RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
15 
Palestine libre !

Je me suis fait gauler à l’Intermarché de Venerque (31)

Je me suis fait gauler à l’Intermarché de Venerque (31) pour avoir posé il y a une quinzaine de jours deux affichettes cartonnées de 7X12 cm, bien propres, sur des étalages de fruits made in Israël : « Produits d’Israël. 10 000 enfants assassinés ».
Vendredi matin, j’y retourne et il m’arrive des choses désagréables, disproportionnées par rapport à mon méfait potache qui n’a rien dégradé.

D’abord, alors que j’approche d’une caisse où il n’y a pas la queue, un jeune homme (stagiaire ?) me propose de le suivre vers « la caisse carte bleue  » (la caisse sans caissière) qui se trouve vers les bureaux du magasin. Je décline la proposition. C’est plus tard que j’ai compris : il fallait m’alpaguer avant ma sortie imminente du magasin où la liberté répressive et moralisatrice des tenanciers aurait été réduite à néant.

Devant cet échec, un homme d’une trentaine d’année vient me demander de le suivre et il se dirige vers les bureaux. Je commence à sentir un piège et, après avoir fait dix pas, je m’arrête et j’exige des explications. Il me dit alors que j’ai posé deux affichettes sur deux étalages de Kiwis et d’avocats (ou de pamplemousses, je ne sais plus), made in Israël. Par premier réflexe de vieux fourneau qui connaît les flics, je nie. Ne jamais avouer, vous savez bien (Pensez-y en GAV). Il me montre son Smartphone et dit : « Vous avez été filmé ».

Je croyais qu’on n’avait pas le droit de garder les vidéos. Bon, ils l’ont fait, ils les ont épluchées, ont suivi le malfaiteur à la trace, ont repéré la caisse où j’avais payé par carte bleue. Damned ! Je suis fait ! On sait tout de moi et même, (le sbire me le confirme) que je suis client depuis 30 ans (sans jamais avoir rien volé, cassé dégradé). Ah, hein, bon !

J’imagine l’effervescence, la fébrilité pendant des jours devant les écrans dans les bureaux en attendant mon retour :
- Regarde, Callaghan, c’est lui ! Fuck !
- T’es sûr Roddgerr ? Re-fuck !
- Yes, putain, con, the son of a bitch !
- On le dégomme ?
- Tu te prends pour Enrico ?
- Shit and fuck off, c’est vrai qu’on n’a pas encore le droit.

Bon, coup de bol, je suis pas mourru, le croiverez-vous  ? (mais l’émotion me perturbe grave, comme vous le voyez à me lire.

Ils ont la preuve. J’admets mon forfait et je contre-attaque (toujours penser à contre-attaquer après avoir lâché un aveu en GAV).

- OK, c’est moi. J’ai abîmé vos rayons, vos fruits, j’ai été grossier, impoli, insultant pour Intermarché ?

Et on s’est expliqués devant la clientèle, assez loooongtemps. Le gars parlait mal (à un moment il dit que je suis « antisime » ! ). Je lui fis répéter, il dit "antisime".
Bueno, jusqu’à, présent, les médias m’avaient dénoncé comme : « idiot utile, dingo, auteur absurde, gauchiste, extrémiste, complotiste, porte-plume et perroquet des Chinois, fantaisiste, fondateur d’un site qui publie des articles d’extrême droite et, pour finir, le coup de grâce par le procédé de la reductio ad hitlerum, « rouge-brun », c’est-à-dire nazi. Mais « antisémite », personne encore ne l’avait fait.

De temps en temps le gars me prenait l’épaule pour m’entraîner, mais je suis resté planté. Je savais qu’ils n’allaient pas user de la force, me faire embarquer par des vigiles à cause de ce mini-méfait. Imaginez : je suis un individu blanc (comme ma barbe), de type caucasien, aussi âgé qu’un Vieux Fourneau, bien habillé, poli et maître de mes nerfs. Et avec des lunettes d’intellectuel !

