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Vaccinations : quelle méfiance ?

Lors d’un récent colloque, les autorités sanitaires ont manifesté le désir de « rétablir la confiance des Français » envers la vaccination. Cela supposerait qu’ils n’aient plus confiance en elle. Or, c’est faux : les Français croient à plus de 90% en la vaccination ! Le diagnostic est donc à revoir, car la défiance est ailleurs : envers le système d’élaboration de la politique sanitaire qui n’écoute pas assez ceux qui en contestent certains aspects.

Ce colloque, qui s’est tenu le 4 mars dernier à la Maison de la Chimie à Paris, a rassemblé l’ensemble de la filière des vaccins (industriels et institutionnels) en France. Réunis par le député Yves Bur, rapporteur du projet de loi sur la sécurité sociale, et le sénateur Paul Blanc, autorités de santé publique, personnels de santé, labos pharmaceutiques et presse médicale ont échangé autour du thème : « Les vaccins, une excellence française à préserver ».

Parmi les deux cents participants, plusieurs responsables d’associations anti-vaccinales ou d’opposants aux « excès vaccinaux ». Près d’une vingtaine de victimes de la vaccination ont accompagné en silence la ministre à sa sortie de l’amphi après son allocution. Elles étaient dans le hall avec des photos de victimes et ont distribué un manifeste aux participants.

L’opposition aux vaccins ou à leur utilisation abusive a toujours existé. En France, elle est restée assez limitée mais si elle est très active. Les pouvoirs publics et le corps médical l’ont fortement diabolisée. Ils ont souvent agi avec un mépris et coercition envers elle, n’hésitant pas à lever le bâton pour la réprimer. Ainsi, le 5 mars 2007, une loi a été votée pour condamner à six mois d’emprisonnement et à 3 750 € d’amende à tous les refus de vaccination (pour les vaccins obligatoires). Les journaux n’en ont pratiquement pas parlé.

Qu’on limite ainsi une liberté fondamentale, celle de se soigner, ne les a pas inquiétés plus que cela. Et pour cause : la plupart des grands médias ont assez peu d’esprit critique vis-à -vis de nos institutions sanitaires et de la vaccination.

Vaccins : les Français en redemandent !

Ils reflètent d’ailleurs bien la mentalité des Français. Selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), « l’acceptabilité de la vaccination est très satisfaisante, puisqu’elle dépasse 90 %. Les Français sont également attachés à l’obligation vaccinale, ce qui peut surprendre davantage. Le calendrier vaccinal est, globalement, assez bien respecté ».

Lors du colloque du 5 mars dernier, la ministre de la santé n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner : « La confiance, vis-à -vis du vaccin, demeure. L’introduction de substances toxiques, voire "vivantes" , dans un corps sain, demeure anthropologiquement suspecte. Dès que le risque devient plus précis, la défiance s’efface. Actuellement, une épidémie de méningite à méningocoques B sévit en Seine-Maritime. Nous disposons de vaccins en quantité très limitée. Or tous les cantons demandent la vaccination systématique des enfants de ces territoires. C’est donc bien la perception d’un danger imminent qui peut vaincre les réticences à la vaccination ».

Le président du syndicat de médecins MG France a même demandé qu’on « lève le trouble entre les vaccinations obligatoires et les vaccinations recommandées. Rappelons par exemple que la vaccination contre le BCG n’est pas obligatoire, même si elle est fréquemment demandée par les parents ».

Donc, que les autorités se rassurent : les vaccins, les Français en redemandent !

Alors, pourquoi s’inquiéter ? Pourquoi le dossier de presse du colloque comportait-il ce sous-titre : « Vaccination : comment rétablir la confiance ? », objectif présenté comme un « enjeu essentiel » ? Alors qu’en fait, la couverture vaccinale de la population française est « globalement satisfaisante ». Pourquoi aurait-on besoin de « réhabiliter le geste vaccinal » auprès de l’ensemble de la population ?

C’est que l’on a noté que, « si la couverture vaccinale des jeunes enfants est convenable, elle se dégrade chez les adolescents et les adultes, faute d’effectuer les rappels nécessaires ». On a aussi remarqué « une baisse de plus en plus importante de la couverture vaccinale contre la rougeole et l’hépatite B ». Ce dernier vaccin a été « associé à tort à l’apparition de cas de sclérose en plaque » alors qu’il « ne pose pas de problème en termes de sécurité sanitaire ».

Contre la grippe, également, l’objectif de santé publique, « qui fixe à 75 % la proportion des professionnels de santé vaccinés, est loin d’être atteint » : « si près de 70 % des généralistes sont vaccinés, seuls 30% des infirmiers libéraux » le sont.

Faut-il encore charger une barque bien remplie ?

C’est pourquoi, les professionnels du secteur demandent aux autorités « un portage politique fort. Ce message pourrait être la décision de reprendre la vaccination des nourrissons et des adolescents (contre l’hépatite B) ». Il faut rendre plus claire et renforcer la communication sur l’intérêt des vaccins, étendre la vaccination contre la grippe aux chauffeurs de bus et, pourquoi pas, à toute la population (une étude est en cours dans cet objectif), mettre en place de nouvelles vaccinations pour prévenir de nouveaux types de pathologies (ex. : papillomavirus), améliorer l’attractivité de la France pour la recherche et la production de vaccins, faire évoluer la culture de la prévention dans la population et l’enseignement universitaire, organiser une plus grande collaboration entre les industriels de la santé et les autorités sanitaires, réduire le délai accordé aux autorités sanitaires pour formuler leurs recommandations d’utilisation du vaccin après obtention de l’autorisation de mise sur le marché, etc.

Bref, il faut continuer à charger une barque déjà bien remplie.

On oublie encore et toujours que le meilleur moyen de gagner la confiance de tous est d’inviter tout le monde à discuter, y compris les réfractaires à la vaccination, de confier l’information, y compris contradictoire sur des sujets aussi sensibles (sur la vaccinovigilance, par exemple), à des structures vraiment indépendantes, à permettre des débats publics et pas seulement une communication unilatérale, etc.

De même, si les promoteurs de médecines différentes étaient invités autour de la table, sans doute s’apercevrait-on qu’avec une réelle prévention, avec les conseils avisés des professionnels de toutes disciplines, les Français seraient capables de mieux prendre en main leur santé. Car on oublie aussi trop souvent que la prévention, c’est aussi (mais pas seulement, bien sûr !) la confiance, l’hygiène et une alimentation équilibrée. Avant de vouloir systématiser la vaccination contre toutes les maladies, il y aurait déjà beaucoup à entreprendre dans ces domaines…

> Pour que vous puissiez vous faire une idée objective de ce qui s’y est dit, je mets en téléchargement :

Le compte rendu de la journée, tel qu’il a été transmis aux journalistes le lendemain par les organisateurs ;

Le manifeste des victimes du vaccin de l’hépatite B.

> Article paru pour la première fois sur jlml.fr.

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