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Côte d’Ivoire :

Interview de Bernard Doza

« IB est victime de l’alliance des régimes du FPI et PDCI »

Bernard Doza , présenté comme l’opposant le plus virulent depuis le régime d’Houphouêt Boigny n’a vraiment pas sa langue dans la poche.
Journaliste ivoirien à paris, il est l’auteur du célèbre livre critique :Liberté confisquée, paru aux éditions Biblieurope.
Après la censure de son second livre en France(Liberté confisquée II : La fin du règne des sous préfets africains), Bernard Doza ne désarme point.
Il s’apprête à publier un troisième livre dont lui seul a le secret de la forme du contenu.

Interrogé sur la situation de crise qui secoue son pays, il répond ceci :

Kouhon Philippe :
M. Bernard Doza, bonsoir. C’est toujours un plaisir de vous entendre quand il est question de la politique africaine.
Dès le mois de novembre 2002, vous accordiez une interview à notre journal dans laquelle vous expliquiez les causes et les conséquences de ce qui a frappé votre pays le 19 septembre 2002.
Actuellement les choses semblent s’apaiser suite aux différentes compromissions.
De Marcoussis à l’amnistie en passant par la formation d’un gouvernement de réconciliation et la fin de l’état de guerre signée par les belligérants.
Quelle est la nouvelle lecture de M. Doza ?

Bernard Doza :
Je remercie votre journal, qui à chaque fois qu’il y a un rebondissement dans la crise en Côte d’ivoire , me fait l’honneur d’éclairer les Ivoiriens et l’opinion internationale.
Pourquoi juste après la première interview que je vous ai accordée, les ivoiriens ont massivement réagi ?
Sachez qu’en politique il n’y a pas de génération spontanée.
En politique, ce sont ceux qui posent les actes qui font l’histoire.
Depuis les années 80 je fais partie de ces intellectuels qui ont dénoncé la dictature qui sévissait dans mon pays la Côte d’ivoire. Aujourd’hui aux yeux de bon nombre d’ivoiriens et d’africains, je suis un leader d’opinion par rapport à la question ivoirienne à l’étranger.
Depuis les évènements du 19 septembre 2002, je suis sujet de beaucoup de rumeurs. Je fais l’économie de tout cela.
Mais permettez-moi de faire un rappelle :
Quand j’ai quitté la maison des étudiants dans le 13è arrondissement en 1999 , on racontait que j’étais à la solde d’Alassane Ouattara. La vérité est que ma chaîne de radio que j’ai intégrée depuis 1985, venait de m’octroyer une maison par le biais de 1% patronal. Et vue que ma famille s’agrandissait, j’ai dû partir de la MECI(maison des étudiants de Côte d’Ivoire).
Mais ce que je ne dis pas souvent est le suivant :
Houphouêt Boigny, en 1989, avait envoyé M. Balla Keita à paris me convaincre de rentrer dans le gouvernement. J’ai refusé ; la rencontre a eu lieu à l’hôtel Meridien paris- montparnasse. Il y avait deux témoins.
Le même Balla est revenu me voir lors de l’hospitalisation d’Houphouët en 1993. Ma réponse n’a pas varié.

Quand M. Konan Bedié a pris le pouvoir, il a envoyé M. Jean Marie Adiaffi m’inviter à rentrer dans son gouvernement. C’était en janvier 1994. Chose que j’ai refusée. En juin 1994, il a envoyé M. Osseyi Gnansou son conseiller spécial et député d’Agboville. Nous avons discuté à l’hôtel Castaglione du côté de l’assemblée nationale à paris , devant huit témoins. J’ai dit non. Car je considère le PDCI comme la vigile coloniale des intérêts français en Côte d’ivoire. Donc en tant que nationaliste révolutionnaire, il est clair que je dérange les régimes successifs du PDCI, de Guei Robert jusqu’à ce que l’actuel pouvoir de M. Gbagbo me considère comme un élément dangereux lorsque j’ai dénoncé en décembre 2000 la dérive génocidaire du pouvoir FPI. Je ne suis donc pas un homme de compromis.
J’ai toujours considéré que les organisations des sociaux démocrates qui refusent en fait la révolution nationale pour instaurer un système en accord avec le parti socialiste français(crée par Mitterrand au congrès d’Epinay) qui ne cherchent pas le développement de la Côte d’ivoire mais plutôt à adoucir la souffrance du peuple en faisant croire que la démocratie hexagonale peut s’exercer dans un pays africain sans que la question de l’indépendance réelle soit posée.
Voilà notre divergence idéologique.
Donc ce que je constate c’est que depuis le 24 décembre 1999, il y a eu un coup d’état en côte d’Ivoire. Quel pourrait être aujourd’hui le lien avec l’arrestation d’Ibrahim Coulibaly alias « IB » ?

