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Mourir en prison.





Le droit à mourir dans des conditions choisies est un droit inaliénable de la personne. A ce titre, il ne peut être indexé sur aucun critère car sa portée est universelle, au sens de la déclaration des droits de l’Homme.


Banc Public, octobre 2006.


"Prisons : une humiliation pour la République". C’est en ces termes que le rapport de la commission d’enquête du sénat, remis le 28 juin 2000, décrivait les prisons françaises ; "à la prison républicaine héritée des idéaux positivistes et des philanthropes de la fin du XIXè siècle, s’est substitué un système confus, où apparaissent la prison-asile, la prison-hospice et la prison-hôpital", peut-on lire.

Depuis ce rapport sénatorial de 2000, rien n’a changé sur le fond : surpopulation, inactivité, suicides, décisions arbitraires, droits fondamentaux bafoués... Parmi ces droits : le droit à mourir dans des "conditions dignes", qui est un droit pourtant inaliénable. La personne incarcérée n’est pas considérée comme sujet de droit ; on ne parle pas de droit mais d’octroi, de permission, d’autorisation ; on ne parle pas de devoir mais d’obligation, de contrainte, de sujétion.

Le droit à une fin de vie dans "des conditions dignes" recouvre une vaste réalité. Il ne s’agit pas de donner à la fin de vie des apparences "supportables" pour la société. Il s’agit bien de s’interroger sur les souhaits profonds de l’Homme, lorsqu’il est confronté à sa finitude, dans le respect de son parcours, de sa culture, de ses relations aux autres, de sa spiritualité. Toute personne en fin de vie doit avoir la possibilité de choisir d’être avec ses proches. Les proches eux-mêmes peuvent exprimer des souhaits qu’il est essentiel de prendre en compte. Tout cela constitue le devoir d’accompagnement, qui est simplement un geste d’humanité ; ce geste est la marque de la civilisation, de la vie en société. Toute personne doit se voir reconnaître son humanité à ce moment particulier qu’est la fin de sa vie, et ce, bien évidemment, quel que soit son passé. La prison est-elle en situation d’assurer cela ? De toute évidence non. Etre à l’écoute des besoins exprimés par la personne, lui permettre d’être avec ses proches pour échanger verbalement ou pour avoir un contact physique, lui laisser simplement la possibilité de choisir sont autant d’éventualités intrinsèquement contradictoires avec les règles de fonctionnement des établissements pénitentiaires.

Lire l’ article de Marie-Paule Maugis<BR>
http://prison.eu.org




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