RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Désinformation, ruse et mensonges : comment fut préparée l’offensive sur Gaza

Une longue préparation, une collecte soigneuse des informations, des discussions secrètes, une tromperie efficace et une information fallacieuse du public - c’est tout cela qu’il y a derrière l’opération "plomb fondu" des forces de défense israéliennes (IDF) contre des cibles du Hamas dans la Bande de Gaza, qui a commencé Samedi matin (27 décembre 2008).

L’effort de désinformation, selon des officiels du Ministère de la défense, a pris le Hamas par surprise et a incontestablement permis d’augmenter le nombre de victimes au cours de l’attaque.

Des sources du milieu de la défense disent que le Ministre de la Défense Ehud Barak a ordonné à l’IDF de se préparer à l’opération, il y a plus de six mois au moment même où Israël commençait à négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Selon ces sources, Barak soutenait que bien que l’accalmie permettrait au Hamas de se préparer à une confrontation avec Israël, l’armée Israélienne avait aussi besoin de temps pour se préparer.

Barak a donné des ordres pour entreprendre une collecte précise de renseignements pour localiser les infrastructures de sécurité du Hamas et celles d’autres organisations militantes opérant dans la Bande de Gaza.

Cet effort de renseignements a fourni des informations sur les bases permanentes, les caches d’armes, les camps d’entraînement, les domiciles d’importantes personnalités et les emplacements d’autres ressources.

Le plan d’action mis en oeuvre pendant l’Opération Plomb Fondu est resté en projet jusqu’à il y a un mois, quand la tension a grimpé après que l’IDF a mené une incursion dans Gaza pendant le cessez-le-feu (le 5 novembre 2008) pour détruire un tunnel qui aux dires de l’armée pouvait servir aux militants Palestiniens pour attaquer les soldats de l’IDF.

Le 19 novembre, après que des dizaines de fusées Qassam et tirs de mortiers ont explosé sur le sol Israélien, le plan a été soumis à Barak pour approbation finale. Jeudi dernier, le 18 décembre, le Premier Ministre Ehud Olmert et le Ministre de la défense se sont rencontrés au quartier général de l’IDF dans le centre de Tel-Aviv pour approuver l’opération.

Ils ont cependant décidé de retarder l’opération pour voir si le Hamas continuerait ses tirs après l’expiration du cessez-le-feu. Ils ont donc ajourné l’approbation du plan par le Cabinet ministériel, mais ont informé le Ministre des Affaires Etrangères Tzipi Livni des développements.

Cette nuit-là , en parlant aux médias, des sources proches du Bureau du Premier Ministre ont dit que "si les tirs à partir de Gaza continuaient, la confrontation avec le Hamas serait inévitable". En fin de semaine, plusieurs ministres du Cabinet De Olmert l’ont invectivé ainsi que Barak pour ne pas avoir riposté aux tirs de roquettes Qassam du Hamas.

"Un tel verbiage aurait rendu impossible le raid d’Entebbe ou la Guerre des six jours," a répliqué Barak à ces reproches. Le Cabinet a finalement été convoqué le mercredi (NDT ; 24 décembre), mais le Bureau du Premier Ministre a donné une fausse information à la presse en affirmant que la discussion porterait sur le djihad en général. Ce n’est que ce matin-là que les ministres ont appris que les discussions porteraient en fait sur l’opération contre Gaza.

Dans son annonce préliminaire à la discussion, le Bureau du Premier Ministre n’a consacré qu’une ligne à la situation à Gaza, mais une page entière concernant la condamnation de 35 organisations Islamistes.

Ce qui se passa réellement à cette réunion du Cabinet, ce fut une discussion de cinq heures sur l’opération, au cours de laquelle les ministres furent informés des différents projets et plans d’action. "Un passage en revue très détaillé" a dit un des ministres.

Le ministre a ajouté : "Chacun a parfaitement compris vers quel épisode nous nous dirigions et quel scénario cela pouvait provoquer. Personne ne pourrait dire qu’elle ou il ne savait pas pourquoi il allait voter." Le ministre a encore dit que la discussion avait montré que les leçons de la Commission Winograd sur la performance des preneurs de décisions pendant la seconde guerre du Liban de 2006 avaient été totalement assimilées " (NDT ; évidemment pas celles d’Amnesty International sur les crimes de guerre ! [1]).

A la fin de la discussion, les ministres ont unanimement voté en faveur des frappes, laissant au Premier Ministre, au Ministre de la Défense et au Ministre des Affaires Etrangères, le soin d’en fixer la date.

Pendant que Barak mettait au point les derniers détails avec les officiers responsables des opérations, Livni est allé au Caire pour informer le Président d’Egypte, Hosni Mubarak, qu’Israël avait décidé de frapper le Hamas.

En même temps, Israël a continué de répandre sa désinformation en annonçant qu’elle allait ouvrir les frontières avec la Bande de Gaza et que Olmert déciderait s’il fallait ou non lancer les attaques après 3 autres délibération le dimanche - soit le lendemain du jour ou l’ordre d’attaquer a effectivement été donné.

"Le Hamas avait évacué tous les personnels de ses Quartiers Généraux après la réunion du mercredi," a dit un officiel de la Défense, "mais l’organisation les a rappelés quand elle a entendu dire que tout était mis en veille jusqu’à dimanche."

La décision finale a été prise vendredi matin, quand Barak a rencontré le chef d’état-major, le Général Gabi Ashkenazi, le chef du service de sécurité du Shin Bet Yuval Diskin et le chef de la direction du renseignement militaire, Amos Yadlin. Barak a eu une dernière rencontre avec Olmert et Livni plusieurs heures après, pendant laquelle le trio a donné ses ordres aux forces aériennes. Le vendredi soir et le samedi matin, les chefs de l’opposition et des figures politiques de premier plan ont été informés des frappes imminentes, y compris le président du Likoud Benjamin Netanyahu, Avigdor Liebermen du parti Yisrael Beuiteinu’s, Haim Oron du Meretz et le Président Shimon Peres, en même temps que le porte parole de la Knesset Dalia Itzik.

Par Barak Ravid, Haaretz, 31/12/2008

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1050426.html

traduction Laurent EMOR pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

[1] Amnesty International :
Israël. La commission Winograd ne tient pas compte des crimes de guerre commis par Israël.
http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/israel-winograd-commission-disregards-israeli-war-crimes-20080131

URL de cet article 7794
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Auteur
Les Mondes d’Après (nouvelles d’anticipation écologique)
DIVERS
PAUL ARIES, AURÉLIEN BERNIER, FRÉDÉRIC DENHEZ, MICHEL GICQUEL, JÉRôME LEROY, CORINNE MOREL-DARLEUX, JACQUES TESTART, FRED VARGAS, MAXIME VIVAS Comment ça, y a pu d’pétrole ! ? Faut-il remplacer la Société du Travail Obligatoire par la Société du Partage Obligatoire ? Vous rêvez d’enfouir Daniel Cohn-Bendit dans un tas de compost ? Peut-on faire chanter « l’Internationale » à Dominique Strauss-Kahn ? Le purin d’ortie est-il vraiment inoffensif ? 155 pages 12 (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Ceux qui croient connaître le monde à travers les médias connaissent en réalité un monde qui n’existe pas. D’où la difficulté de communiquer avec eux.

Viktor Dedaj

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.