Article qui fait réfléchir sur la langue écrite qui a tendance, je crois, à être la reproduction de la langue parlée, de sa syntaxe et de son rythme.
Mais il y a aussi une influence d’un sabir médiatique, ces phrases entendues en français de phrases prononcées en anglais (principalement)dans le doublage des films et séries TV, passés quotidiennement sur les écrans. Là , il faut s’ajuster au rythme de l’image et rajouter des mots, normalement inutiles en français mais pour "coller" aux mouvement des lèvres en anglais à l’image.
C’est dans ce problème que peut, à mon avis, se situer des formes comme : « Je l’ai connu deux ou trois ans en arrière », le "en arrière" vient fort à propos, meubler l’image qui dit "ago". Et la répétition de ces artifices, engendre des séductions de modernité et de rythme et aussi d’un style de renforcement qui est presque un pléonasme mais dont le caractère d’insistance correspond à la tendance actuelle à grossir le trait.
Souvenons nous des métissages, par exemple au Nouveau-Brunswick où les acadiens devenus anglais utilisent des formes comme "Je reviens back". Pour barbare qu’elle puisse paraître à un français de métropole formé à la langue avant les réformes ravageuses des années 70, 80, cette forme "back", par son côté rythmique ajoute au français un renforcement séduisant qui pique, je dirai presque, délicieusement l’attention.
D’ailleurs des commentateurs anglophones pourraient, j’en suis persuadé, faire état de contaminations, que dis-je, de fécondations inverses.
Doit on laisser faire, ou au contraire doit on faire de nouveau rentrer le fleuve dans ses rives ? Est-ce même possible ?
Je crois que nous pourrions nous battre au moins, pour revenir à des bases absentes (j’y suis exposé aussi par le style rythmique et quelque peu jouissif de la frappe au clavier et la hâte qu’elle induit), je parle des capitales en début de phrase et pour les noms propres, de la ponctuation, de l’orthographe et tout simplement de la frustration utile parce que courtoisie pour le lecteur qui s’appelle relecture.