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Nouvelles de Cancun ( 6 )

LES LIMITES DE L’ARROGANCE

Cancun, Mexique, 14-15 septembre

« Merci, merci de partager notre joie » me dit un diplomate du Sénégal que
je connais bien. Il est 16 H. dimanche. Une demi heure plus tôt, j’ai envoyé
la 5e édition des Nouvelles de Cancun à l’URFIG, à Paris, pour diffusion.
Ensuite, je quitte le Centre des ONG et je retourne au Centre des
Conférences. Il y règne une atmosphère électrique. Je suis à peine entré
dans le bâtiment qu’on me remet un texte officiel de l’OMC : il annonce la
fin de la conférence. C’est la joie !

Les ministres du Brésil, du Venezuela et de l’Argentine expliquent
successivement les raisons de leur opposition résolue au projet de
déclaration ministérielle. Les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP) ont tenu bon, malgré les terribles pressions des anciennes puissances
coloniales européennes.

Cancun, c’est Seattle ! Ce que j’appelais de mes voux en conclusion de mes
« Enjeux de Cancun », parus fin avril, est devenu réalité. Et, très
important, la conférence se sépare sans avoir adopté la moindre déclaration.
Pour ceux qui voulaient marchandiser le monde encore davantage, c’est
l’échec.

Deux des principaux responsables de cet échec, Pascal Lamy et Franz
Fischler, tentent péniblement et sans convaincre d’expliquer que l’Europe
était flexible, qu’elle voulait sincèrement rencontrer les attentes des pays
en développement. Leur arrogance, qui est aussi pour quelque chose dans
l’échec, est intacte.

Mais déjà , déjà , pointe le discours que de puissants moyens de communication
vont relayer à satiété : « les premières victimes de cet échec sont les pays
en développement eux-mêmes qui ont été mal avisés d’écouter les ONG. » On
peut être assuré que dirigeants politiques et éditorialistes occidentaux
vont tout mettre en ouvre pour faire passer ce message. Comme si seuls les
pays riches savaient ce qui est bon pour les pays en développement ; comme
si l’assistance technique destinée à comprendre l’OMC, fournie par les pays
riches, par l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale, était une information
neutre
de nature à permettre à ces pays de défendre au mieux leurs intérêts. La
négociation d’adhésion du Cambodge a très bien démontré le contraire.

En réalité, l’échec incombe à ceux - Etats-Unis et Union européenne - qui
ont voulu faire passer en force un texte inacceptable. Ce texte, comme je
l’ai indiqué dans Cancun 5, convenait davantage aux USA qu’à l’Europe. Mais
il allait de toute façon dans le sens voulu par les deux puissances. Moins
loin et moins vite sans doute que ce que demandaient les Européens, mais
assurément dans la même direction.

Le grand perdant de Cancun, c’est l’Union européenne. Elle voulait tout ;
elle n’a rien. Elle s’est complètement isolée. Misant la réussite de la
conférence sur l’éclatement des solidarités qui se sont créées entre pays du
Sud, elle ne s’est trouvé aucun partenaire parmi eux. Cancun s’achève par
une catastrophique perte de crédit moral et politique de l’Europe dans le
Sud.

Dans une saine démocratie, les responsables d’un tel gâchis en tireraient
les conclusions.

A bientôt pour une analyse de fond de Cancun et de l’après Cancun.

Grand, tout grand merci à celles et ceux qui ont exprimé leur satisfaction
de recevoir ces nouvelles et apporté leurs
encouragements. Les correspondantes et les correspondants de l’URFIG
deviennent peu à peu une chaîne de solidarité pour une autre vision des
rapports humains.

Raoul Marc JENNAR

Chercheur auprès d’ Oxfam Solidarité (Bruxelles) et de l’ URFIG
(Paris-Mosset)

http://www.urfig.org

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