Dessin : Martirena
Il manifesto, mardi 2 octobre 2007.
La majorité des pays d’Amérique du Nord et d’Europe ne savent plus quoi faire pour refouler les migrants au-delà de leurs frontières sacrées. De Bush à Veltroni [1]. Depuis l’autre côté du monde, d’aucuns cherchent à récupérer leurs migrants. Peut-être est-ce parce que là bas, en Nouvelle Zélande, le monde a la tête en bas. Le gouvernement néo-zélandais de Madame Helen Clarck, premier ministre travailliste, a lancé une campagne pour faire revenir les maoris, la population originaire de ses deux îles. Les Maoris représentent de 9 à 15% de sa population, constituée pour plus de 80% de descendants de colons anglais, écossais et irlandais. Il semble qu’un sur 7 des Maoris qui ont survécu aux massacres, aux colons, aux missionnaires, et à la civilisation vivent aujourd’hui en Australie. Quinze pour cent du total, 125 mille personnes. Boat people, comme les africains vers l’Europe ou les Haïtiens vers les Etats-Unis, qui se sont enfuis vers la terre des Kangourous - à 2000 Kms de mer de distance- à la recherche de travail et de soleil. Mais surtout pour fuir les problèmes sociaux et de racisme de la sympathique Nouvelle Zélande. Sympathique surtout quand on la voit de loin et avec les maillots des mythiques All Blacks, grands favoris du mondial de rugby en France, qui -c’est vrai- ont bâti leur mythe sur la force originaire (et la rage contenue) des Maoris ; pas seulement noirs par la couleur de leur maillot, puisque l’Afrique du Sud, jusqu’à Mandela, ne pouvait pas les rencontrer pour éviter de toucher des peaux non rigoureusement blanches.
Maintenant que les affaires marchent bien pour la Nouvelle Zélande, le ministre des affaires maories souhaite qu’ils reviennent parce que d’excellentes opportunités en « education and business » sont prêtes pour eux. Once we were warriors est un superbe film de Lee Tamahori, 1994, sur les Maoris et sur la façon dont la civilisation blanche - toujours très fidèle : troupes néo-zélandaises dans la guerre des Boers, dans les premiers et deuxième guerre mondiales, en Corée et au Vietnam, en Irak et Afghanistan- les a réduits. Autrefois guerriers, puis, esclaves, ils s’étaient enfuis en Australie, autre colonie fameuse pour sa libéralité avec les aborigènes. Maintenant que ça va mieux, ils peuvent rentrer chez eux. Il reste quelques miettes.
– Source : il manifesto www.ilmanifesto.it
– Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
[1] Maire de Rome, démocrate de gauche, et partisan, récemment, de l’Ordonnance anti-laveurs de vitres immigrés dans les rues de la ville, Ndt.