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Forum social mondial de Nairobi : Les alters tentent de passer à l’acte sous une pluie de critiques - Un autre monde est-il possible ? S. Petite, L. Maury Pasquier.








Le Courrier, Nairobi, jeudi 25 Janvier 2007.


Forum social mondial - La journée d’hier devait être consacrée aux propositions d’actions. C’était sans compter une nouvelle controverse.


Cela devait être une journée pour élaborer des actions concrètes. De l’action, il y en a eu mais surtout en dehors du stade Moi. Après s’en être pris aux prix d’entrée prohibitifs et obtenu la gratuité pour les locaux, les activistes kenyans se sont attaqués, hier, à deux restaurants idéalement placés près de la porte principale du Forum social mondial (FSM)de Nairobi. Il s’agit d’établissements affiliés à deux hôtels de luxe. L’un appartiendrait au ministre de l’Intérieur, une personnalité au CV répressif bien rempli, selon les protestataires. Le matin même, les membres du comité d’organisation kenyan refusaient de commenter l’information.

« Il y a quelques mois, les organisateurs ont fait le tour des bidonvilles en nous encourageant à participer mais ils nous ont menti », dénonce le jeune David Odhrambo, en référence aux 7 dollars que les Kenyans devaient initialement débourser. Hier, les portes du complexe sportif étaient grandes ouvertes, y compris pour des centaines de gamins démunis. Certains d’entre eux ont même reçu un repas gratuit dans les deux restaurants occupés et « socialisés ».


Peu courues

Toute cette agitation a éclipsé les activités officielles. Les différents réseaux - contre la dette, la privatisation de l’eau, la guerre, pour le droit au logement, etc. - devaient s’entendre sur les mobilisations à mener. Quand elles ont eu lieu, ces réunions ont été peu courues. Est-ce l’organisation chaotique, la fatigue des délégués ou la faute à un concept encore mal compris ?
A moins que la majorité des participants ne se contente d’un espace de discussions et de campagnes sans programme commun. Cela ne pouvait satisfaire « l’avant-garde » du mouvement altermondialiste. Dénonçant une fragmentation, elle a organisé sa traditionnelle « assemblée des mouvements sociaux » en fin d’après-midi.


Assemblée surprise

Dans une immense tente pour une fois remplie, les orateurs ont commencé par dénoncer « la commercialisation et la privatisation » du FSM et « l’exclusion » des personnes qui n’ont pas eu les moyens de venir au forum. « Il ne faut pas reproduire ce que l’on combat », a lancé un représentant des No Vox (Sans voix), un réseau de chômeurs et sans-logis.

Les mouvements sociaux ont appelé à la mobilisation contre le G8 de juin prochain à Rostock, « qui sera spécialement consacré à l’Afrique », selon un représentant allemand. Ils ont également convenu d’une journée d’action globale début 2008, afin de pallier l’absence de FSM l’an prochain. Ces rencontres absorbent en effet trop d’énergies.

En marge de l’assemblée, beaucoup critiquaient durement les organisateurs kenyans. « Les gens réellement concernés n’étaient pas là . L’occasion représentée par ce premier FSM africain a été en partie manquée », estime l’Indien P. K. Murthy, impliqué dans le Forum de Bombay de 2004. « Il s’agit d’une rencontre mondiale. La mobilisation est l’affaire de tous », se justifie la Kenyane Wahu Kaara.

Mais le Belge Eric Toussaint, du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), ne décolère pas : « Exclure la population pour faire du fric, c’est inacceptable ! » Et la nécessité d’équilibrer le budget ? « Ils n’avaient pas à organiser l’événement dans une telle enceinte loin de la ville. On est en plein délire de gigantisme. En 2009, le Forum devra être éthique. » La rencontre ce week-end du Conseil international, l’organe qui chapeaute le FSM, promet d’être mouvementée.

Simon Petite



Un autre monde est-il possible ?


J’en doute parfois, notamment quand je constate le manque d’intérêt de la majorité des hommes de notre délégation dès lors qu’il s’agit d’aller voir des projets de soutien au femmes ou quand les intervenants à une table-ronde sont des intervenantes.

J’en doute aussi quand la foule présente au forum se comporte comme celle qui fait les soldes au centre ville, dès qu’il faut se procurer le programme ou un t-shirt !

Un autre monde est-il possible ? Quand je vois des enfants en âge de scolarité parcourir dix kilomètres à pied pour aller à l’école et autant pour en revenir, sans repas de midi, dans la chaleur et en risquant de « rencontrer » un léopard, je ne peux m’empêcher de penser à la campagne française de lutte contre l’obésité enfantine qui préconise deux mesures : manger sainement et aller à l’école à pied ! Pourtant, dans les deux cas, ce sont des enfants qui sont concernés et ils vivent sur la même planète. Alors, oui, vraiment, un autre monde est nécessaire.

Et quand j’entends les témoignages des personnes qui s’engagent pour une éducation de qualité pour toutes et tous, quand j’écoute ces religieuses kenyanes qui luttent pour la disparition des mutilations génitales féminines oser briser les tabous, montrer des représentations des organes génitaux externes féminins avant et après une excision et parler notamment des effets négatifs de l’excision sur le plaisir sexuel des femmes, quand je vois la participation active, pour la première fois à ce niveau, des Africaines et des Africains de tous les pays du continent - qui font de ce 7e forum un vrai forum mondial - je vois qu’il y a déjà des parcelles de cet autre monde et que, quel que soit le temps que cela prendra - mais si possible très vite parce qu’il y a urgence - un autre monde existera. Pour peu que nous le décidions.

Liliane Maury Pasquier, conseillère Nationale (PS/GE)


 Source : Le Courrier de Genève www.lecourrier.ch



Le Dossier Forum Social Mondial de Nairobi du Courrier :

- L’organisation du Forum social au Kenya tient parfois du miracle (20/01/2007)

- L’Afrique au coeur des débats : deux regards sur le continent noir (22/01/2007)

- La bourse flambe, les slums s’étendent (23/01/2007)

- La Chine : un partenaire pour l’Afrique ou une calamité de plus ? (23/01/2007)

- Un lieu unique d’échange dans la diversité (24/01/2007)

- « Réinventer l’émancipation » : quelle voie vers la démocratie radicale ? (24/01/2007)

- L’équilibre complexe de trois forums (25/01/2007)

- Le Réseau pour la Justice Fiscale s’ implante en Afrique.




L’agonie de la Somalie dans la morsure des éthiopiens, par Abdi Jama Ghedi.






 Photo : Henrique Parra www.ciranda.net


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In Defense of Julian Assange
"This book shows why the Julian Assange case is one of the most important press freedom cases of this century or any other century."—James C. Goodale, former Vice Chairman and General Counsel of The New York Times. “I think the prosecution of him [Assange] would be a very, very bad precedent for publishers … from everything I know, he’s sort of in a classic publisher’s position and I think the law would have a very hard time drawing a distinction between The New York Times and WikiLeaks.” (…)
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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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