À la tribune de presse (je venais d’être nommé correspondant du journal « l’Humanité » à Cuba et en Amérique latine) sous un soleil de plomb, nous attendions l’arrivée de Fidel Castro.
Un discours important était annoncé à l’occasion de la fête nationale.
Dans la tribune officielle, plusieurs généraux soviétiques plus coutumiers à d’autres climats étaient évacués, victimes d’insolation. Avec mon copain et confrère du journal communiste italien « l’Unita », Georgio Oldrini, nous avions été prévenus : « chapeaux et bouteilles d’eau obligatoires ».
Nous avons survécu.
C’est ce 26 juillet que j’ai découvert la réalité de la lutte du peuple cubain, le combat entre David et Goliath.
26 juillet 2023. Aujourd’hui, le peuple cubain reste debout.
Après tant d’années d’agressions, des années de dénigrement, après des années de résistance de ce pays d’un peu plus de onze millions d’habitants face à la première puissance économique et militaire mondiale, à Cuba on dispose de peu de richesses irrigant la société de consommation mais on étudie et on se soigne gratuitement, on vit dans une société joyeuse, en sécurité et solidaire. Les douloureuses restrictions résultats du blocus yankee ne pourront, hier comme aujourd’hui, détruire la révolution cubaine.
Voici un pays du Tiers monde où l’espérance de vie s’élève à 78 ans, où tous les enfants vont gratuitement à l’école, les étudiants à l’université. Un petit pays par la taille capable de produire des universitaires de talent, des médecins et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant les médailles d’or, des artistes, des créateurs.
Un pays qui a dû affronter le terrorisme, un blocus toujours en vigueur et même renforcé visant à étrangler son économie. Un pays qui chaque jour doit subir des calomnies à la pelle.
Pour salir la révolution cubaine, la propagande yankee servilement relayée en Europe évoque les libertés et les droits de l’homme.
A Cuba, la torture n’a jamais été utilisée. On tranchait les mains des poètes à Santiago du Chili, pas à la Havane.
Ce n’est pas à Cuba qu’on réprime actuellement les minorités mais au Pérou et en Équateur.
Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères en Argentine, pas à Cuba.
Les opposants au gouvernement ne sont pas actuellement assassinés dans les rues de La Havane mais dans les pays satellites des États-Unis.
Quant aux prisonniers soit disant « politiques », liés pour la plupart aux officines liées à la CIA, ils se comptent en quelques dizaines à Cuba alors que les victimes de la justice raciste yankee croupissent souvent depuis des dizaines d’années dans les prisons nord-américaines.
Cuba, malgré les énormes difficultés économiques, a toujours été solidaire avec les victimes des dictatures, avec les démocrates du continent.
Il faut remercier Fidel Castro et ses camarades d’avoir accueilli les réfugiés fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haïti et de Bolivie, d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants des parias de toute l’Amérique latine et, plus tard, aux enfants contaminés de Tchernobyl.
Il faut leur savoir gré d’avoir envoyé dans toute l’Amérique latine les chirurgiens de l’Opération Milagro rendant la vue à des populations entières.
Il faut les féliciter d’avoir formé gratuitement des milliers de médecins, d’avoir combattu en Afrique l’épidémie Ebola et lors de la récente pandémie d’avoir répondu à l’appel de plus de 30 pays.
Dans la mémoire de millions d’hommes et de femmes d’Amérique latine et du Tiers monde, Cuba restera un exemple des temps modernes.
Quant à Fidel Castro, il figure au panthéon des héros du XX eme siècle comme son ami et camarade Nelson Mandela qui vouait au leader cubain une amitié « indéfectible ».
À Cuba, les changements intervenus ces dernières années dans les domaines économique et politique, avec la transmission progressive des pouvoirs aux jeunes générations, se prolongent sereinement.
La révolution cubaine évolue à son rythme, prenant en compte les mutations dans la société, les impératifs économiques et le contexte international, le panorama mondial ne lui étant pas particulièrement favorable en ce moment. Raison de plus pour exiger la fin du criminel blocus yankee, raison de plus pour réaffirmer notre solidarité avec « le premier territoire libre des Amériques ».
José FORT
Note (1) Conclusion de la plaidoirie de Fidel Castro :
« Je terminerai ma plaidoirie d’une manière peu commune à certains magistrats en ne demandant pas la clémence de ce tribunal. Comment pourrais-je le faire alors que mes compagnons subissent en ce moment une ignominieuse captivité sur l’Ile des Pins ? Je vous demande simplement la permission d’aller les rejoindre, puisqu’il est normal que des hommes de valeur soient emprisonnés ou assassinés dans une République dirigée par un voleur et un criminel. Condamnez-moi, cela n’a aucune importance. L’histoire m’absoudra. »