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Ceux des États qui ne reconnaissent pas la Palestine

Trois pays européens (l’Espagne, l’Irlande et la Norvège), viennent de reconnaître diplomatiquement la Palestine. Ils s’ajoutent à la longue liste de ceux qui la reconnaissent déjà. Quelles observations peut-on en tirer ?

1. Ce qui est important, ce n’est pas de savoir quels pays reconnaissent la Palestine, mais plutôt quels pays ne la reconnaissent pas (ou, plus exactement, refusent de la reconnaître), car, à mesure que leur effectif se réduit, la signification politique et idéologique de leur refus augmente. Ces pays sont :

1.1. D’abord, en dehors, évidemment, d’Israël, les pays du “ Groupe Échelon ” (parfois aussi appelé UKUSA), à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, c’est-à-dire les pays de peuplement et civilisation européenne et de langue anglaise, soudés les uns aux autres par une multiplicité de liens économiques, stratégiques, militaires, culturels, Et qui pratiquent, en collaboration, l’espionnage du reste du monde. Etc.

1.2. Derrière, on trouve toujours des pays à la remorque stratégique des États-Unis comme le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, plus des micro-Etats du Pacifique.

1.3. Le deuxième gros bloc du refus est celui des pays d’Europe occidentale : c’est-à-dire les six du Marché commun initial de 1957, plus, jointifs à eux, la Suisse et l’Autriche, plus les deux pays du sud de l’Europe que sont le Portugal et la Grèce (le Portugal car il est lié, stratégiquement, au Royaume-Uni depuis le XVIIIe siècle et la Grèce car elle est dirigée par un gouvernement de droite). Restent des pays du Nord : Danemark et Finlande, d’une part, et Estonie, Lettonie et Lituanie, trois États baltes anciennes Républiques de l’URSS, d’autre part.

2. Ce qui est remarquable, dans cette liste, c’est qu’elle coïncide à peu près avec celle des pays qui se sont déclarés pour l’Ukraine depuis le 24 février 2022 (ou plutôt contre la Russie), de même que ceux qui reconnaissent la Palestine sont à peu près les mêmes que ceux qui, soit sont indifférents à la guerre russo-ukrainienne, soit qui n’ont pas décrété de sanctions contre la Russie, soit qui ont carrément pris fait et cause pour elle.

3. Ce refus obstiné (ou même hypocrite, comme celui de la France) de plusieurs pays de reconnaître la Palestine rappelle le refus tout aussi obstiné, jusqu’en octobre 1971, cornaqué par les États-Unis, de reconnaître la Chine, et surtout sa place au Conseil de sécurité de l’ONU, en lieu et place de Taïwan. Au fil des années, de nombreux pays reconnurent la Chine, minant de plus en plus la position étasunienne. De même, depuis 2015, le rythme de reconnaissance de la Palestine semble s’accélérer, par des pays majoritairement issus du continent américain : Sainte-Lucie en 2015, la Colombie en 2018, Saint-Christophe-et-Niévès en 2019, le Mexique en 2023, la Barbade, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago et les Bahamas en 2024. Et on attend prochainement la Slovénie. Et il est très probable que plus le massacre des Palestiniens par les Israéliens s’accentuera, plus nombreux seront les pays à sauter le pas de la reconnaissance. [Je précise bien par les Israéliens et pas seulement par l’armée israélienne car, en Cisjordanie, la police et les colons participent aux tueries des Palestiniens].

4. Cette reconnaissance n’aura aucune répercussion militaire (ce n’est pas l’armée de la Barbade qui prêtera main-forte aux Palestiniens), mais elle en aura beaucoup sur le plan symbolique. Je n’hésite donc pas à lui accorder la même importance symbolique qu’à un autre événement, complètement différent, dans un tout autre contexte : celui de l’Affaire Dreyfus en 1894-1905. En soi, ce n’était qu’une simple affaire d’espionnage, comme il y en eut beaucoup entre la France et l’Allemagne, de 1871 à 1914. Et qui n’aurait pas dû occuper plus qu’un entrefilet de journal pendant une journée. Cependant, cela allait beaucoup plus loin car cela remettait en cause la position sociale, l’influence, le prestige d’un certain nombre d’institutions et de classes sociales qui se sentaient menacées par l’évolution sociale, sociologique et culturelle de la Troisième République : les cadres de l’Armée, la hiérarchie de l’Église, la magistrature, l’Académie française, certains organes de presse et les hobereaux de province. Ces entités, ces individus, sentaient qu’ils étaient sur la pente glissante du déclin, d’où leur résistance aussi crispée qu’acharnée. Et vaine...

L’autre point sur lequel je voulais revenir est l’argutie, ressassée ad nauseam depuis plusieurs jours par l’extrême-droite (ses partis comme ses journaux) à propos de la Nouvelle-Calédonie. L’extrême-droite veut faire croire qu’il existe une contradiction dans les revendication de la gauche lorsque celle-ci plaide pour l’élargissement du corps électoral à des non-Européens en métropole et qu’elle le refuse à des Européens en Nouvelle-Calédonie. Où est l’entourloupe ?

1. Elle l’est d’abord en ce qu’il ne s’agit pas des mêmes élections. En France métropolitaine, ce droit n’est envisagé que pour des élections locales et européennes uniquement pour les ressortissants membres de l’U.E. Les étrangers dont l’extrême-droite agite l’épouvantail (originaires d’Afrique ou des pays musulmans), ne disposent pas de ce droit.

2. En Nouvelle-Calédonie, en revanche, ce droit est envisagé pour des élections aux assemblées provinciales, qui ont de très larges pouvoirs, et qui, en noyant les résident Kanaks sous un flot de résidents européens, condamnent la Nouvelle-Calédonie à rester à perpétuité dans le carcan français. D’un côté (en métropole) on a un droit de vote (des étrangers hors UE) qui n’existe pas et qui, en tout état de cause, ne porte que sur des enjeux locaux. En Nouvelle-Calédonie, on a un droit de vote qui existe et qui porte sur un enjeu existentiel, un enjeu national (l’indépendance à terme de la Nouvelle-Calédonie).

3. Par ailleurs, l’extrême-droite escamote complètement les conditions de la conquête de la Nouvelle-Calédonie, la répression féroce des nombreuses révoltes qui secouèrent l’archipel (en 1878, en 1917, en 1988), les Kanaks exhibés dans des cages, en tant que "cannibales", à l’exposition coloniale de Paris de 1931, à côté des crocodiles et des girafes, et la condition sociale inférieure des Kanaks d’aujourd’hui - comme celle des Aborigènes d’Australie ou des Maoris de Nouvelle-Zélande. L’extrême-droite n’a jamais fini d’assouvir sa vengeance des guerres coloniales...

4. En outre, en métropole comme en Nouvelle-Calédonie, les poids des communautés sont à tous égards, incomparables : les Kanaks en Nouvelle-Calédonie comme les étrangers non-communautaires en métropole ne pèsent strictement rien : pas plus d’un point de vue démographique, que social, économique, culturel, médiatique, institutionnel, etc., leur importance, c’est zéro. Lorsqu’on entend Marion Maréchal Le Pen parler de contradictions de la gauche, on sent la même mauvaise foi qu’une personne qui dirait : une souris, un hamster, une musaraigne, un mulot et un éléphant, cela fait cinq animaux, et, dans ce groupe, l’éléphant est en minorité...

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