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Sahel : impact positif des investissements pour lutter contre la désertification, par Brahima Ouédraogo.








Plus d’investissements pour lutter contre la désertification.


IPS, Ouagadougou, 6 févier 2007.


Des experts du Comité permanent inter Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) appellent les bailleurs à investir dans la lutte contre la désertification au Sahel en raison de l’impact économique positif de ces investissements sur la vie des populations.


Selon Issa Martin Bikienga, secrétaire général du CILSS, les partenaires au développement doivent savoir que le moindre franc investi dans la lutte contre la désertification concourt à des résultats positifs.

’’Le Sahel se reverdit maintenant. C’est le résultat des investissements antérieurs. Nous voulons montrer par ’Etudes Sahel’ que ces investissements ont un impact économique sur la vie des populations’’, déclare-t-il.

En effet, une étude rendue publique vers la fin de l’année dernière, appelée ’’Etudes Sahel’’, menée en 2005 et 2006 dans les régions de Tahoua, Maradi, Zinder et Tillabery au Niger, a révélé que les résultats des investissements dans la lutte contre la désertification étaient très encourageants.

Les enquêtes révèlent une régénération et une densification du couvert végétal qui s’accompagnent de l’amélioration de la richesse floristique avec l’apparition de nouvelles espèces.

’’Là où il y avait trois arbres à l’hectare, il y a vingt ans, on trouve maintenant 20 à 150 arbres’’, indique l’étude.

L’exploitation des ressources végétales se développe, comme la vente de fourrage ou de bois de chauffe, générant des revenus non négligeables pour les paysans.

A l’unanimité, rapporte l’étude, les paysans pensent que, dans l’ensemble, ’’leur niveau de pauvreté a diminué’’. Ces populations rurales se disent ainsi moins vulnérables aux effets de la sécheresse par rapport au début des investissements dans la gestion des ressources naturelles.

’’Le niveau de vie de la population rurale est plus élevé qu’il y a 20 ans’’, estiment les experts qui ont mené l’enquête.

Le CILSS a été créé le 12 septembre 1973 à la suite des grandes sécheresses qui ont frappé le Sahel dans les années 70. Ses pays membres sont le Burkina Faso, le Cap Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad.

La majeure partie de l’espace CILSS se situe dans la zone climatique sahélienne. On estime à près de 70 pour cent la partie saharo-sahélienne de l’espace CILSS, c’est-à -dire recevant moins 300 mm de pluie en moyenne par an, et à 25 pour cent la partie purement sahélienne, qui enregistre des précipitations de 300 à 750 mm par an.

’’Etudes Sahel’’ a également révélé une remontée de la nappe phréatique et une plus grande disponibilité des eaux de surface. Cela a permis le développement des cultures de contre-saison et contribué à la diversification des cultures.

Selon Edwige Liéhoun, experte en gestion des ressources naturelles au CILSS, l’étude a montré que malgré les sombres prévisions, le Niger a réussi à mettre en place une politique efficace de récupération des terres dégradées.

’’On a découvert par ailleurs qu’après avoir récupéré des sols dégradés totalement improductifs au départ, on arrive à avoir une à deux tonnes de production à l’hectare’’, explique Liéhoun.

Les chercheurs ont également constaté que si, en 1984, les femmes passaient deux heures et demie par jour pour la collecte du bois de chauffe, elles n’y passent aujourd’hui plus qu’une demi-heure.

La vallée de la Maggia, dans la région de Tahoua, au Niger, menacée par l’avancée du désert, est maintenant occupée, rapporte l’étude.

’’Nous voulons documenter les investissements qui ont été faits ces 15 à 20 dernières années pour montrer que ce qui a été fait depuis ce temps commence à porter des fruits’’, ajoute-t-elle.

Selon Chris Reij, consultant en gestion des ressources naturelles, à l’Université d’Amsterdam, aux Pays-Bas, les résultats montrent que les populations ont su réagir à cette grave crise de l’environnement qui menaçait également leur existence.

Pour Reij, la réduction de la pauvreté rurale passe par le développement de l’agriculture et une meilleure gestion des ressources naturelles. Il faut augmenter les revenus des paysans pour qu’ils aient un meilleur accès à l’éducation.

’’On ne peut pas mettre des enfants avec un ventre vide à l’école. On a beau investir 80 pour cent des ressources financières dans l’éducation et la santé, si on délaisse la gestion des ressources naturelles, on n’a rien fait’’, souligne Reij.

Liéhoun prévient cependant que l’investissement dans la gestion des ressources naturelles ne donne pas de résultats immédiats. Elle demande, par conséquent, de la patience aux partenaires.

’’Il faut attendre plusieurs années. Il ne faut pas que les partenaires s’attendent au bout de trois ans à voir les effets de leurs investissements’’.

Pour mieux évaluer l’impact économique des investissements contre la désertification dans tout le Sahel, le CILSS lancera bientôt une étude similaire au Burkina, au Mali et au Sénégal. (FIN/2007)

Brahima Ouédraogo


 Source : IPS www.ipsinternational.org



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