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Réponse à un article de POLITIS

Texte adressé à la rédaction de Politis, et déposé sur le forum www.politis.fr/Reportage-a-
Cuba,5184.html
suite au reportage paru dans Politis du 24 décembre 2008 sous le titre « 
L’espérance était verte, la vache l’a mangée »

Militant de la solidarité avec l’Amérique Latine, y séjournant fréquemment, à Cuba et ailleurs, la lecture du reportage de M. Ponthieu m’a indigné.

Pour l’avoir déjà fait inutilement, j’avais dans un premier temps renoncé à écrire une nouvelle fois à Politis. J’ai mis fin à mon abonnement depuis des années particulièrement en raison de l’inconsistance de ses analyses et de ses positions sur l’Amérique Latine et de son incapacité à mettre en perspective les évolutions sociales et politiques du continent avec la révolution cubaine.

Je voulais encore croire que c’était « par défaut » que ce journal se contentait de reprendre sans jamais se livrer à une enquête ou analyse sérieuse les « informations » des agences de presse internationales et les positions des médias dominants. Mais la publication, à l’occasion du 50ème anniversaire de la révolution, de ce texte d’une longueur exceptionnelle, relève manifestement du choix politique. Il n’est pas neutre que Politis, pour la seule fois où il consacre un espace permettant une analyse sérieuse et argumentée, offre ses colonnes, pour un plaidoyer entièrement à charge, à un journaliste qui est allé deux fois à Cuba en 40 ans, plutôt qu’à des cubains ou latino-américains, ou encore français, proches des idées et idéaux dont ce journal (souvent à juste titre sur d’autres sujets) se veut le porte-parole.

La malfaisance de ce genre de reportage est relative car la révolution cubaine a survécu à 11 présidents des Etats-Unis et beaucoup plus encore de journalistes de la trempe de M. Ponthieu.

Et, et c’est ce qui m’a incité à écrire ce texte, pour tous les amis du peuple cubain et de tous les peuples qui bénéficient de la solidarité cubaine, il y a heureusement des raisons de ne pas désespérer de tous les journalistes. Arte, et France-Inter ont récemment passé deux excellents documents, où des journalistes respectueux ont donné la parole aux acteurs plutôt que de rechercher les interlocuteurs utiles à l’illustration de leurs idées préconçues :

Cuba entre 2 cyclones (Théma du 6 janvier ) :
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2376748,scheduleId=2351510.html

Reportage sur la lutte contre l’analphabétisme en Bolivie (Et pourtant elle tourne du 8 janvier) :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/etpourtantelletourne/index.php?id=75015

J’espère que M. Ponthieu, plutôt que d’attendre 40 ans de plus pour parfaire sa connaissance de Cuba à l’occasion d’un prochain voyage, écoutera et visionnera ce travail de confrères, que je trouve réellement « libres, professionnels, responsables, éthiques, citoyens, créatifs, plaisants, drôles, distrayants, rigoureux, informatifs, instructifs, édifiants, utiles, pratiques, démocratiques, nécessaires, éducatifs, populaires, sensibles, appréciés, estimés, respectés, informés, éclairés, dérangeants, indépendants, décapants, enrichissants, intelligents, critiques, modestes, et cætera. » Que l’on me pardonne cette énumération légèrement excessive, mais ce sont les qualités que M. Ponthieu se targue d’inculquer aux journalistes qu’il forme dans son agence Cinq sur Cinq (http://www.cinqsurcinq.net/)

J’espère aussi voir au moins une fois Politis offrir une place équivalente dans ses colonnes à une expression sur Cuba qui s’écarte un peu du « politiquement correct » en vogue en France.

Hérouville, le 11 janvier 2009

Jacques Leyrat

URL de cet article 7807
   
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« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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