RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Courant ALTERNATIF été 2009 est paru

Au sommaire :

Edito

Si l’aspect le plus visible de la démocratie est le suffrage universel, s’intéresser cette forme d’exercice du pouvoir nécessite de se poser la question : à quoi peuvent servir les élections ? A transformer un pouvoir légal en pouvoir légitime ; à valider ce pouvoir même en cas de forte abstention ; à faire croire aux votants qu’ils possèdent un pouvoir ; à affirmer que le pouvoir légal reflète la volonté du peuple ; à transformer l’individu concret en un citoyen de droit, un être abstrait et un pourcentage ; à dissimuler le pouvoir réel des partis politiques, groupes constitués pour ne défendre que leur propre intérêt ; à atomiser les individus et empêcher toute forme d’action collective car, lorsqu’on vote, on ne le fait pas comme groupe mais en tant que personne - citoyenne et seule - en cachette : l’isoloir symbolise parfaitement cet état de séparation sociale ? Remédier à ces travers suffit-il à établir une véritable démocratie ? La démocratie comme symbole idéologique possède d’autres vertus magiques ; nous ne pouvons nous empêcher aujourd’hui de nous demander s’il n’y a pas des mots qui tuent ? Et si la démocratie était une arme de destruction massive, au mieux une arme d’aliénation massive ?

En effet, c’est juste un mot qui, à travers le temps, justifie les massacres, les invasions, les bombardements, les occupations, les répressions, l’exploitation, les classes sociales, etc. Mais ce mot n’est pas seulement un mot, il recouvre tout un arsenal de structures concrètes et matérielles : les Etats, les armées, les institutions -telles que la prison, l’école, l’hôpital, le tribunal, etc. , les patrons, et aussi des intellectuels, des artistes, des psychologues, des sociologues, des experts en tout genre. Tout ce beau monde s’évertue à travailler pour nous, pour notre bien, pour nous rendre libres et nous permettre d’exercer notre pouvoir ou plus exactement libres de déléguer ce pouvoir, comme s’il nous restait un pouvoir après tous les efforts faits pour isoler, séparer, morceler, disperser chacune et chacun dans son isoloir pour y vivre et finalement voter. Le mot démocratie n’est qu’un nom générique. Il y aurait d’autres mots plus précis, plus précieux : la liberté, l’égalité, la laïcité, le progrès, le droit … Ainsi au nom de la liberté on peut interdire : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté », ou tout permettre : « je ne suis pas d’accord avec toi, mais je peux mourir pour que tu puisses exprimer ton opinion ». Au nom de la liberté on peut autoriser la diffusion d’images publicitaires sexistes ou racistes ; au nom de la laïcité on peut oublier la liberté et interdire certaines formes vestimentaires ; au nom du progrès on justifie le développement de structures à caractères totalitaires (OGM, nucléaire,…) ; au nom du droit d’auteur on restreint la liberté d’accès à internet. En fonction de ses intérêts, l’adaptabilité de la démocratie est paradoxale et étonnante. Chaque fois que la démocratie vacille ou se fissure, le capitalisme arrive à générer des événements pour colmater la brèche et réparer les dégâts ou trouver des arguments. Ainsi, la démocratie aurait permis aux femmes, aux noirs, aux esclaves de se libérer, de s’émanciper, alors que c’est la base même de la démocratie qui les a exclu-es pour les ré-intégrer sous condition après d’âpres luttes ; de même, l’élection d’Obama est vue par certains dans cette perspective. En France, par contre, les attaques répétées contre la classe ouvrière et l’arsenal impressionnant des lois qui visent à restreindre le peu de liberté qui reste soulèvent des indignations un peu partout ; la gauche institutionnelle désigne un responsable unique qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains ; d’un autre côté, quelques intellectuels pensent que c’est le système démocratique lui-même qu’il faut questionner et qu’il s’agit de remettre en cause la représentativité comme antidémocratique. Est-il possible de rendre la démocratie plus démocratique sans une critique de l’exploitation par le travail ? Le salarié, celui qui n’a que sa force de travail comme moyen de subsistance, est à la fois l’opprimé, l’exploité et celui ou celle qui est la clé de voûte de la société qui l’opprime : il est en tant qu’exploité indispensable au fonctionnement du système. La question de la démocratie n’est-elle pas une question secondaire et non pas constitutive de cette oppression ? Ne faudrait-il pas régler au préalable la question de l’exploitation et des rapports de production dans la société ? Toute démocratie, peu importe sa forme, présuppose et implique des fondamentaux que sont la propriété privée et le droit d’entreprendre et d’exploiter. Interroger la démocratie c’est poser des questions qui déplacent le problème vers la sphère politique : comment gouverner, comment exercer le pouvoir, prendre des décisions ? Cela, sans se soucier de la situation concrète du travail et de la production. L’égalité des droits est l’arnaque démocratique la plus grossière car, si nous sommes égaux devant la loi en tant que sujets abstraits (citoyens), en réalité il existe toujours l’ouvrier/ le patron, le chef / le subalterne, l’homme/ la femme, l’adulte / l’enfant, le normal / le déviant, le bien portant / le malade, le riche / le pauvre, etc. Est-il possible de faire disparaître ces inégalités sans un bouleversement social radical ? La question de la démocratie pourrait-elle aider à aller dans le sens de ce bouleversement ou au contraire n’être qu’un moyen d’enterrer définitivement l’hypothèse de la révolution, c’est-à -dire la destruction du fondement même de la démocratie qu’est la propriété privée des moyens de production ? Sans remise en cause de la propriété privée (des terres, des moyens de production industriels), de l’exploitation du travail et des hiérarchies, la démocratie est une illusion, une mystification.

