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Un "projet" du banquier éborgneur : détruire la Fonction publique par le haut

Le banquier éborgneur précarise à la base à tour de bras. D’innombrables emplois qui bénéficiaient du statut des trois fonctions publiques (d’État, territoriale, hospitalière) perdent ou ont perdu ce statut – comme à La Poste – tandis que sont précarisés des travailleurs relativement protégés parce que responsables d’une mission de service publique – comme à la SNCF.

Mais afin de faire passer toute la Fonction publique française dans le moule de l’entreprise privée, le banquier éborgneur et ses complices de LAREM ont trouvé judicieux de s’attaquer à la haute fonction publique. D’où la réforme de l’École Nationale d’Administration (ENA) pensée comme une réforme de l’État.

Cette réforme de la haute fonction publique a pour embryon la création d’un Institut national du service public se substituant à l’ENA. Cet institut sera placé sous la tutelle du Premier ministre et du ministre de la Fonction publique. Il assurera la formation des futurs hauts fonctionnaires dénommés « dirigeants du service public ». Il regroupera quatorze écoles de service public autour d’un tronc commun d’enseignements d’une durée de six mois sur les valeurs de la République, les principes du service public, la transition écologique, la transition numérique, les inégalités et la pauvreté, le rapport à la science. Les grands écoliers devront s’astreindre à trois semaines de préparation militaire. La philosophie de cette réforme étant de permettre aux futurs hauts fonctionnaires, majoritairement issus de la bourgeoisie des grandes villes, de se familiariser avec les problèmes des provinciaux de base, d’autant qu’actuellement 90% des hauts fonctionnaires sont en poste dans la petite couronne.

Le banquier éborgneur veut donc supprimer le corporatisme en créant un seul corps à la sortie de l’École. Jusqu’à présent, les meilleurs élèves, appartenant à « la botte », pouvaient intégrer les grands corps (Conseil d’État, Cour des comptes, Inspections Générales des finances, de l’administration et des affaires sociales, et y rester en poste à vie. Cela leur conférait un vrai pouvoir face à la sphère politique car ils étaient intouchables. Les Inspections Générales deviendront des services et les prochains inspecteurs généraux ne seront plus inamovibles mais « nommés et affectés pour une durée renouvelable ». Les grades d’auditeurs seront supprimés et remplacés par des statuts d’emploi d’auditeurs d’une durée maximale de trois ans.
Enfin, pour la bonne bouche, Le recours aux contractuels sera banalisé puisqu’il est désormais autorisé par l’article 16 de la loi du 6 août 2019. Á titre d’exemple, les maîtres des requêtes en service extraordinaire au Conseil d’État, les conseillers référendaires en service extraordinaire à la Cour des Comptes ainsi que les fonctions de magistrats des chambres régionales des comptes justifiant d’« au moins six années d’activité professionnelle les qualifiant particulièrement » pour leur exercice pourront être des agents contractuels. Mais « L’accès d’agents contractuels à ces emplois n’entraîne(ra) pas leur titularisation dans un corps de l’administration ou du service ni, au terme du contrat, qui (devra) être conclu pour une durée déterminée, la reconduction de ce dernier en contrat à durée indéterminée ». Ainsi, ces agents contractuels travaillant au sein de la Haute fonction publique n’auront pas, pour autant, une stabilité d’emploi assurée.

Le banquier éborgneur est un malin. Il sait que la crème de la crème des jeunes (futurs) hauts fonctionnaires ne se syndique pas spontanément à la CGT et n’est pas prédisposée à manifester dans la rue ou à pétitionner dans les grands médias. Il fait donc le pari que ce qui sera accepté en haut d’en haut (comme on dit en Afrique de l’Ouest) le sera ensuite en bas d’en haut, puis en haut d’en bas et, pour finir, en bas d’en bas.

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