Kouhon Philippe :
Justement je m’apprêtais à vous demander votre commentaire sur cette arrestation.

Bernard Doza :
Concernant l’arrestation d’ « IB », beaucoup de choses ont été dites ; des dépêches d’AFP aux médias français et ivoiriens en passant par des déclarations du quai d’orsay. On nous a même annoncé que des mercenaires auraient avoué d’avoir été recrutés par « IB » en vue de déstabiliser la Côte d’ivoire et de tuer le président de la république.

Pour être un observateur des rapports franco-africain, permettez-moi de poser juste une question :
Je rappelle qu’après la révolte du PDCI RDA en décembre 1949 qui a conduit jusqu’en juin 1950, la réédition d’Houphouêt Boigny en signant une lettre devant François Mitterrand dans laquelle il disait que désormais il était au service de la France, depuis cette date la Côte d’ivoire est devenue la vigile coloniale de la France en Afrique de l’ouest.
Ainsi, lorsque le 24 décembre 1999, des jeunes soldats de retour d’une mission de l’Onu en Centrafrique, devant le refus du pouvoir- Bédié d’honorer leur solde de mission, renversent ce dernier par un coup d’état, qui prend le pouvoir ? Le général Guei Robert
Les meneurs : Il y a d’un côté le sergent-chef Boka yapi, responsable de la poudrière qui au lendemain du coup d’état devient le chef des Brigardes rouges, et de l’autre côté se trouve Ibrahim Coulibaly(IB) qui prend la tête de la Cosa Nostra. Nous avons au centre, les généraux Guei Robert, Palenfo ,Coulibaly et tous ceux qui les entourent tels Fabien coulibaly, Balla keita et autres…Quelle sera la suite des évènements ?
—Premièrement on a assisté à une opposition d’ « IB » et Boka yapi. Mais seulement souvenez-vous. A la prise du pouvoir par Guei, il disait qu’il était venu jeter les bases d’une Côte d’ivoire qui n’est ni du nord, du sud, de l’est , du centre encore moins de l’ouest. Mais une Côte d’ivoire unique, une et indivisible.
« IB » ayant été perçu et agité dans l’opinion publique comme étant le porte voix de la révolte des militaires issus du Nord, devrait être opposé à Boka yapi qui lui était considéré comme le protecteur du sud et le dernier rampard du pouvoir Guei.
C’est au milieu de tout cela que le leader du FPI (M.Laurent Gbagbo) viendra jeter l’huile sur le feu. C’est lui qui ira jusqu’à tribaliser le coup d’état au lendemain de la formation du gouvernement. « Il faut qu’on nous dise si c’est un coup d’état RDR », martelait le leader du FPI, quand il a constaté un nombre important de ministres issus du nord dans le gouvernement.
Donc nous sommes en face de deux chefs d’accusations :
- les puschistes qui sont considérés, dans les journaux de l’opposition proches du FPI, dans leur grande majorité comme étant des éléments téléguidés par le RDR et l’accusation portée par le président du FPI à l’encontre du RDR au vue de la composition du gouvernement de transition militaire.
A partir de cet instant, le général Guei au lieu d’être vigilant face à certains éléments mafieux du PDCI et du FPI, va jeter dehors « IB » et toute sa bande qui composait la Cosa nostra pour soupçon d’alliance avec « l’étranger » Alassane Ouattara.
Voilà comment petit à petit on va déstabiliser pour ensuite mieux les traquer et les éliminer un à un, en réalité les auteurs du renversement du pouvoir de Bedié.
Une stratégie de liquidation de tous les coupables du coup d’état de 99 sera donc mise en place :
On commence par pousser « IB » dehors. Il se retrouve au lendemain des élections de 2000 au Burkina Faso d’où ils s’organisera avec les éléments qui l’ont suivi et y prépareront les différentes tentatives de coups d’états contre les pouvoirs successifs en Côte d’Ivoire. Quant à Boka yapi, il est porté disparu à la chute du général Guei.

