[ le Grand Soir : un titre du journal "le monde" qui, comme souvent laisse entendre autre chose que l’article. Chavez ne prétend pas controler "les ports tenus par l’opposition", mais que le pouvoir central doit contrôler "tous les ports" du pays. ]
Qui doit contrôler les ports du Venuezuela ? Le pouvoir central, dit le président Hugo Chavez. Les autorités locales, rétorque l’opposition. La question tourne à l’épreuve de force alors que, sur ordre du chef de l’Etat, l’armée vénézuélienne s’apprête à investir trois des principaux ports du pays.
"S’ils veulent me mettre en prison pour défendre les intérêts de ma région, et bien qu’ils viennent me chercher", lançait lundi le gouverneur du Zulia, Pablo Perez. "Je ne permettrai pas que le pouvoir national soit défié, ni que surgissent de petits caudillos régionaux", a répété, mardi, M. Chavez, en promulguant une réforme de la décentralisation.
Votée par l’Assemblée nationale, la réforme rend au pouvoir central la gestion des ports, aéroports et infrastructures routières, jusqu’alors administrés par les autorités locales. "Les ports et aéroports ont une valeur stratégique, ils appartiennent à la République", a souligné le député "chaviste" Mario Isea.
ASPHYXIE POLITIQUE
L’opposition juge la réforme inconstitutionnelle et dénonce "l’agression militariste et centralisatrice" lancée par le président. Le gouverneur de l’Etat du Carabobo, Henrique Salas, a déposé un recours en référé devant le Tribunal suprême de justice, pour tenter - "sans beaucoup d’espoir" - de faire annuler la mesure.
Les trois ports visés sont ceux de Maracaibo, de Puerto Cabello et de Guamache. Les gouverneurs des Etats concernés (Zulia, Carabobo et Nueva Esparta) appartiennent tous à l’opposition. Depuis novembre 2008, celle-ci contrôle cinq des vingt-trois Etats vénézuéliens, ainsi que Caracas, la capitale.
A en croire M. Chavez, les ports et aéroports sont devenus des foyers de corruption, de contrebande et de narcotrafic. Leur reprise en main est donc "une question de sécurité nationale". Selon un de ses proches, le chef de l’Etat craint que l’opposition - qui, en 2002, avait paralysé l’industrie pétrolière - ne tente un coup de force sur l’approvisionnement alimentaire du pays.
En diminuant les prérogatives et les recettes fiscales des gouverneurs de l’opposition, la réforme limite d’autant leur liberté de manoeuvre. Or les opposants misent sur leur capacité de gestion locale pour se refaire une santé en vue des élections législatives de 2010. A leurs yeux, la mainmise gouvernementale sur les ports constitue une tentative d’asphyxie politique et un signe supplémentaire de la radicalisation du régime.
M. Chavez a remporté le referendum du 15 février, qui lui permettra de se représenter en 2012. Mais, alors que les prix du pétrole - la principale ressource du pays - se sont effondrés, il doit faire face à la menace de récession, sur fond de progression électorale de l’opposition.
Marie Delcas
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