Dans nombre de luttes, quand les gens se mettent en mouvement pour un objectif commun qu’ils élaborent ensemble, le problème du pouvoir est vécu autrement, les hiérarchies sont contestées non seulement théoriquement mais surtout par nécessité sociale pour s’organiser et réfléchir à comment mener les luttes. Deviennent alors primordiaux non seulement la conscience de prendre du pouvoir sur sa vie (la conscience d’une force collective qui élargit le champ des possibles) mais encore l’exercice pratique de ce pouvoir (le temps de la lutte). Les gens posent alors concrètement le problème du pouvoir, de leur propre pouvoir sur ce qui les concerne de près et contestent le pouvoir de ceux qui décident à leur place et contre eux ; c’est ce qui peut être nommé la démocratie directe, où le pouvoir n’a plus sa raison d’être.

CJ Sud Ouest, juin 2009.

Autour de Jacques Rancière

Eléments d’une politique de l’émancipation

Après les élections européennes

Les aventures toulousaines de la convergence : A propos de l’interlutte à Toulouse

La loi Bachelot tue l’hosto

Total ne produit pas des catastrophes par hasard.

Les créationnistes à l’assaut de la théorie darwinienne de l’évolution

Courrier du Web : ¡ Podemos !, nous pouvons vivre sans le capitalisme

Internet, c’est la liberté ? Plus pour longtemps

Nouvelle-Calédonie. La question kanak, toujours

Guadloup : après la grève, le combat continue !

Vous pouvez consulter un résumé de ces articles sur http://oclibertaire.free.fr

(Pour lire l’intégralité des articles, il suffit tout simplement se procurer Courant Alternatif soit en kiosque, soit par abonnement.) Par ailleurs l’intégralité du numéro 191 juin 2009 est maintenant en ligne sur le site de l’OCL

URL de cet article 8859
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

« Les déchirures » de Maxime Vivas
Maxime VIVAS
Sous ce titre, Maxime Vivas nous propose un texte ramassé (72 pages) augmenté par une préface de Paul Ariès et une postface de Viktor Dedaj (site Le Grand Soir).. Pour nous parler des affaires publiques, de répression et d’impunité, de management, de violences et de suicides, l’auteur (éclectique) convoque Jean-Michel Aphatie, Patrick Balkany, Jean-Michel Baylet, Maïté Biraben, les Bonnets rouges, Xavier Broseta (DRH d’air France), Warren Buffet, Jérôme Cahuzac, Charlie Hebdo, Jean-François Copé, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La différence entre antisionisme et antisémitisme ?
Environ 80 points de QI.

Viktor DEDAJ

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.