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Mexique : Des journalistes du LA Times pris en flagrant délit de mensonge autour du cercueil du jeune Javier Cortés, 14 ans, à Atenco, Al Giordano - Narco News.


Traduction « ah, c’est pas dans Libé que ça se passerait » par Cuba Solidarity Project
Diffusion autorisée et même encouragée
Merci de mentionner les sources







Les journalistes du Los Angeles Times Sam Enriquez et Carlos Martinez Wage ont sciemment lancé une campagne de diffamation contre le prisonnier politique Ignacio Del Valle.


Narco News, L’Autre Journalisme dans l’Autre Campagne à San Salvador Atenco, 7 mai 2006.


[ Note du traducteur : consultez l’article original pour les nombreux liens et références cités ]



Bilan indéterminé du nombre de morts, disparus, battus, violés et emprisonnés après trois jours de violences policières et de rafles, maison par maison, dans la ville de San Salvador Atenco (Mexique) et ses alentours, ainsi que l’assassinat d’un garçon de 14 ans. ( N.d.l.r - Elections présidentielles : la droite libérale se prépare à affronter en juillet 2006 une gauche qui pourrait l’emporter.).

Javier Cortes a été déclaré mort cet après-midi et, dans la foulée, des officiels du gouvernement ont inventé une histoire destinée à protéger les assassins - la police - et à rejeter la culpabilité sur les manifestants. Ils ont affirmé que des voisins de Cortés, sur un barrage routier, avaient envoyé un « pétard » sur lui alors qu’il se rendait à la maison de son grand-père. Le procureur a ensuite déclaré qu’il allait inculper aussi pour homicide les meneurs de la manifestation.

Les résultats d’autopsie, lorsqu’ils furent finalement publiés, révélèrent le mensonge : c’est une balle de policier qui a tué Javier Cortes.

Deux journalistes du Los Angeles Times, Sam Enriquez et Carlos Martà­nez, le savaient - l’information avait déjà été publiée à Mexico - lorsqu’ils ont rédigé leur article sur les funérailles du garçon vendredi et publié samedi.

Les journalistes ont sciemment caché l’information à leurs lecteurs, tout en inventant d’autres élements qui, selon l’enquête menée par Narco News, sont sans fondements et malveillants. En clair, Enriquez et Martà­nez savaient que ce qu’ils écrivaient était faux.

Le personnage clé de l’article d’Enriquez-Martinez, un certain Teodoro Martà­nez Santillan, se révèle être un indicateur masqué de la police qui a accompagné 3000 policiers lors de leurs perquisitions, mardi, chose que les journalistes se sont bien gardés de préciser. Cette information est confirmée par de nombreux témoins oculaires, voisins de la scène du crime. Teodoro Martà­nez Santillan indiquait aux policiers les maisons à viser. Mais cela, vous ne le lirez pas dans le LA Times, qui se contente de le décrire comme un simple homme de la rue, un mécanicien, qui est allé déposer des fleurs sur le cercueil du garçon.


UNE GRENADE LACRYMOGENE TIREE PAR LES MEDIA.

La mort de Cortes, pendant les deux jours qui ont précédé l’autopsie, fut une sorte de grenade lacrymogène lancée contre la vérité afin d’embrouiller les esprits et falsifier les faits. Tandis que des policiers en uniformes défonçaient les portes à Atenco, tandis qu’ils tabassaient et emmenaient hommes, femmes et enfants, des voisins - qui, par crainte pour leurs vies, demandent à ne pas être identifiés - nous ont raconté comment ils ont reconnu la voix et l’aspect physique de l’homme masqué qui indiquait aux commandants de la police (souvent au hasard) les maisons « rebelles ». Cet homme, affirment les voisins (son nom nous a été cité par des dizaines de témoins) est Teodoro Martà­nez Santillan.

Voyons voir comment la nouvelle de la mort du jeune Javier Cortés fut diffusée par les média et sur Internet et comment son meurtre fut manipulé pour faire accuser les manifestants...