Faisons une analyse :
Ceux qui ont choisi de supporter le général Guei, sont pris en otage à la chute de ce dernier à la maison de la télévision à Abidjan. Balla part sur un brancard pour le centre hospitalier de la pisam, Ahipaud sort inextrémis et se réfugie à Londres. « IB » est réfugié au Burkina , Boka se retrouve au Bénin.
Aujourd’hui en Août 2003 regardez la liste des auteurs du coup d’état du 24 décembre 99. Combien en reste-t-il ?

En 2002 qui assassine Bala Keita ?C’est un conseiller militaire dont je tais le nom, attaché à l’ambassade de Côte d’Ivoire au Burkina proche de Konan Bedié qui organise le crime.
Guei se rend donc à Abidjan où il dénonce ouvertement la trahison de la promesse faite par Laurent Gbagbo pendant les élections de 2000.

Donc Gbagbo qui savait que Guei nourrissait les ambitions d’un retour, laisse la rébellion au nord se préparer. Gbagbo qui était informé par ses renseignements généraux que depuis le mois de février, suite à l’échec de la liste d’Henriette Diabaté(RDR) où figurait Soro guillaume à Port Bouët, ce dernier avait rejoint les autres au Burkina, a expressément laisser faire les choses. Ces informations étaient reprises dans le quotidien « notre voie » ; décrivant même les boîtes de nuits fréquentées par « IB » et sa suite à Ouaga.*

En juillet 2002, après une rencontre avec les militaires , le chef de l’état lui-même affirmait dans une interview qu’ « il n’y aura pas de coup d’état ni aujourd’hui, ni dans un mois ni dans dix mois ni dans un an…) . Il a même accusé le président du RDR d’entretenir financièrement les troupes d’IB au Burkina Faso. Gbagbo était donc au courant de l’opération de déstabilisation de son pays. Mais pourquoi, en tant que chef de l’état n’a t-il pas masser des troupes militaires à la frontière du Burkina pour prévenir ce qui se tramait à l’extérieur ?
Il a donc fallu que les évènements du 19 septembre arrivent pour qu’il profite de l’invasion ….
C’est ce qui va expliquer l’assassinat du général Guei.

Mais de tout cela qui a mordu la poussière le 24 décembre 99 ? La monarchie de Yamoussoukro.
Rappelons que le commando qui a tué le général Guei a aussi exterminé tout son entourage. Ce n’est point un assassinat. C’est une opération de vengeance.
Après donc avoir liquidé Balla et Guei, il restait maintenant le tour de ceux qui l’ont porté au pouvoir.
C’est dans cette logique d’éliminations physiques que la mort subite de Boka yapi au Benin doit s’inscrire. Alors qu’au lendemain du 19 septembre 2002, il disait qu’il se ralliait au gouvernement Gbagbo.
Après donc Boka yapi, c’était le tour de Félix Doh qui malgré les accords de Marcoussis(puis qu’il était dans la logique de vengeance du général Guei) n’a pu échapper au scénario.
Dans la foulé ça sera l’aide de camp du général Guei, M. Fabien coulibaly qui sera tué au cours des évènements.
Après donc tout ce beau monde qui ont concouru à asseoir le pouvoir du général Guei, qui reste-il sur la liste du 24 décembre 99 ? Les généraux Palenfo, Coulibaly et Ibrahim Coulibaly dit « IB ».

