A lire dans ce numéro " Le krach des moulins à vent " :
C’est l’un des effets les plus cocasses de la " crise financière mondiale " : les dindons du Parti de la presse et de l’argent, qui exaltaient la liberté du capital, s’insurgent à présent contre son manque de règles. Ainsi du Monde qui dénonce les fonds spéculatifs dont la crise a rogné le rendement. Le Plan B a immédiatement actionné sa base de données délicieuses. Un an plus tôt, le même journal s’interrogeait : " Faut-il avoir peur des hedge-funds ? " Bien sûr que non, concluait alors Le Monde, puisque ces fonds - estimés à 1760 milliards d’euros, soit une hausse de 700% en 10 ans - " sont indispensables au bon fonctionnement des marchés " (28/10/07) .
L’article " Comment l’État s’est coupé la main gauche " explique comment la classe politique, de droite comme de gauche, n’a eu de cesse que d’affaiblir l’État.
« Ayant stigmatisé la folie des banquiers et la démesure de la finance, le gouvernement français agit : il supprime 30000 postes de fonctionnaires et privatise la poste. La tonte des services publics baptisée " réforme de l’État " sert deux fois le patronat ; elle décime les rangs des salariés plus syndiqués qu’ailleurs (15% dans le public, 5% dans le privé) et gorge d’euros le privé.
Les gouvernements de Balladur et de Juppé n’ont pas démérité en privatisant pour un total de 140 milliards de francs. Mais leur bilan déçoit au regard des 240 milliards essorés par la gauche plurielle. Les cessions d’actif ont eu pour contrepartie la diminution d’une source de recettes dynamiques et récurrentes pour l’État.
Depuis le tournant de la " rigueur " en 1983, la part des entreprises publiques dans le monde du travail est passée de 11 à 3,9%.
A GDF, les représentants du personnel occupaient 6 postes sur 18 au sein du conseil d’administration. A Suez-GDF [dont Nicolas Sarkozy est un gros actionnaire], ils n’ont plus droit qu’à 3 postes sur 24.
Près d’un quart des salariés de la fonction publique sont sous régime précaire. Le premier employeur de main-d’oeuvre jetable ne s’appelle pas Bouygues ou ADECO mais Éducation nationale.
Pour privatiser la fonction publique, l’État s’en remet à des sociétés de conseil et à des cabinets d’audit (" Au congrès des coupeurs de têtes " ).
D’après Capital (mars 2008), les fonds publics versés aux cabinets privés pour leur contribution au démantèlement de l’État totaliseraient 25 millions d’euros en trois ans. De quoi financer 1500 postes de fonctionnaires au Smic.
Un consultant de base à peine sorti d’école de commerce est facturé 1500 euros par jour, même s’il n’est là que pour rédiger des comptes rendus de réunion.
Au sein de l’État, serviteurs et dépouilleurs font partie de la même famille. Éric Woerth, le Ministre du Budget, est un ancien dirigeant d’Andersen, la société d’audit qui coula Enron.
Le Plan B s’est invité à la dernière université d’été des Gracques, un club politique à gauche de la droite, à droite de la gauche, bref de droite.
Il y a entendu Jacques Julliard : « Dans cette salle, il y a très peu de gens qui ont peur de la mondialisation. Moins qu’à la sortie des usines Renault. […] Il faut expliquer que les effets bénéfiques des délocalisations dépassent les effets négatifs. »
Comme à son habitude, Jacques Attali a brillé dans le cynisme du style droite caviar : « la précarité, c’est l’autre nom de la liberté. »
Un bon article sur Obama qui chante le libéralisme au moment où celui-ci s’effondre .
Entre les médias et les patrons d’un côté, la majorité des Américains de l’autre, Obama a choisi son camp. A peine avait-il remporté la nomination démocrate qu’il se décrivait comme « le genre de type qui aime le marché » et concédait dans un sourire que les discours anti-Alena [cette organisation de libre-échange qui a fait disparaître 2 millions d’emplois dans le secteur agricole au Mexique et 1 million dans le secteur manufacturier aux États-Unis] avait été « un peu monté en épingle. » Chochotte, va.
Dans " Marxiste tendance village people " , Le Plan B montre l’évolution, depuis 40 ans, du combat homosexuel, de la révolution anticapitaliste (le FHAR) au droit au mariage et à l’identité chic.
Un petit témoignage grotesque (mais ô combien significatif, voire signifiant) pour la route : Le Plan B cite un passage du dernier livre de Jean-Paul Enthoven, où l’auteur raconte ses vacances dans le palais de B-H L : « Je voyais en contrebas, dans les patios, le ballet des domestiques qui composaient des bouquets de roses sauvages. Ils étaient trop nombreux pour que je me souvienne de leur prénom, mais nous échangions des sourires affectueux. »
Le Plan B doit mener l’enquête : combien y a-t-il de " domestiques " dans le palais marocain de Bernard-Henri Lévy ?