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Le Sarkophage n° 13

Avec ce numéro 13, Le Sarkophage nous offre des vacances intelligentes.

Paul Ariès nous demande de « sauver l’écologie antiproductiviste ». Cohn-Bendit n’est plus que le « cache-sexe d’un capitalisme vert ». Il rêve d’une société « inévitablement de marché », veut que les machines ne s’arrêtent jamais, donc que les travailleurs soient requis le week-end. Il prône la privatisation de la poste, accepte que les jeunes soient payés moins que le SMIG pendant quelques années. Il se dit pour la limitation des dépenses publiques et se déclare hostile à un service public de télévision.
Pour Ariès, le film de Bertrand, Home, est un « produit emblématique du nouvel impérialisme culturel, celui d’un capitalisme qui n’aura de cesse d’adapter la planète, les humains et l’écologie aux besoins du productivisme capitaliste. »

Dans " La barbarie qui vient " , Alain Cuénot explique comment les multinationales, « s’implantant là où les conditions financières et fiscales sont les plus avantageuses, profitent cyniquement de la concurrence féroce que les pays les plus pauvres se livrent pour les inviter à s’installer sur leur territoire. » En Asie, chez Nike ou Reebok, « refuser des heures supplémentaires est un délit entraînant un renvoi immédiat. » En Chine, Wall-Mart verse de 0,13 à 0,20 dollar de l’heure à ses salariés. Dans le monde entier, « la flexibilité devient le maître mot. La généralisation des CDD, le recours systématique aux intérimaires, l’application autoritaire du temps partiel se retrouvent dans tous les secteurs de l’appareil productif. Le déclin programmé du secteur public et ses vagues de licenciement, orchestré habilement par le FMI et l’OMC, relayés par l’UE, entraîne une croissance spectaculaire du nombre d’emplois dans les services.

Fonctionnaire international, Aperaude nous parle des « cochons de capitalistes ». Devinez qui semble être responsable de la grippe " aviaire " . « La planète vit au rythme de la pandémie grippale du virus H1N1. Pour ce que l’on en sait aujourd’hui, l’apparition de ce virus et son évolution semblent liés aux élevages industriels de porcs, aux États-Unis et au Mexique, et notamment ceux de l’entreprise Smithfield Foods [en France, Cochonou et Justin Bridou, eh oui !]. » La concentration capitaliste dans la cochonnaille se fait avec les « aides nationales de l’UE » (le nombre d’éléveurs de porcs en Roumanie a diminué de 90% en quatre ans).

Denis Sieffert explique comment on « déshumanise » les Palestiniens de Gaza. La déshumanisation est « le passage direct du peuple qui n’existe pas au peuple terroriste. » « L’accusation d’antisémitisme ou d’antisionisme voudrait aujourd’hui réduire au silence toute critique de la politique expansionniste d’Israël, qui, au cours des années 2000, est parvenu à faire oublier la nature du conflit avec les Palestiniens (la terre et les colonies) au profit d’une guerre de religions. »

Pour Philippe Pignarre, « être anticapitaliste, c’est s’opposer à la destruction ». « La facilité avec laquelle », note-t-il tout d’abord, « les hommes dits de gauche rallient la droite et le gouvernement fait désormais partie du paysage politique sarkozien. » Ce qui permet tout au capitalisme : « Il licencie massivement ? inventons des entreprises privées de réinsertion ! Il détruit les écosystèmes ? Inventons le capitalisme vert ! » La propagande aidant, « les Français sont aujourd’hui convaincus que leurs enfants vivront plus mal qu’eux » et que c’est dans l’ordre naturel des choses. Pour Pignarre, la question écologique ne vient pas « de surcroît. Elle doit être une composante de l’anticapitalisme, […] le capitalisme ayant révélé la dimension mortelle pour toute l’humanité de sa capacité de destruction. »

L’art étant plus que jamais partie prenante de la financiarisation (Alain Leduc), « une grande partie de la production dite artistique relève plutôt de l’animation, du ludique, de l’attraction. » On en est au point où Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et qui pantoufle chez François Pinault, prône maintenant, mezza voce, la disparition de ce ministère (où son passage fut lamentable).

A noter un court article de Laurent Paillard sur le Parti Socialiste. Attention, prévient-il, pour de nombreux socialistes, moderniser leur vieille maison signifie en fait adapter au libéralisme et à la mode sécuritaire, quinze ans après Blair.

Une très riche analyse d’Alain Accardo et Gérard Loustalet-Sens : " Retour sur un an de sarkozysme de crise. Immoralité capitaliste et droit sacré de la propriété " . J’ai beaucoup apprécié cette formule : « Livré à lui-même, le capitalisme ne se régule pas : il devient ultra. » Voir, par exemple, le député Marini qui suggérait d’exempter d’impôt les actionnaires ayant perdu beaucoup d’argent, et de supprimer dans le même temps la demi-part supplémentaire dans la déclaration de revenus des mères élevant seules leurs enfants. De plus, le capitalisme « dépouille le peuple de la plus grande part de sa souveraineté. » Ce que corrobore Laurent Paillard dans son analyse de l’élection présidentielle française. Elle constitue un « danger pour la démocratie, dans la mesure où elle incite les candidats à la démagogie et à la dépolitisation des problèmes sociaux. » Dans le cas de Sarkozy, dire que tout est possible « permet de ne pas dire ce que l’on veut faire, cela implique que l’on ne veut rien faire mais seulement défaire, puisque si tout est possible, alors rien n’est réel. »

Arno Münster revient sur le parcours d’André Gorz, de sa « philosophie d’un renouveau écologique et démocratique ayant pour but l’alternative socialiste et écologique au capitalisme. »

Pour Christiane Marty, il faut « inverser les valeurs pour inverser la vapeur ». Promouvoir « les valeurs de solidarité et de coopération à la place de la concurrence et de la compétition. »

« Pourquoi avons-nous peur de la nature », demande Florent Bussy ? Il faut passer de l’idée d’une nature à dominer à celle d’une nature conçue comme notre " en-dehors " . »

Isaac Joshua revient sur " La crise économique et la surconsommation américaine " . Le modèle dominant est « explosif, il aggrave les déséquilibres, repose sur un endettement sans cesse croissant et sur une épargne flirtant avec le zéro. »

Le Sarkophage lance un appel à soutien en faveur de Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, menacé de 5 ans de prison pour avoir révélé la vulnérabilité du réacteur nucléaire EPR.

Gérard Filoche s’en prend à la " Sarko-schyzophrénie " . « Son amour du travail cache un mépris des travailleurs, la haine du Code du travail, la volonté de casser les institutions qui servent encore à protéger les faibles. »

En revenant sur Pierre Leroux (1797-1871), Bruno Viard nous rappelle que « l’humanité est comme un homme qui marche… »

Enfin, Denis Collin dénonce l’illusion mortelle selon laquelle « le capitalisme ne parvient pas à développer de manière illimitée la production. »

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