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Prisonniers politiques turcs : silence de la presse

Lettre ouverte à la presse et à tous les autres Grands Démocrates Européens

Hier, 15 juillet, au millième jour de grève de la faim, près de 300 personnes s’étaient réunies dans le quartier européen à Bruxelles pour rendre hommage aux 107 prisonniers politiques turcs et à leurs proches tombés dans la résistance contre le régime d’isolement en vigueur dans les prisons de haute sécurité de « type F ».

Comme à l’accoutumée, la presse belge et internationale était quasi inexistante, préférant sans doute rejoindre la chorale macabre du silence, histoire de rassurer les autorités turques qui tremblent sur leurs assises à la moindre velléité de sympathie en faveur des grévistes de la faim.

En Turquie, le régime recourt à des lois répressives pour passer la presse sous silence. Plusieurs éditorialistes de renom ont ainsi été condamnés pour avoir brisés le tabou des prisons cellulaires de type F.

En Belgique, pas besoin de la censure. L’indifférence fait le travail.

Après tout, ceux qui crèvent dans les geôles turques, ce sont des sales gauchos, n’est-ce pas ? Alors : qu’ils meurent à coups d’électrochocs, à coups de gourdins ou par grève de la faim, qu’est-ce que cela peut f… ? Ca arrange l’Europe, ça arrange l’Amérique et ça arrange le régime des tortionnaires en Turquie. Vos patrons sont tous contents.

1000 jours de grève de la faim. Imaginez seulement un seul instant.

1000 jours. 24.000 heures. Sans manger. Sous les yeux révulsés de gardiens qui vous guettent à chaque instant, qui vous brutalisent et vous insultent à longueur de journée. Dans la solitude la plus opaque. Entre quatre murs tout blancs. Dans un univers ou tout est interdit. Dans un cycle infernal de fouilles de cellules, de fouilles corporelles humiliantes et de passages à tabac. Sous la menace constante d’être ’suicidé’. Dans des prisons portant le label ’conformes aux normes européennes’.

107 morts. Cela fait une belle petite montagne. Difficile de ne pas la voir.

Plus de 500 blessés. La plupart d’entre eux sont atteints du syndrome de Wernicke-Korsakoff. Ils ont perdu la mémoire. Des morts quoi. Mais en chaise roulante.

Et vous ne trouvez rien à dire sur un tel sujet ?

Un tel sujet ne mériterait-il pas un minimum d’intérêt ? Pourquoi donc ces prisonniers politiques souffrent-ils un tel calvaire ? Par masochisme ? Sont-ils manipulés ? Par fanatisme politique ? Ou bien parce qu’ils tentent de nous expliquer quelque chose ? Peut-être. Allez savoir ?

L’isolement qui provoque la déprivation sensorielle ou la « torture blanche », ça vous dit quelque chose ? Et le fait qu’au fond de leur cellule, ils sont à la merci de leurs gardiens ? Des gardiens, qui, aidés par les forces de sécurité, ont perpétré des dizaines de carnages dans les prisons, rien que ces dernières années.

Mais qu’à cela ne tienne, la mort lente et silencieuse des prisonniers politiques est bien plus assourdissante que ce que vous pourriez croire. Sachez que ces prisonniers, même à l’agonie, n’ont absolument pas besoin de vous, messieurs les magnats de la presse et messieurs les Grands Démocrates. Ces prisonniers ne vous demandent rien. Il n’y a pas la moindre trace de détresse dans le regard de ces résistants. Car leur choix est fait : la dignité ou la mort. Avec ou sans votre compassion. Mais sachez-le, votre bonne conscience et votre humanité en prennent chaque jour pour leur grade. Vous êtes vraiment superbes dans votre beau costume de Grands Démocrates. Comme vous, messieurs les PDG des droits de l’homme, qui régnez sur le monde du haut de votre majestueuse Commission européenne et qui ne daignez même pas accepter une petite délégation dont le seul but était ! de vous remettre un dossier traitant de la situation dans les prisons de type F. Qu’est-ce qu’on vous envie nous, les misérables Turcs en voie d’adhésion à votre Grande Civilisation !

Tayad Komite Bruxelles

190, rue Stevin

1000 Bruxelles

Tel : 02 / 230.08.66

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