La France qui a initié les accords de Marcoussis, se rendant compte, vu que le nord continue de frapper la Côte d’Ivoire par une rebellion qui dénonce le pouvoir d’état colonial et au sud le président Gbagbo déséquilibré, qui continue de financer des organisation de jeunes patriotes, invitera le chef de l’état à prendre Soro comme premier ministre et de nommer Blé Goudé ministre. Pour créer une sorte d’équilibre. Rien n’est fait dans ce sens.
Mais la France ne désarme pas. Puisqu’elle sait qu’à travers les accords de Marcoussis , une sorte de gouvernement d’équilibre a été mis en place jusqu’aux élections de 2005 pour que le PDCI revienne au pouvoir par la voie électorale. La question qu’elle se pose, c’est comment rééquilibrer ce gouvernement pour qu’il aille jusqu’en 2005. Quand on sait que ceux qui n’ont pas participé aux accords de Marcoussis menacent. C’est ce qui explique du côté du pouvoir, l’arrestation du chef de fil du GPP, Charles Groguhet et la reception à paris par Dominique De Villepin, le jeune patriote Blé Goudé et de l’autre côté l’arrestation d’ « IB ».
Car la tendance Soro qui commence à avoir un comportement pro gouvernemental ou pro Marcoussis n’étant pas sûr de maîtriser le clan « IB », qui pourrait venir déséquilibrer l’ordre établi par la France, tout ceci va amener le quai d’orsay à convoquer « IB » à paris où le porte parole du ministère des affaires étrangères reconnaîtra au cours du point de presse du 27 août dernier : « En réponse à une question qui a été posée au point de presse d’hier, je vous précise que M. coulibaly est entré légalement en France, en possession d’un visa délivré au consulat général de France à Ouagadougou….Je saisis cette occasion pour vous rappeler que la France est en droit d’exiger de tout ressortissant étranger en séjour sur son sol une attitude de réserve et de retenue » fin de citation.
Celui qui a participé au coup d’état de 99, qui depuis le Burkina a lancé le complot de la mercedès noire en janvier 2001, et enfin qui depuis son exil a lancé la rébellion du 19 septembre 2002, sans avoir eu le soutien des mercenaires, se voit subitement accuser de préparer un coup d’état devant aboutir à l’assassinat du président gbagbo en complicité avec des mercenaires depuis la France.
« IB » a-t-il besoin de venir jusqu’en France pour recruter des mercenaires ? Alors que du Burkina ce sont sous ses ordres que près de 40 000 militaires ont coupé la Côte d’ivoire en deux.

Les ivoiriens ne sont pas dupes. Nous sommes fatigués des manipulations. Nous avons un chef de l’état à qui a été confié un pays entier. Mais depuis septembre 2002, celui-ci est incapable repousser l’invasion et de restaurer l’intégrité territoriale. C’est ça aussi qui est la vérité.

Kouhon Philippe :
« IB » est aujourd’hui entre les mains des autorités françaises. Quelle peut être la suite des évènements ?

Bernard Doza
La suite est simple. « IB » n’a pas compris qu’en posant avec ses amis, l’acte du renversement du pouvoir Bédié qui était celui de la France, venaient de poser un acte symbolique fort.
Faire une telle opération et veni,r quand bien même convoqué par la France à paris était l’erreur à éviter. C’est un piège qu’ il n’a pas su déjouer. En outre pour quelqu’un qui est venu recruter des mercenaires, on comprend mal qu’il puisse accorder des interviews à des médias de la place et paraître à la télé.
Ce qui me frappe dans cette arrestation , c’est la présence d’un baoulé parmi les hommes arrêtés avec « IB » à l’hôtel et un autre baoulé dans le groupe de mercenaires arrêtés à l’aéroport Roissy Charles De gaule. Et comme par hasard les deux baoulés viennent d’être libérés alors que le groupe de mercenaires arrêtés à l’aéroport venait d’avouer à la justice française qu’il avait bien été recruté par « IB ».No comment.

Kouhon Philippe :
Quelles pourraient être les conséquences de l’arrestation d’ « IB » vis à vis du processus de Marcoussis ?

Bernard Doza
« IB » a été arrêté pour être retenu en France ou ailleurs mais hors de la Côte d’Ivoire jusqu’en 2005.
Remarquez que l’annonce de l’arrestation d’ « IB » n’a pas été faite ni par la DST(ministère de l’intérieur), ni par la justice mais par l’état français lui-même. C’est le ministère des affaires étrangères qui l’a annoncé. C’est curieux. Or il est su de tous que De Villepin en personne aurait reçu « IB » pendant trois heures. Mais dès lors où les discussions n’ont pas abouti (« IB » n’a certainement pu convaincre son interlocuteur), dès le lendemain on annonce son arrestation.
« IB » est donc retenu non pas parce qu’il préparait un coup d’état et voulait assassiner le président Gbagbo, mais tout simplement parce que absent à Marcousssis, il devenait menaçant pour les Marcoussards.

Kouhon Philippe :
A vous entendre, vos préoccupations ne sont pas loin de celles des « forces nouvelles ».
M.Bernard serait tenté de renchérir ce vaste mouvement de contestation qui occupe aujourd’hui la moitié du pays ?

Bernard Doza
Depuis cette crise, des gens parlent de mes accointances avec Guillaume Soro et avec Alassane Ouattara. Je profite de votre tribune pour dire officiellement que je ne connaît pas Alassane Ouattara. Je ne l’ai jamais rencontré physiquement. Je le vois à travers les médias c’est tout.
Concernant le MPCI, j’ai rencontré Soro en 99, par le biais de M.Guédé Pépé dit James Cenach. C ’était dans le bureau de ce dernier sur les Champs Elysées. Ce jour là il y avait mon ami Martial Ahipaud. Nous avons échangé. C’est là que j’ai connu Soro.

