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La Côte d’ivoire, vache à lait de la France se trouve en ébullition depuis le 19 septembre 2002.

La sale guerre qui secoue la Françafrique

Si la Côte d’Ivoire longtemps présentée comme la vitrine de la France en Afrique passe aujourd’hui pour un pays en quête d’une véritable démocratie, les efforts fournis par l’ex colonisateur pour ramener la paix civile dans ce vivier économique de l’Afrique semblent insignifiants.

Dans ses rapports avec les pays africains membres de la francophonie, la France a toujours privilégié la discrétion au spectacle. Elle a toujours favorisé l’engagement des réseaux et la puissance des relations personnelles au détriment des actions publiques.
La guerre civile en Côte-d’ivoire a bouleversé toute cette diplomatie discrète. En l’obligeant à faire ce quelle n’a jamais réalisé pour aucun autre pays. Fût-il son ancienne colonie. Simplement parce que la Côte-d’ivoire symbolise ce que la métropole a pu faire de mieux dans ses anciennes colonies. Véritable vitrine occidentale dans cette partie ouest de l’Afrique , la Côte-d’ivoire vit aujourd’hui des moments très pénibles. Par la faute de tous les leaders politiques de ce pays qui n’ont pas été capables d’apporter des réponses précises aux contingences quotidiennes d’une population qui a perdu tous ses repères depuis l’avènement des crises économiques successives des années 80. Si bien que l’égoïsme et l’irresponsabilité des dirigeants politiques -tenants du pouvoir et opposants- ont engendré un concept politique dénommé l’ivoirité. Qui est en fait une valeur et un facteur de reconnaissance identitaire, faisant de certains des sous-Ivoiriens et d’autres, des Ivoiriens ou encore des « vrais Ivoiriens ». Cette dernière catégorie se considérant comme Ivoiriens de souche.

En réalité, le concept de l’ivoirité a été conçu pour barrer la route aux ambitions présidentielles de certains de ses fils.

La Côte-d’Ivoire en Afrique, c’est un peu la France en Europe. Avec un fort taux d’immigration et un brassage de "races". C’est un pays pluriethnique et multiconfessionnel qui est en train de chercher ses repères. Si bien que ce repli identitaire, accentué par ce fameux concept d’ivoirité, a été le détonateur d’une guerre dont le dénouement se joue actuellement à Marcoussis, en région parisienne.

A tous ceux qui voient en cette initiative française, une façon directe d’infantiliser encore plus l’Afrique, n’auront pas bien saisi le périlleux parcours du combattant dans le processus de règlement des conflits à travers le monde.

Y a-t-il une honte à ce que Palestiniens et Israéliens se retrouvent constamment aux Etats-Unis pour tenter d’arracher une paix négociée ? Nous devons considérer cette rencontre à huis clos qui s’est tenue à MARCOUSSIS comme un CAMP DAVID à la française. Lors de ces négociations, les délégations sont isolées et les journalistes n’étaient pas les bienvenus. Ceci pour éviter tout élément extérieur susceptible de perturber la bonne marche des assises. Comme en 1978 où Israéliens et Egyptiens avaient été réunis sous la houlette du Président Jimmy Carter.

On attendait de la France qu’elle pèse de tout son poids pour arracher aux belligérants la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale, le nettoyage de la constitution ivoirienne, en supprimant le concept d’ivoirié et l’organisation du cantonnement des rebelles, sous la supervision de la France et des forces de la CEDEAO (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest). Telles devraient être les principales propositions de sortie de crise.Mais en vain.

Au-delà sinon de ces aspects techniques, la France a tout intérêt à réviser ses rapports avec les chefs d’Etats des pays francophones. Car en fait tous ont failli et sont complices de la misère et la paupérisation de leurs peuples.

La France doit interpréter les résultats de ces négociations de Marcoussis entre frères ennemis ivoiriens, comme une virgule dans l’histoire de ses rapports avec l’Afrique Noire. Car à vouloir soutenir des leaders impopulaires, on finit par s’impliquer à fond dans des conflits dont on aurait pu faire l’économie.

De toute évidence, cette initiative française est une nouvelle page de la coopération franco-africaine qui s’ouvre.

Claude Sahy

auteur :
Claude SAHY
(JOURNALISTE)


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