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Le Sarkophage n° 11

Ce numéro 11 du Sarkophage est particulièrement dense. Son analyse de la crise est radicale et constructive.
Dans l’édito, Paul Ariès prédit que l’écologique et le social seront les grands perdants de la tentative de survie de la croissance.

Baptiste Mylondo revient sur une question de moins en moins théorique : « Face à la crise, peut-on payer les gens à ne rien faire ? » Avec l’idée d’un revenu garanti pour tous. Il observe que la généralisation actuelle des emplois aidés « aurait pour effet d’encourager le démantèlement du droit social et d’accélérer la précarisation des travailleur. »

Intéressante réflexion de Marie-Anne Dujarier sur « Forçats de la consommation ou forçats du travail ». Le client est censé « exiger des produits toujours moins chers au détriment des conditions sociales et écologiques ». L’auteur a identifié trois formes principales du travail du consommateur :
-  Dans le premier, l’autoproduction dirigée, le consommateur réalise des tâches productives simplifiées, souvent en remplacement d’un employé rémunéré (self-service, self-scanning, distributeurs)
-  -Dans la coproduction collaborative, le consommateur produit bénévolement des données, oeuvres ou conceptions qui sont ensuite marchandisées.
-  Enfin, le consommateur est mis au travail chaque fois qu’il rencontre des contradiction ou dilemmes au moment d’acheter ou d’utiliser un produit. Ces situations surviennent quand il est déclaré « libre » et même « roi », alors qu’il est simplement « capté » et « ligoté » par la commercialisation (brouillage tarifaire, comparaisons de produits impossibles, vente forcée ou liée).
Un consommateur qui « travaille », nous dit l’auteur, sera d’autant plus attaché au produit qu’il a réalisé.

Gustave Massiah explique « comment s’opposer à la ville capitaliste ». Il dénonce l’exclusion « par la pauvreté et la misère liée aux égalités de revenus, l’exclusion du travail et des statuts sociaux liés au travail stable. L’exclusion par la difficulté d’accès au logement, exclusion culturelle de la reproduction sociale des élites. L’exclusion massive dont les mégalopoles sont le théâtre brouille les identités. Les représentations classiques (communautaires, religieuses, nationales, sociales) ne rendent plus compte du rapport de l’individu au groupe. La ville s’étend aux quartiers ségrégués et refermés sur eux-mêmes, reliés, ou plutôt séparés par des autoroutes urbaines. Le modèle libéral mondial combine la purification sociale et la ségrégation ethnique. Ce qui est discriminant, c’est la position par rapport à la précarisation, aux exclusions et aux inégalités. »

Article remarquable de Laurent Paillard sur la droite « toujours aussi conservatrice ». La droite se donne un visage moderne mais oeuvre en sous-main « pour que la situation économique et sociale des femmes se dégrade, ce qui annule les conquêtes juridiques. Il n’existe pas de question " sociétale " , ce novlanguisme sert à dépolitiser le phénomène de l’exploitation subie par les femmes. »
Quel est le point commun entre la haine des 35 heures, demande l’auteur, le démantèlement des retraites, du système de santé publique, de l’Éducation nationale ? Leur conjugaison met les jeunes Françaises devant un choix terrible : travailler à plein-temps ou avoir des enfants. Les femmes qui ont travaillé pendant trente ans en subissant des périodes de temps partiel imposées auront le droit à une pension inférieure aux épouses de notable bénéficiant d’une pension de réversion.
La destruction de la Fonction publique affecte particulièrement les femmes puisque le plus grand contingent de postes supprimés est occupé par elles, en particulier dans l’Éducation nationale.
Paillard décrypte par ailleurs comment Sarkozy est le roi du symbole. On manque de logements, on fait une loi sur le droit opposable, et on ne construit pas de logements. On fustige l’irresponsabilité des banquiers et on leur donne des milliards d’euros sans prendre le contrôle des banques. L’image contre le monde réel.

