cité (de l’Huma), la contribution de M. Wievorka est intéressante. Elle a au moins le mérite de remettre à la base "la structure", les conditions matérielles de production avant de citer les superstructures qui en découlent de fait, et les process de réification.
R. Certainement, mais ce qui retient ici l’attention, ce sont les efforts des islamologues pour moderniser la religion, et les pièges qui sont tendus à ceux qui les suivent de trop près dans leurs intentions.
Les religions ont eu dans le passé un rôle organisateur, voire émancipateur. Il ne faudrait pas l’oublier, au moment où les traditionalistes prétendent les cantonner à leur aspect réactionnaire. Le clivage n’est pas entre religions et convictions non-croyantes, mais entre humanistes (croyants ou non) et traditionalistes (croyants ou non).
R. Le clivage le plus profond de la société est entre possédants et exploités.Retour ligne automatique
La philosophie des bourgeois adore les catégories : Homme et Femme , aujourd’hui : le Genre, ce qui lui permet de théoriser jusqu’à l’horizon des bons sentiments sur l’humanisme, le féminisme, et le reste, en escamotant la réalité de la condition humaine.
La religion est structurante du groupe, elle est donc par nature politique ! Et il faudrait voir si dans les régimes athées du "matérilsime diclectique" (sic !), la politique ne devient pas une religion ! Régis Debray a dû pas mal disserter sur le sujet, sauf erreur..
R. Que les religions soit une affaire politique, dans la mesure où elles concernent des millions d’hommes, c’est incontestable et le présent article apporte une confirmation de ce fait.
La question ici posée est la suivante : doit-on admettre la pensée religieuse dans le champ de la philosophie politique, ou au contraire bien marquer les lieux où elle vient s’immiscer ?
La question est d’ailleurs la même en ce qui concerne la philosophie des sciences où la religion cherche à pénétrer par mille subterfuges.