Vous imaginez bien que j’ai parlé plus fort que lui (sans crier, rester classe) et que je n’ai pas baissé les yeux. Notons le déséquilibre des situations. Le type qui défend ses étalages de kiwis, d’avocats et de pamplemousses made in Netanyahou contre celui qui défend assez gentiment les mômes de Palestine.

J’ai quand même eu droit à une leçon de morale qui tourna un peu en rond (« je n’avais pas le droit » de commettre ce sacrilège). La loi !

Mézigue, conciliant : « D’accord, mais j’étais bouleversé par un reportage sur le massacre de 10 000 enfants palestiniens innocents. J’ai posé ces affichettes, je ne l’ai pas refait depuis. Mais vous, vous continuez à financer Tsahal ».

Pour finir, le défenseur du commerce israélien (et donc défenseur d’Israël) a commis l’erreur de sortir le gourdin symbolique, celui qui devait me faire plier : la menace du tribunal.

Ha, Ha !

Que pourrait-il m’arriver de mieux, de plus utiles aux Gazaouis, de plus préjudiciable à Intermarché, de plus néfaste pour le commerce avec des assassins ? Je l’ai donc vivement invité à porter plainte, tu parles. J’ai insisté même, dans l’espoir de lire dans la Dépêche du Midi : "L’Intermarché de Venerque traduit en justice un vieux client de 30 ans qui avait déposé un jour sur un étalage deux affichettes anti-produits israéliens pour protester contre le massacre d’enfants en Palestine".

Là, le renfort épicier du Likoud a rompu, il est rentré sans moi dans sa casemate, demandant au stagiaire de scanner mes achats. Pas question en effet de me laisser retourner vers des caisses où des clients pouvaient avoir été intrigués par notre algarade et où j’en aurais donné les raisons.

Moralité  : Intermarché Venerque vend des produits des assassins d’enfants, c’est mal, mais il n’est pas le seul. J’ai exprimé discrètement ma réprobation. Il persiste, me morigène et me menace. C’est très mal, c’est trop mal.
Tout acte de solidarité, même le plus petit, comporte un risque.
Pour ce qui me concerne, le préjudice est le suivant : les gérants d’Intermarché Venerque, ils m’ont assez vu, assez filmé. C’est fini, comme Capri. Et dire que c’était le magasin où j’allais toujours, je ne crois pas que j’y retournerai un jour. Ou alors, peut-être (n’allez pas les avertir), barbe rasée, cheveux teints, lunettes noires, chapeau et paiement en espèces après avoir évité, par un large détour dégoûté, le rayon des fruits et légumes venus de terres où se commet un génocide dont les principales victimes sont des mioches.

En attendant, Aldi, le magasin voisin, a gagné un client. Sauf si j’apprends que Aldi c’est rien que des cons. Va savoir. Le mimétisme boutiquier existe, savez-vous ?

Maxime VIVAS (Vieux fourneau)
PS. « Les révolutionnaires tristes font des tristes révolution » (Che Guevara).

Copie au député LFI venerquois (que je connais depuis 10 ans, avec qui j’ai partagé des repas). Il m’a répondu sobrement : "Je note", qu’on peut réduire encore par : "OK".

URL de cet article 39553
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Auteur
Victor Hugo à La Havane
Maxime VIVAS
Victor Hugo a pris parti pour Cuba, dans des textes admirables en faveur des femmes cubaines et pour fustiger l’armée d’occupation espagnole pendant qu’en Europe il portait le fer rouge de ses vers au front de l’injustice. Le poète a su associer son talent d’écriture, ses dons de visionnaire et ses penchants humanistes pour bâtir, dans cette complétude humaine, une oeuvre par cela frappée du sceau du génie. On découvrira ici qu’avec lui, des dizaines d’autres Français glorieux ont tissé des liens (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’art de la politique est de faire en sorte que les gens se désintéressent de ce qui les concerne.

Daniel Mermet

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.