RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La chance de naître sanglier, Marco Boccitto.








Il manifesto, mercredi 4 avril 2007.


Il existe de nombreuses façons d’infliger aux animaux des pratiques anthropomorphiques dégradantes : qui met un gilet au caniche, qui parle de foot avec son perroquet, ou qui, comme le braconnier arrêté hier sur la route qui descend des montagnes sardes du Marganai, préfère installer le sanglier qu’il vient de capturer sur le siège du passager. Les carabiniers l’ont trouvé vivant, pattes et groin bien attachés. On ne sait pas s’il avait la ceinture, mais il est probable que l’homme au volant était en train de lui raconter sa vie, heureux de ne pas avoir à subir les interruptions de sa femme. D’où la verbalisation pour « mauvais traitements à animaux », ainsi que « détention de faune sauvage vivante sans autorisation » (nous craignons que le fait que la faune fut « vivante » ne soit une circonstance aggravante).

Après les inspections rituelles, le sanglier a été promptement réexpédié dans ses montagnes. Où, de toute évidence, les agriculteurs ne sont pas un lobby suffisamment en folie, sinon ils les auraient déjà tous tués, les sangliers. Plutôt moins photogénique que l’ourson Knut, le sanglier sarde n’a même pas couru le risque de devenir une ligne de peluches.

En somme, il s’en est tiré royalement, hier. En regard des poulets (1 sur 4, selon une recherche de l’Union européenne, est affecté de salmonelle, mais il n’est pas libre d’en mourir) ou des 700 animaux séquestrés par les Eaux et Forêts en Lombardie (faucons, aigles, hermines et cerfs transformés en trophées à cornes et cadavres farcis avec une férocité taxidermique). Pour les papillons rarissimes des Iles Salomon, ça n’a pas bien tourné non plus : ils auraient pu s’envoler en toute félicité avec le tsunami et, au contraire, ils sont tous morts pendant leur voyage vers la Serbie, en bons migrants clandestins. Le trafiquant qui les attendait aura pleuré un petit peu (restent les « papillons », les traites, que Belgrade doit signer en échange d’un coin sous les combles, pour l’Europe). Sans parler des centaines de civils tués à Mogadiscio la semaine dernière : hier ils seraient à coup sûr re-morts, d’envie pour le sanglier. Aucune loi sur les droits des animaux n’aurait jamais pu les sauver, dans ce monde bestial.

Marco Boccitto


 Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

 Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio









 Dessin : Alex Falco Chang


URL de cet article 4924
   
Ukraine : Histoires d’une guerre
Michel Segal
Préface Dès le premier regard, les premiers comptes-rendus, les premières photos, c’est ce qui frappe : la « guerre » en Ukraine est un gâchis ! Un incroyable et absurde gâchis. Morts inutiles, souffrances, cruauté, haine, vies brisées. Un ravage insensé, des destructions stériles, d’infrastructures, d’habitations, de matériels, de villes, de toute une région. Deuil et ruines, partout. Pour quoi tout cela ? Et d’abord, pourquoi s’intéresser à la guerre en Ukraine lorsque l’on n’est pas (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime.

Karl Marx, Le Capital, chapitre 22

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.