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Le Sarkophage n° 16

Dans cette livraison du Sarkophage n° 16, Paul Ariès nous prend à contre-pied avec sa question « A-t-on le droit d’être conservateur ? » Il explique que « les combats populaires ont longtemps été des luttes conservatrices, au sens où il s’agissait de défendre des modes de vie, des façons de faire ou de voir traditionnelles. » L’hypercapitalisme ayant triomphé, on ne pense plus aujourd’hui qu’à soi-même. « On ne possède plus d’autres projets que sa propre survie augmentée. Trente ans de politiques destructrices du " bien commun " ont tué l’ethos plébéien dans les faits mais aussi dans les têtes. »

Étienne Rodin se demande comment « libérer le chômage ». La croissance ne crée plus autant d’emplois qu’il le faudrait pour que chacun regagne son poste. Au regard des financiers qui nous gouvernent, « la masse salariale d’une entreprise représente moins une force productive qu’une charge, d’où les obsédantes réductions d’effectifs. » L’auteur propose l’attribution d’un « revenu d’existence » afin que le chômage devienne « créateur et contributif ».

Autre prise à contre-pied, celle d’Elisabeth Martens sur « bouddhisme tibétain et gauche bobo. Elle rappelle que « l’institution bouddhique du Tibet fut l’une des plus scandaleusement cruelles », avant d’observer que « les six millions de Tibétains vivant en Chine ne désirent nullement voir le clergé bouddhiste se réinstaller au pouvoir ».

Camille Sardon (un pseudo ?) revient sur les luttes en Guadeloupe : « Chacun veut voir dans ce mouvement ce qui lui semble important. Pour les uns, c’est l’unité que le LKP a réussi à faire vivre ; pour les autres, c’est le contrôle du mouvement par la population ; pour d’autres, c’est la radicalité des actions de blocage, et la détermination ; pour d’autres encore, c’est la probité et la résolution du leader de ce LKP qui semble ne pas être corrompu comme nos politiques de gauche et nos syndicalistes. »

Romain Mathieu cherche à articuler écologie et socialisme : « Si le PS parle d’écologie, c’est sous la multitude des pressions. L’écologie socialiste est avant tout une question de rapport de force : pression externe par l’installation aussi progressive que chaotique d’un espace politique propre aux écologistes, et interne par des outsiders politiques. » Par ailleurs, l’auteur estime que « remettre en cause l’idée de production pour la gauche c’est en finir avec l’idée d’une automaticité du progrès social par le progrès économique. »

Joël Feydel (et al.) réclament une « école de l’émancipation collective » : « Oui à la création collective, à des savoirs de haut niveau créés dans des démarches de recherche afin d’apprendre tous ensemble à changer le monde en agissant sur le milieu naturel et social, à des projets collectifs qui facilitent la co-construction et l’échange des savoirs en même temps que le vivre ensemble, où l’autre est un soutien actif et non un concurrent, où la forme, le dispositif, le processus sont également objets de débat parce que participant de la formation. »

Le Sarkophage dénonce une initiative scandaleuse prise par une école maternelle de Lyon :

« Chers parents,

Votre enfant a été testé individuellement pour évaluer sa capacité à retenir le vocabulaire anglais.

Ensuite, chaque fiche dans ce livre est notée V+ travail supérieur, V travail suffisant, V- travail insuffisant. Les notes indiquent la capacité de votre enfant à suivre les cours, à participer en classe et son attention (ce jour-là ).

