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Colombie : Poker menteur autour des otages, Simon Petite.








Le Courrier, samedi 5 Janvier 2008.


Tout est à recommencer. Les hélicoptères qui devaient récupérer les trois otages aux mains de la guérilla colombienne sont repartis bredouilles au Venezuela. Il n’aura manqué que les coordonnées du lieu d’échange. Mais les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ne les ont jamais communiquées. La médiation tentée par Hugo Chavez avec le Comité international de la Croix-Rouge et des émissaires d’autres pays latino-américains a donc tourné au fiasco.

Il est de bon ton de se gausser du peu de discrétion et de neutralité du médiateur en chef. [1] Un éléphant dans des négociations de porcelaine. Mais, quoi qu’on pense du président vénézuélien, la libération manquée des otages tient à l’intransigeance des rebelles et du pouvoir colombien. Les deux camps se rejettent la responsabilité de l’échec. Les FARC disent avoir été dans « l’impossibilité » d’indiquer le point de rencontre à cause d’opérations de l’armée dans la zone. Coïncidence ou non, un chef rebelle a été tué le 31 décembre, le jour où la mission Chavez capotait. De son côté, le président colombien Alvaro Uribe a accusé les FARC de ne pas détenir l’un des trois otages qu’ils promettaient de relâcher. Il s’agit du fils de Clara Rojas, l’assistante d’Ingrid Betancourt. L’enfant est né en captivité mais il aurait été recueilli en 2005 par une famille de Bogota. Un premier test ADN a confirmé, hier, les dires du président. Mais pourquoi avoir attendu l’échec de la médiation pour dévoiler ce scénario rocambolesque ? Bien malin(e) celui ou celle qui démêlera cette guerre des otages, dans laquelle l’information est l’arme maîtresse. Une certitude toutefois : aucun des deux protagonistes ne veut négocier sérieusement. Les FARC parce qu’elles se trouvent en position de faiblesse. Les centaines d’otages sont leur dernière carte et Ingrid Betancourt, avec sa double nationalité franco-colombienne, leur joker. Elles ne le lâcheront pas facilement. Or Alvaro Uribe n’est pas prêt à des concessions significatives. Le président a été élu puis réélu pour sa fermeté. Sous son règne, l’armée a acculé la guérilla dans la jungle. Pourquoi remettrait-il en selle un ennemi aux abois ? La réponse et les espoirs des otages tiennent en deux mots : pression internationale. Nicolas Sarkozy a fait de la libération d’Ingrid Betancourt une affaire personnelle, aiguillonné par les nombreux comités de soutien. Sinon, il faudra attendre un nouveau président colombien en 2010 ou que le chef des FARC Manuel Marulanda, 77 ans, quitte ce monde.

Simon Petite


 Source : Le Courrier www.lecourrier.ch




* * * Libération des prisonniers en Colombie : lettre Ouverte au Président Sarkozy, par James Petras.




A LIRE : Les Insurgés colombiens prêts au dialogue, par Numancia Martà­nez Poggi.




La Colombie d’Ingrid Betancourt, par Maurice Lemoine.



Etat, paramilitarisme et oppositions armées en Colombie : les enjeux d’un échange humanitaire à haut risque, par Maurice Lemoine.






[1Notre édition de vendredi.


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Noam CHOMSKY
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Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire.

Lénine

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