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Désinformation, ruse et mensonges : comment fut préparée l’offensive sur Gaza

Une longue préparation, une collecte soigneuse des informations, des discussions secrètes, une tromperie efficace et une information fallacieuse du public - c’est tout cela qu’il y a derrière l’opération "plomb fondu" des forces de défense israéliennes (IDF) contre des cibles du Hamas dans la Bande de Gaza, qui a commencé Samedi matin (27 décembre 2008).

L’effort de désinformation, selon des officiels du Ministère de la défense, a pris le Hamas par surprise et a incontestablement permis d’augmenter le nombre de victimes au cours de l’attaque.

Des sources du milieu de la défense disent que le Ministre de la Défense Ehud Barak a ordonné à l’IDF de se préparer à l’opération, il y a plus de six mois au moment même où Israël commençait à négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Selon ces sources, Barak soutenait que bien que l’accalmie permettrait au Hamas de se préparer à une confrontation avec Israël, l’armée Israélienne avait aussi besoin de temps pour se préparer.

Barak a donné des ordres pour entreprendre une collecte précise de renseignements pour localiser les infrastructures de sécurité du Hamas et celles d’autres organisations militantes opérant dans la Bande de Gaza.

Cet effort de renseignements a fourni des informations sur les bases permanentes, les caches d’armes, les camps d’entraînement, les domiciles d’importantes personnalités et les emplacements d’autres ressources.

Le plan d’action mis en oeuvre pendant l’Opération Plomb Fondu est resté en projet jusqu’à il y a un mois, quand la tension a grimpé après que l’IDF a mené une incursion dans Gaza pendant le cessez-le-feu (le 5 novembre 2008) pour détruire un tunnel qui aux dires de l’armée pouvait servir aux militants Palestiniens pour attaquer les soldats de l’IDF.

Le 19 novembre, après que des dizaines de fusées Qassam et tirs de mortiers ont explosé sur le sol Israélien, le plan a été soumis à Barak pour approbation finale. Jeudi dernier, le 18 décembre, le Premier Ministre Ehud Olmert et le Ministre de la défense se sont rencontrés au quartier général de l’IDF dans le centre de Tel-Aviv pour approuver l’opération.

Ils ont cependant décidé de retarder l’opération pour voir si le Hamas continuerait ses tirs après l’expiration du cessez-le-feu. Ils ont donc ajourné l’approbation du plan par le Cabinet ministériel, mais ont informé le Ministre des Affaires Etrangères Tzipi Livni des développements.

Cette nuit-là , en parlant aux médias, des sources proches du Bureau du Premier Ministre ont dit que "si les tirs à partir de Gaza continuaient, la confrontation avec le Hamas serait inévitable". En fin de semaine, plusieurs ministres du Cabinet De Olmert l’ont invectivé ainsi que Barak pour ne pas avoir riposté aux tirs de roquettes Qassam du Hamas.

"Un tel verbiage aurait rendu impossible le raid d’Entebbe ou la Guerre des six jours," a répliqué Barak à ces reproches. Le Cabinet a finalement été convoqué le mercredi (NDT ; 24 décembre), mais le Bureau du Premier Ministre a donné une fausse information à la presse en affirmant que la discussion porterait sur le djihad en général. Ce n’est que ce matin-là que les ministres ont appris que les discussions porteraient en fait sur l’opération contre Gaza.

Dans son annonce préliminaire à la discussion, le Bureau du Premier Ministre n’a consacré qu’une ligne à la situation à Gaza, mais une page entière concernant la condamnation de 35 organisations Islamistes.

Ce qui se passa réellement à cette réunion du Cabinet, ce fut une discussion de cinq heures sur l’opération, au cours de laquelle les ministres furent informés des différents projets et plans d’action. "Un passage en revue très détaillé" a dit un des ministres.

Le ministre a ajouté : "Chacun a parfaitement compris vers quel épisode nous nous dirigions et quel scénario cela pouvait provoquer. Personne ne pourrait dire qu’elle ou il ne savait pas pourquoi il allait voter." Le ministre a encore dit que la discussion avait montré que les leçons de la Commission Winograd sur la performance des preneurs de décisions pendant la seconde guerre du Liban de 2006 avaient été totalement assimilées " (NDT ; évidemment pas celles d’Amnesty International sur les crimes de guerre ! [1]).

A la fin de la discussion, les ministres ont unanimement voté en faveur des frappes, laissant au Premier Ministre, au Ministre de la Défense et au Ministre des Affaires Etrangères, le soin d’en fixer la date.

Pendant que Barak mettait au point les derniers détails avec les officiers responsables des opérations, Livni est allé au Caire pour informer le Président d’Egypte, Hosni Mubarak, qu’Israël avait décidé de frapper le Hamas.

En même temps, Israël a continué de répandre sa désinformation en annonçant qu’elle allait ouvrir les frontières avec la Bande de Gaza et que Olmert déciderait s’il fallait ou non lancer les attaques après 3 autres délibération le dimanche - soit le lendemain du jour ou l’ordre d’attaquer a effectivement été donné.

"Le Hamas avait évacué tous les personnels de ses Quartiers Généraux après la réunion du mercredi," a dit un officiel de la Défense, "mais l’organisation les a rappelés quand elle a entendu dire que tout était mis en veille jusqu’à dimanche."

La décision finale a été prise vendredi matin, quand Barak a rencontré le chef d’état-major, le Général Gabi Ashkenazi, le chef du service de sécurité du Shin Bet Yuval Diskin et le chef de la direction du renseignement militaire, Amos Yadlin. Barak a eu une dernière rencontre avec Olmert et Livni plusieurs heures après, pendant laquelle le trio a donné ses ordres aux forces aériennes. Le vendredi soir et le samedi matin, les chefs de l’opposition et des figures politiques de premier plan ont été informés des frappes imminentes, y compris le président du Likoud Benjamin Netanyahu, Avigdor Liebermen du parti Yisrael Beuiteinu’s, Haim Oron du Meretz et le Président Shimon Peres, en même temps que le porte parole de la Knesset Dalia Itzik.

Par Barak Ravid, Haaretz, 31/12/2008

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1050426.html

traduction Laurent EMOR pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

[1] Amnesty International :
Israël. La commission Winograd ne tient pas compte des crimes de guerre commis par Israël.
http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/israel-winograd-commission-disregards-israeli-war-crimes-20080131

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D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
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