A partir de la grande section, des certificats de performance seront donnés aux trois premiers élèves de la classe et des certificats de mérite en conduite seront donnés aux plus responsables au niveau conduite [bonjour le français...] pendant la classe de français et d’anglais. » [Le professeur d’anglais que j’ai été pendant quarante ans s’associe pleinement à cette dénonciation d’un flicage inepte]

Pour Mireille Popelin, noter à l’école, « c’est aussi aider les classes défavorisées ». La gauche a accepté un « abaissement des exigences, qui doivent être ramenées aux " compétences de base " ; un système d’éducation qui n’est plus national mais sous la coupe de l’Union européenne qui exige une école au service de l’économie. L’abaissement des exigences facilite la formation des professeurs en démantelant les droits statutaires et en encourageant les " bonnes performances " . » Tout ceci « maintient les élèves des classes populaires dans l’échec scolaire. »

Laurent Paillard voit dans la réforme du lycée un « trompe-l’oeil » : l’autonomie, c’est la fin de la garantie pour les jeunes d’un droit égal à l’éducation sur tout le territoire. Près de 200000 postes auront été supprimés dans l’Éducation nationale en 10 ans (l’effort consenti par la nation à ses enfants a perdu 1 point de PIB de 1995 à 2007). Le gouvernement exige une « approche managériale de la direction des établissements scolaires, sacrifiant les exigences républicaines aux contraintes de gestion propres aux entreprises. »

Aurélien Bernier et Corinne Morel-Darleux veulent « tordre le cou au capitalisme vert » : « nous sommes confrontés à l’émergence d’une vision libérale de l’écologie dont nous aurions tort de sous-estimer la capacité de nuisance. Dans les mains de l’actuel gouvernement, la crise environnementale devient une nouvelle source de profits et constitue un alibi supplémentaire pour mettre en oeuvre des mesures antisociales. » En revanche, « intégrer des critères sociaux et environnementaux drastiques impulserait une transformation profonde des méthodes de production. »
Jacques Testart se demande ce qu’il y a « derrière le mur ». « L’échec programmé de Copenhague prouve que les décideurs sont très loin d’avoir des réponses à la hauteur de l’effondrement environnemental. Une des causes de cet aveuglement est la foi béate dans le progrès, condition même du capitalisme vert. […] Le leurre est devenu une pratique de gouvernement et promeut des cérémonies cathartiques pour ne rien changer tout en promettant d’écouter le peuple. »

Un vrai problème moral et politique soulevé par Philippe Breton : « Comment refuse-t-on de devenir exécuteur ? » « La désobéissance civique n’est pas le retour à l’illégalisme mais un appel à une conception supérieure du droit. […] Les situations de crime de masse, de génocides renvoient chacun, au quotidien, à la question : qu’aurais-je fait, moi, dans un tel contexte ? »

Jean-Claude Oliva plaide pour un « véritable droit à l’eau », la facture d’eau pouvant représenter près de 10% du budget des plus pauvres en région parisienne. »
Fidèle à son habitude de sophiste, Laurent Paillard envoie Éric Besson dans les cordes, lui qui souhaite un « beau et grand débat républicain. […] Besson utilise un des traits les plus marquants du sarkozysme dans son rapport au langage : se réclamer de ce qu’il veut détruire et prétendre combattre ce qu’il instaure. »

Gérard Huber réfléchit sur " Freud, l’histoire et le politique " : « La droite conduit ses combats à coups de mots-poisons : croissance, culte du travail et de la consommation. Elle développe aussi ses propres méthodologies comme l’individualisme méthodologique. [Le leader] ne domine plu par sa musculature ni par ses diverses qualités, mais parce que c’est en lui que les autres hommes déposent leurs affects, leurs désirs et leurs angoisses d’attente. »

Peut-on être écologiste et libertaire (Ronald Creagh) ? « Face à l’impasse des gauches, l’idée de changer la vie à la base connaît un certain engouement. Belle occasion de revenir sur les expériences communautaires. Écologie, libertaire et communauté sont trois des mots qui peut-être aujourd’hui prêtent le plus à confusion. »

La page santé traite de la fertilité (Pierre Jouannet) : « La fréquence de certaines pathologies, comme les allergies, les maladies métaboliques ou les cancers, augmente sans que l’on puisse toujours savoir quelle est la part respective du vieillissement de la population, de l’amélioration des techniques de dépistage ou des modifications de l’environnement expliquant les phénomènes observés. »

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