La Riposte, dimanche 24 juin 2007.
La victoire de la droite aux élections présidentielles et législatives est celle des ennemis les plus implacables des travailleurs, des jeunes et des retraités de France - y compris ceux qui ont voté pour elle.
Les leurres et les mensonges de la droite, massivement relayés par l’industrie audiovisuelle et la presse capitaliste, ont fini par payer. Le désespoir et la misère ont été exploités au profit de ceux qui en sont la cause. Les contre-réformes ont été présentées comme des réformes, le profit privé comme un bien commun, la réaction comme un progrès, les victimes de discrimination sociale et raciale comme des agresseurs et de la « racaille ». Sarkozy, qui incarne à la perfection l’arrogance, le mépris et l’esprit réactionnaire des capitalistes, a été présenté comme un révolté, un homme du peuple, le héraut de la « rupture » avec l’ordre établi. Il a été élevé au rang de vedette. On a eu Sarkozy sans cravate, en manches courtes, en jogging, en jean, en T-Shirt ; puis Sarkozy avec Johnny Hallyday et docteur Gyneco. On l’a même vu tenant la main de sa femme (revenue pour la circonstance), lui souriant tendrement - l’embrassant, même !
Ce pantomime écoeurant prendra bientôt fin. La classe capitaliste n’a pas mis Sarkozy en selle pour jouer la comédie. Elle compte sur lui pour faire ce qu’elle reprochait à Chirac de ne pas faire - ou du moins pas assez. Aux yeux des requins capitalistes, l’offensive menée par Raffarin et de Villepin n’allait ni assez loin, ni assez vite. Tout ce qui tend à protéger les salariés, à atténuer leur exploitation, à freiner la cupidité patronale, doit être démantelé, balayé. Tout ce qui a été, à des degrés divers, soustrait à la loi du profit capitaliste - la santé, la sécurité sociale, l’éducation, les retraites - doit désormais y être soumis.
Sarkozy a beau se présenter comme le champion des opprimés et des « sans grade », dans la pratique, il mènera une politique dans l’intérêt exclusif de ceux qui possèdent les banques, les assurances, les grands groupes de l’industrie, des services et du commerce. Le capitalisme français est devenu complètement parasitaire. Non seulement il se dresse comme un infranchissable obstacle au progrès, mais il ne peut même plus s’accommoder des conquêtes sociales passées du mouvement ouvrier. Les capitalistes exigent la régression sociale permanente. Ils refoulent la société en arrière. Ils ont besoin d’un gouvernement qui défendra leurs intérêts avec acharnement, qui ne reculera devant rien. Telle est la mission de Sarkozy et de son gouvernement.
Instabilité sociale et politique
Les perspectives sociales, économiques et politiques qui se dessinent pour la France ne justifient aucunement le sentiment de démoralisation ou d’abattement que peuvent ressentir certains militants de gauche. La « popularité » de Sarkozy flanchera rapidement. Elle commence déjà à flancher, quelques semaines à peine après son élection, comme le montre l’opposition à la « franchise médicale » et à la soi-disant « TVA sociale » - une tentative flagrante de mettre une large part du fardeau fiscal sur le dos des ménages, tout en réduisant les impôts des riches. Très rapidement, l’édifice de subterfuges et de fausses promesses qui l’a hissé au pouvoir s’écroulera. Les millions de travailleurs et de jeunes qui lui sont déjà hostiles seront rejoints par des millions d’autres qui se sont laissés duper. Le fait que Sarkozy ait été obligé d’avancer masqué, caché sous le voile de « l’ouverture » et de la « réforme », est un élément de la fragilité de sa position.
Dans les sphères dirigeantes du PS et du PCF, on expliquait la défaite en disant que la société française « glissait vers la droite », que le comportement et la mentalité des travailleurs s’étaient « américanisés », qu’ils perdaient leurs « repères ». En un mot, si la gauche a perdu, c’est la faute de l’électorat ! Dans le prolongement de cette « théorie » bien commode, on annonce allègrement que la France entre dans une période de réaction plus ou moins longue, une « ère Thatcher ». Le résultat des législatives, qui montrent une progression de la gauche depuis 2002, devraient permettre d’atténuer l’impact de ce discours démoralisant. Quoi qu’il en soit, ce serait une grave erreur, à notre avis, de tirer de ces élections des conclusions hâtives sur les perspectives sociales et politiques pour la période à venir. (...)
- Lire l’ article http://www.lariposte.com
L’usine à gaz Sarkozy, par Michel Husson.
TVA "sociale", droit de grève, universités, Assurance Maladie : pour casser, Sarkozy sait qu’ il doit aller vite, trés vite, par Vincent Présumey.