Le Sarkophage lance « un appel au boycott des grandes surfaces le dimanche et à l’arrêt des nocturnes commerciales. » Parce que « l’ouverture des grands magasins le dimanche et la généralisation des nocturnes commerciales reposent sur l’exploitation de centaines de milliers de salariés (souvent des femmes) supposés volontaires, mais en réalité soumis aux diktats patronaux. Parce que c’est un engrenage certain, car après le secteur du commerce viendra le tour des transports, de la sécurité, des banques etc. »

Le Sarkophage traite comme il convient « Le Plan B de jacques Attali ». Celui qui se définissait en 1973 comme objecteur de croissance veut aujourd’hui libérer cette dernière dans la soumission au capital avec l’aide de la gauche néo-libérale décomplexée. « Comme s’il suffisait de consommer davantage pour faire tourner nos usines amplement délocalisées après tant d’années d’incurie politique ».

Aurélien Bernier étudie, dans un article qu’il faudrait citer intégralement, « la bataille idéologique de la finance carbone ». L’alibi de la crise environnementale impose le marché dérégulé à tous les étages. L’auteur dénonce la déconstruction des cadres collectifs, la mise en avant des comportements domestiques pour mieux nous détourner des vraies causes de la crise écologique.

Jean-Luc Pujo dénonce les illusions françaises et l’impuissance européenne. Il taille au passage quelques croupières au renégat Philippe Herzog, passé directement de la Place du Colonel Fabien aux colonnes du Figaro-Économie, et qui s’exprime sans le savoir (ou en le sachant), tellement il s’est bien formaté, dans la langue du dollar : « Sarkozy a gagné une stature internationale et a ouvert de réelles opportunités. » Deux américanismes en cinq mots. L’ancien professeur des Universités parle un français de trader.
Pour Pujo, le Sarkozysme est un « Versailles livré à une fausse aristocratie inculte et dépravée » : « reculades, esbroufes, déconsidération totale de notre pays et de sa diplomatie. […] Refus de nos partenaires européens d’adopter une politique française jugée très discutable. […] Mort politique française et retour de la France dans l’Otan. » Et, finalement, un Président Russe, qui jouant les Laurent Gerra, se permet d’imiter Sarkozy en offrant de l’homme aux talonnettes l’image d’un ravi du village, d’un agité du bocal.

Dans « Démocratie, direct », Minga pose quelques questions essentielles : « La gauche est en crise. Ses stratégies sont inopérantes, comme le montrent sa disparition en Italie et l’union sacrée de la fausse gauche avec la vraie droite en Allemagne. Et si la crise de " la gauche " était elle aussi systémique, consubstantielle à la crise planétaire ? Peut-on vraiment se contenter de la bravitude participative ou faut-il repenser la démocratie directe ?

Philippe Godard s’interroge sur les OGM : « En modifiant le génome des plantes en en contrôlant le commerce des semences génériquement modifiées, les firmes qui les produisent espèrent détenir l’arme alimentaire ultime. Derrière cette capacité à affamer la planète en prétendant la nourrir, un projet global de société totalitaire se dessine, qui dépasse les végétaux et les animaux pour s’attaquer à l’humain. »

L’argent est « à l’agonie », explique Thierry Ribault. « C’est parce qu’il continue de jouer un rôle - celui d’une marchandise - pour lequel il n’est pas fait, alors qu’il n’est qu’un document juridique, qu’il agonise. » La solution est-elle dans « une monnaie fondante », s’interroge Axel Othelet ?

Le Sarkophage s’affiche naturellement contre la suppression du juge d’instruction au bénéfice du parquet soumis au pouvoir politique.

Laure Pascarel et Sylvain Raifaud instruisent d’originale manière le procès des traders qui ont ruiné l’économie.

Et pendant ce temps-là , la droite « comble les désirs du Medef », comme l’explique Gérard Filoche, dans un article qu’il faudrait citer intégralement. Au fait, Gégé, quand mets-tu les bouts ? Nouvelle rédaction incompréhensible du Code du travail, la contrat avant la loi, fin du droit constant, éclatement de tous les statuts, câlins pour les patrons délinquants, resémantisation (charges sociales, séparabilité, compte épargne temps, temps choisi, seniors etc.).

Raoul-Marc Jennar plaide pour un « écosocialisme ». Quand on profite de la pollution d’un côté et de la dépollution de l’autre, on n’a pas intérêt à réduire la pollution…

Bien sûr Le Sarkophage dénonce le vandalisme requalifié en vandalisme (sabotage présumé des lignes de TGV).

Enfin, Florent Bussy expose comment un État d’exception est la réponse naturelle à l’obsession sécuritaire du néo-libéralisme.

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