RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
19 

Quand Michel Onfray déraille sciemment

Je précise « sciemment » car Onfray est un homme intelligent et cultivé qui a parfaitement conscience de ce qu’il écrit.

Dans le Manuel d’autodéfense intellectuelle (hors-série du Monde Diplomatique), Le philosophe médiatique se fait frotter les oreilles par Benoît Bréville, directeur du Diplo.

Bréville cite Onfray : « Á la Libération, seul le général De Gaulle est légitime pour diriger la France. Il veut rassembler, c’est le propre du gaullisme. (…) Quand le général récupère un PCF qui relaie les ordres du Kremlin dans une France encore armée ou des socialistes dont la plupart ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, quels ministères leur donner ? La Défense ? Non. Les Affaires étrangères ? Non. L’Économie ? Non. L’Intérieur ? Non. Pas question de donner à un parti prenant ses ordres à Moscou le pilotage de la nation en plein stalinisme ! On leur laisse la culture, l’éducation, les universités, la recherche, le journalisme – autant de domaines dans lesquels ils vont prospérer. C’est ainsi qu’advient le terrible slogan “ Il vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron. ” »

Quelques remarques de Bréville.

– De Gaulle prend pour lui le ministère de la Défense mais Charles Tillon est ministre de l’Armement.

– Presque tous les ministères liés à l’économie sont occupés par des communistes : Thorez à la Fonction publique, Croizat, ministre du Travail, Paul, ministre de la Production industrielle, Billoux ministre de l’Économie nationale.

– De Gaulle ne récupère pas les communistes pour « rassembler ». Les communistes ont récupéré 26% des suffrages et sont le premier parti de France. Leur présence s’impose, en particulier vu leur rôle dans la lutte contre l’occupant et dans l’élaboration du programme du Conseil national de la Résistance.

– Il n’existe pas de ministère de la Culture en 1945. Créé en 1959, ce ministère n’a jamais été occupé par un communiste.

– Le ministère de l’Éducation n’est pas attribué à un communiste mais à Paul Giaccobi, un radical qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain et qui, en tant que ministre des Colonies, a donné pour consigne de ne pas reconnaître les résistants issus des colonies antillaises comme des résistants à part entière. En outre, il n’existe pas de ministère des Universités et de la Recherche.

– Le ministère de l’Information (ce qu’Onfray appelle « le journalisme ») est attribué au gaulliste André Malraux.

Élève Onfray : 1/20. Vous méritez de croûter à CNews.

URL de cet article 39867
   
Même Auteur
Maurice Tournier. Les mots de mai 68.
Bernard GENSANE
« Les révolutionnaires de Mai ont pris la parole comme on a pris la Bastille en 1789 » (Michel de Certeau). A la base, la génération de mai 68 est peut-être la première génération qui, en masse, a pris conscience du pouvoir des mots, a senti que les mots n’étaient jamais neutres, qu’ils n’avaient pas forcément le même sens selon l’endroit géographique, social ou métaphorique où ils étaient prononcés, que nommer c’était tenir le monde dans sa main. Une chanson d’amour des Beatles, en fin de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« L’utopie est ce qui n’a pas encore été essayé. »

Theodore Monod

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.