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L’invasion du Liban et le conflit colombien, par Alberto Pinzón Sánchez - ANNCOL.





ANNCOL, 4 septembre 2006.


Depuis un mois les medias-mensonges officiels du régime colombien tentent de diffuser dans l’opinion publique deux thèmes de propagande : le premier, c’est que la légalisation du paramilitarisme de l’Etat est un succès total et que ces grandes réussites juridiques peuvent être obtenues avec les Insurgés ; et le deuxième, c’est que l’heure est venue de parvenir à l’« issue négociée » du conflit colombien, vieux de plus de 50 ans et conduit selon le concept anticommuniste de Guerre de basse intensité.

A quoi peut bien être dû ce subit revirement ? Lors de la dernière campagne pour la réélection du miniführer Uribe Vélez, ce dernier annonçait sur tous les tons, comme un Saint-Georges colombien, qu’il ne se reposerait pas avant d’avoir détruit la Basilique communiste en Colombie.


Procédons par thèmes. Essayons de saisir le contexte global qui nous permette de comprendre.

Premièrement. La légalisation des paramilitaires de l’Etat, qui ne faisait pas partie des promesses électorales lors de la première campagne du miniführer, en 2002, a été conçue comme une manoeuvre pour délester l’armée de sa Cinquième Division - comme Amnesty International a appelé les paramilitaires. Il était devenu impossible de continuer de soutenir auprès de la communauté internationale le discours « politique » selon lequel les paramilitaires représentaient un mal nécessaire pour défendre l’Etat colombien, y compris au prix de l’illégalité et de l’impunité qui caractérisent la guerre sale.

De plus, en légalisant leurs capitaux, on disposait de ressources économiques et financières inépuisables ; pendant toutes ces années de guerre de basse intensité, les paramilitaires avaient développé sur tout le territoire un dispositif de contrôle de la population et des richesses.

Une fois relégitimé, et disposant de finances, l’Etat devait être en mesure de « légitimement » retourner toute sa force contre le dragon communiste. Voilà les comptes d’épicier que faisait Marta Lucà­a Ramà­rez lors de son entrée en fonction, en 2002, comme ministre de la Défense du régime.

Tout semble indiquer, comme pour l’invasion de l’Irak, que l’intelligence militaire la plus sophistiquée, celle des Etats-Unis et celle des vassaux locaux, se soit trompée dans ses calculs savants. Ils n’avaient prévu ni la réaction du peuple colombien ni celle de l’opinion publique mondiale contre ce processus de légalisation et de blanchiment. A cela il faut ajouter la stupidité des snobs qui planifient rapidement et secrètement une loi de la république en méconnaissant la réalité de ces 50 ans de guerre dans le pays.

Cela revient à mettre la charrue devant et les boeufs derrière. Il avait suffit de la consigne « Vérité, Justice et Réparation », empruntée aux Mères des disparus du Chili et de l’Argentine, pour que le plan tombât à l’eau. Il ne restait plus alors que la corde néocoloniale de l’extradition disposée par le gouvernement des Etats-Unis autour du cou de toute la nation colombienne.


Deuxièmement. L’issue négociée au conflit colombien.
Le département d’Etat des Etats-Unis avait basé sa position sur les recommandations, presque les exigences, adressées au gouvernement colombien par le groupe européen www.Crisisgroup.org en mai dernier alors que l’invasion du Liban par l’Etat d’Israël n’en était encore qu’à la phase planification, et alors que le panorama géostratégique global de l’impérialisme n’était pas clair. Les événements postérieurs ont apporté davantage d’éclairages, ainsi une table ronde de l’Institut des Problèmes de Globalisation de Moscou (www.argenpress.info, le 30 août 2006) quelques chercheurs en sont arrivés à la conclusion suivante : pour pouvoir envahir le Venezuela, l’impérialisme doit -en plus des autres dispositions politiques ou militaires qu’il est en train de prendre- commencer par désarmer l’Insurrection colombienne.

La logique qui unit avec un fil invisible tous les phénomènes de la globalisation impérialiste est la suivante : les deux plus grandes économies émergeantes qui entrent en compétition avec les Etats-Unis -la compétitivité étant la consigne globalisatrice de l’impérialisme- ce sont celles de la Chine et de l’Inde. Les deux sont très dépendantes du pétrole iranien. L’attaque de la puissante machine de guerre israélienne contre les milices chiites du Liban était destinée à provoquer l’entrée en guerre de la Syrie et de l’Iran en soutien à leurs frères en religion. Par voie de conséquence l’armée israélienne, alliée inséparable de l’armée des Etats-Unis, aurait bombardé d’une part les réacteurs nucléaires iraniens et d’autre part son infrastructure pétrolière ; tout cela afin de provoquer non seulement des difficultés pour les livraisons mais aussi pour faire monter les prix du brut et pour provoquer des préjudices irréparables pour les économies émergeantes. Le résultat final ce serait, comme l’a dit Condoleezza Rice, une Asie réorganisée.

Mais ni la Syrie ni l’Iran n’ont mordu à l’hameçon de la guerre et le Hezbollah seul a pu arrêter l’invasion israélienne. La Chine, prévenue, vient de signer avec le Gouvernement Bolivarien du Venezuela un accord de grande dimension afin de se fournir en pétrole vénézuélien au cas où l’Iran serait attaqué. Ainsi le Venezuela monte d’un rang dans les priorités stratégiques et militaires de l’Empire.

Mais déstabiliser ou agresser militairement le Gouvernement Bolivarien du Venezuela aura un coût : d’abord la réaction naturelle du Bravo Pueblo [Peuple Vaillant (et en colère), terme de l’hymne national vénézuélien], mais de plus pour pouvoir compter sur une arrière garde solide en Colombie, l’impérialisme devra débarrasser ce pays de toute entrave et de toute interférence militaire, notamment dans les régions limitrophes du Zulia [Etat occidental du Venezuela] et de l’Arauca [département oriental de la Colombie].

C’est alors que les recommandations, presque les exigences, pour la recherche d’une « issue négociée » avec l’Insurrection adressées par l’organisation www.crisisgroup.org au gouvernement colombien en mai dernier, alors que l’invasion du Liban en était à la phase planification, peuvent être mieux comprises, comme par magie. La propagande fasciste des medias-mensonges d’Uribe Vélez nous apparaît en toute clarté pour ce qu’elle est : une manipulation macabre relevant de la guerre psychologique.

On réalise aussi que le conflit colombien fait partie d’un tout géostratégique impérial et qu’il est un élément dans la globalisation. Et cela non pas en raison du narcotrafic -comme on nous le soutient depuis longtemps- mais pour d’autres raisons, à commencer par le pétrole des régions frontalières du Zulia et de l’Arauca. Maintenant plus que jamais, la solution politique devra aborder toutes les questions liées à la globalisation.

Alberto Pinzón Sánchez


- Source : Agencia de Noticias Nueva Colombia (ANNCOL) www.anncol.org

- Traduction : Numancia Martà­nez Poggi



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