Les associations membres de la « Coordination Justice - Droits de l’Homme »
dénoncent les dérives carcérales actuelles...
Le gouvernement a annoncé la construction de nouvelles prisons. Ce programme
immobilier va au-delà de la rénovation des établissements. En même temps, le
gouvernement crée de nouveaux délits et accroît les procédures de Justice
rapide que ce soit à propos des mineurs ou des majeurs. Aujourd’hui, on
peut, en cas de récidive, infliger jusqu’à 20 ans de prison en comparution
immédiate. Par ailleurs, la durée des peines ne cesse de s’allonger.
Mettre en prison est un acte grave, parfois nécessaire, mais qui reste,
toujours, une décision dont les conséquences sont importantes pour les
personnes incarcérées, pour leurs familles et pour les victimes.
Il y a moins de deux ans, les parlementaires, toutes opinions politiques
confondues, dénonçaient, à juste titre, l’état des prisons françaises et
leur inaptitude à remplir leur mission de réinsertion.
Or ce qui était vrai hier, l’est tout autant actuellement. La politique
pénale se traduit déjà par une inflation des incarcérations ; cette
situation ne fera que s’aggraver.
Nos associations interviennent dans le champ judiciaire, soit pour protéger
les droits, soit pour favoriser l’accompagnement des personnes poursuivies
ou incarcérées.
Alors qu’une réflexion est engagée sur les courtes peines, nous affirmons
que favoriser le recours systématique à la détention, c’est présenter comme
une solution ce qui n’en est, le plus souvent, pas une.
La prison doit rester une mesure exceptionnelle que les juges doivent
justifier. Elle n’est pas là pour résorber les problèmes sociaux ou pour
pallier les déficiences chroniques des établissements psychiatriques.
Au contraire, les sanctions non carcérales (mesures alternatives à l’
incarcération), permettant à la fois de sanctionner mais aussi de prévenir
la récidive et de réinsérer, doivent être privilégiées.
Nos associations sont convaincues que la prison ne saurait devenir la répons
e générale à tous les problèmes que la société française rencontre.
Membres de la Coordination Justice - Droits de l’Homme :
Association Française de Criminologie (AFC), Association Primo Lévi,
Association Nationale des Visiteurs de Prisons (ANVP), Comité Contre l’
Esclavage Moderne (CCEM), Citoyens et Justice, Fédération des Associations
Réflexion Action Prison Et Justice (FARAPEJ), Fédération Internationale des
Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), Fédération Nationale des Associations d
’accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS), Groupement Étudiant National d’
Enseignement aux Personnes Incarcérées (GENEPI), Groupement National des
Directeurs d’Association (GNDA), Ligue des droits de l’Homme (LDH),
Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), Penal
Reform International (PRI).