RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
11 

L’éminence grise de la rupture entre Michel Clouscard et Alain Soral ?

Suite à une nouvelle tentative de récupération par l'extrême-droite d'authentiques penseurs marxistes (ici Michel Clouscard, 1928-2009), Aymeric Monville, directeur des éditions Delga, nous envoie ce communiqué où il est aussi question de la défense de la République populaire de Chine.

Dans un récent entretien filmé au bord du lac Léman et publié sur son site en septembre 2023, Alain Soral m’attribue une responsabilité majeure dans sa rupture définitive avec le philosophe Michel Clouscard. Cette rupture fut matérialisée - comme on le sait peut-être -, par l’article du penseur marxiste, publié dans L’Humanité et intitulé "Aux antipodes de ma pensée". Michel Clouscard y désavouait publiquement Alain Soral au moment où celui-ci se rapprochait de Jean-Marie Le Pen et tentait, selon les termes de Clouscard, "d’y associer sa personne". C’était en l’an de grâce 2007, ma rencontre avec Michel Clouscard datant, elle, de 2003.

A ma connaissance, c’est la première fois que cette nouvelle théorie du complot - le mot s’impose ! - est rendue publique. Pourquoi vingt ans après ma rencontre avec le penseur natif de Gaillac ? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, je serais ainsi le chaînon manquant, l’âme noire, qui expliquerait pourquoi, à la fin de sa vie, le philosophe resté durant toute son existence proche des militants communistes n’aurait pas rejoint soudainement l’extrême droite. Et pas n’importe quelle extrême-droite, puisque le vidéaste prend soin de montrer, juste après ces propos sur Clouscard, les livres publiés depuis par Alain Soral : ceux d’Adolf Hitler et de Benito Mussolini.

Ainsi, Michel Clouscard aurait eu besoin qu’on lui tienne le stylo pour condamner le lepénisme ? Etrange pour quelqu’un qui, moins de dix ans plus tôt, faisait de Jean-Marie Le Pen le symbole tragique de l’impasse sur laquelle débouchait le système et sa crise :

"Le néo-fascisme sera l’ultime expression du libéralisme social libertaire, de l’ensemble qui commence en mai 68. Sa spécificité tient dans cette formule : tout est permis, mais rien n’est possible. À la permissivité de l’abondance, de la croissance, des nouveaux modèles de consommation, succède l’interdit de la crise, de la pénurie, de la paupérisation absolue. Ces deux composantes historiques fusionnent dans les têtes, dans les esprits, créant ainsi les conditions subjectives du néo-fascisme. De Cohn-Bendit à Le Pen, la boucle est bouclée : voici venu le temps des frustrés revanchards." (Michel Clouscard, Postscriptum à la réédition de Néofascisme et idéologie du désir, 1998).

Moins de dix ans plus tard, Clouscard n’aurait ainsi trouvé rien de mieux à faire que de rejoindre ceux qu’il appelait les "frustrés revanchards" ?

Je précise qu’en 1998, je ne connaissais pas personnellement Michel Clouscard. Au contraire, je découvrais à vingt ans ce ouvrage lumineux, paru trente ans après Mai-68 et qui décrivait si bien son époque.

De plus, pour pousser l’absurdité encore plus loin, en 2007, Michel Clouscard aurait eu aussi besoin de l’avis du jeune homme que j’étais à l’époque et né près d’un demi-siècle après lui, pour se convaincre qu’il ne fallait pas se voir associé à ce type de provocation ? A près de quatre-vingt ans, n’était cette rencontre de la dernière chance, il aurait donc volontiers abandonné la dignitas qui convient à cet âge pour participer à pareil carnaval et endosser un habit d’Arlequin faits des couleurs politiques les plus disparates, costume bariolé qui au Moyen-Âge désignait directement à l’opinion les bouffons et les fous ?

Tout cela n’a aucun sens, mais, visiblement, Alain Soral ne semble vouloir revisiter le passé que pour servir ses antiennes : prouver à quel point les marxistes et les communistes auraient tant à gagner à s’associer avec sa chère extrême-droite. Avec Madame Le Pen qui valide l’euro et l’Union européenne, c’est-à-dire le carcan qui étouffe notre souveraineté nationale ? Avec Mme Meloni qui s’aligne sur l’OTAN dans la guerre en Ukraine ? Avec M. Soral qui fait de Donald Trump son modèle, alors que celui-ci - faisant pour une fois pire que Joe Biden -, est aux avant-postes de la guerre contre la République populaire de Chine ?

Comment dit-on "haussement d’épaules" en mandarin ?

Aymeric Monville, 23 septembre 2023

URL de cet article 38920
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Le Climat otage de la finance
Aurélien BERNIER
Pour la première fois dans son histoire, le système économique est confronté à une crise environnementale qui, par son ampleur, pourrait menacer sa survie. Le changement climatique, présent dans presque tous les médias, est maintenant à l’ordre du jour de la plupart des rencontres internationales, des Nations unies au G8 en passant par les sommets européens. Mais l’alerte lancée par les scientifiques ne suffit pas à transformer les financiers en écologistes. Dès l’élaboration du Protocole de Kyoto en (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.