Mais après les évènements du 19 septembre 2002, c’est curieusement un ancien agent secret ivoirien que M.Gbagbo lui-même connaît très bien car c’est le même qui a été envoyé par Houphouêt en 1989 pour convaincre Gbagbo de rentrer au pays. Cet agent se nomme TAGBO. J’ai même publié dans mon livre Liberté Confisuée la photocopie du faux passeport avec lequel cet agent est rentré en France. C’est donc ce même agent que Soro une fois à Lomé , a appelé pour rentrer en contact avec moi.
Soro au bout du fil me dit : « grand frère, il faut que tu nous rejoignes à Lomé ».
Voilà la question que je lui ai posée : Pourquoi ?
Il a répondu que ma présence donnerait une dimension nationale à leur lutte. « Aussi tu avais toujours préconisé la révolution. Nous sommes en train de la faire ». J’ai dit oui.
Mais pour une révolution j’aimerais savoir le financement de l’opération. Car je ne peux pas me mettre dans une lutte dont j’ignore les tenants et les aboutissants. A défaut de venir directement à Lomé je lui est proposé que nous nous rencontrions dans un pays neutre et dès que je connaîtrai le financier, je pense qu’il n’est pas à exclure ma participation ou mon soutien. Je lui ai demandé trois billets d’avions. Il m’a dit OK. Je n’avais même pas encore reçu les billets qu’on publia que Bernard Doza a rejoint la rébellion. Le journal qui a fait cette publication a manqué d’adresse.
Cela pose la question du rôle de la presse dans cette crise. Le journaliste de L’Inter aurait dû attendre de me voir à Lomé. Car M. Konaté Sidiki(actuel porte parole du MPCI) venait d’annoncer que j’animerais avec lui le même soir une conférence de presse à Lomé. Le journaliste aurait dû attendre ce moment là avant de faire son papier. Quand Dacoury devait rejoindre la rébellion, c’est lui-même la veille qui l’a annoncé au cours d’une conférence à paris.

Je tiens à dire que le jour où je rentrerai dans un mouvement, cela ne sera pas annoncé à travers les rumeurs. C’est moi-même qui l’annoncerai officiellement à travers les médias nationaux et internationaux. J’ai vingt six ans de journalisme en France.

Kouhon Philippe :
Pensez-vous réellement à un retour de Konan Bédié au pouvoir ?

Bernard Doza
Lorsqu ’Houphouët est mort, il a été intronisé à Yamoussoukro, son neveu, fils de sa soeur Amoin et fils côté père de l’ancien ministre de l’information Amadou Tiam. Il se nomme Aziz Tiam. Et si vous avez remarqué, c’est Aziz Tiam qui fut proposé par le PDCI lors des négociations de Marcoussis pour devenir le premier ministre du gouvernement de réconciliation.
Aziz Tiam, ancien directeur des grands travaux, avait déjà été nommé avant même le coup d’état de 99 comme coordinateur du gouvernement. Il avait arraché près des 90% du pouvoir de Kablan Duncan. Il aurait été promu premier ministre si Bédié gagnait les élections de 2000.
Nous sommes donc là dans la logique de la monarchie baoulé du pouvoir..

Kouhon Philippe :
Le retour au bercail de Doza est pour quand ?

Bernard doza
Pour le moment ma fonction de journaliste me permet de rencontrer les acteurs de tout bord. Le jour que je rendrai ma carte de presse, ça sera la date de mon retour au bercail, non pas pour jouer les seconds rôles dans un quelconque parti politique en Côte d’Ivoire. Nous créerons notre propre organisation politique avec un projet de développement clair pour le peuple ivoirien.
L’Afrique a besoin de ceux qui peuvent créer des richesses et non de ceux qui pensent que gouverner c’est seulement redistribuer ce qui existe déjà .

Kouhon Philippe :
Votre mot de fin ?

Bernard Doza :
Tant que l’Houphouêtisme sera la doctrine des pouvoirs en Côte d’Ivoire, ceux-ci trouveront en face d’eux des révoltés et des révolutionnaires de tout genre…

Interview réalisée par Philippe Kouhon(journaliste à Paris)
E-mail :pkouhon@hotmail.com


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