Tiré du quotidien mexicain La Crónica de Hoy daté du 4 mai :

«  un adolescent de 14 ans, habitant la ville d’Acuexcomac, identifié comme étant Javier Cortés, a été tué après l’explosion d’un pétard (« petardo »), similaire à ceux employés comme projectiles lors des affrontements. »

Ensuite, l’agence de presse Notimex a montré les coupables :

« les membres de la famille de Javier Cortés ont accusé Del Valle (dirigeant du Front Populaire pour la Défense de la Terre à Atenco) d’être responsable de sa mort, après qu’un pétard lui ait explosé à la poitrine au cours des affrontements de l’après-midi entre les habitants et la police fédérale. »

Bien que l’autopsie n’avait pas encore eu lieu, Notimex a cité un soi-disant oncle de la victime :

«  Après autopsie... il a été démontré qu’il a été touché par un pétard et non par une grenade lacrymogène, contrairement à ce qui avait été affirmé par les manifestants ».

Cette dépêche de Notimex, et d’autres, ont été complaisamment diffusés à travers les média et Internet. Peu parmi ceux qui se sont émus de ces violences ont noté le paragraphe suivant, un peu plus loin :

«  Jusqu’à présent, a insisté l’oncle, il n’avait reçu aucune indemnisation des autorités et il espérait que la famille recevrait une quelconque indemnisation pour couvrir les frais de l’enterrement »

En d’autres termes, le garçon n’était pas encore enterré que les prétendus membres de la famille demandaient déjà de l’argent.


ENTERREMENT A VENDRE

Le gouverneur de l’état de Mexico, dont les troupes sont responsables des premières vagues de violence mercredi dernier, Enrique Peña Nieto - il avait d’abord envoyé 500 troupes anti-émeutes pour maîtriser cinq producteurs de fleurs sur le marché de Texcoco, ce qui a déclenché l’explosion sociale - ne perdit pas de temps pour répondre au marchandage des soi-disant membres de la famille du garçon. Encore une fois, selon Notimex :

«  des membres de la famille de Javier Cortés Santiago, l’adolescent décédé cet après-midi à Atenco, état de Mexico, ont déclaré que le gouverneur Enrique Peña Nieto leur avait offert tout le soutien nécessaire »

Désormais, les funérailles du garçon - auxquelles allaient assister deux journalistes fainéants du LA Times - avaient trouvé un sponsor : l’état de Mexico. Selon l’article du LA Times de samedi, et d’autres articles rédigés sans la moindre éthique dans de nombreux média mexicains, le gouverneur, en guise de publicité, en a eu pour son argent.

Notimex, de nouveau, réécrivit l’histoire :

«  ... demain sera enterré Javier Cortés Santiago, mort après qu’un pétard ait été lancé par les habitants d’Atenco alors qu’il se rendait chez son grand-père pour y chercher quelques tamales »

Le procureur de l’état, Wilfrido Robledo Madrid, ajouta ensuite l’homicide parmi la liste des accusations portées contre les meneurs de la manifestation. Selon le quotidien La Jornada, Robledo les qualifia de « kidnappeurs, d’assassins, des gens pour lesquels il serait plus simple de dresser la liste des crimes qu’ils n’ont pas commis que celle des crimes qu’ils ont commis. »

Le procureur déclara au quotidien El Universal que les meneurs allaient être inculpés pour homicide.

C’est à cela que faisait référence le Sous commandant Marcos vendredi à Atenco lorsqu’il dénonça « la campagne de lynchage » des média commerciaux contre « le bon et noble peuple » de San Salvador Atenco et mit au défi les média de « dire la vérité ».

L’accusation des média selon laquelle les manifestants avaient tué un jeune garçon de 14 ans qui voulait simplement aller chercher des tamales chez son grand-père se révéla être un mythe puissant. En l’espace de quelques heures, après tant de malhonnêteté et d’insinuations, nombreux sont ceux qui ont été trompés, surtout ceux qui suivaient l’histoire de loin. Et cela concerne aussi certains de ceux qui se trouvaient à Atenco même, ou dans les environs, et qui, au début, pensaient que le garçon avait pu être touché par un tir ami... jusqu’à ce que le résultat de l’autopsie fut publié.

Le mythe fut aussi répandu par des provocateurs et des indicateurs de la police d’Atenco, comme c’est souvent la cas dans ce genre de conflit au Mexique et ailleurs (quelque chose que les militants et les blogeurs devraient savoir, avant de diffuser la version officielle). Un de ces provocateurs, Teodoro Martà­nez, se lia d’amitié avec deux journalistes du Los Angeles Times à l’enterrement, et les manipula comme des gamins.


LE LA TIMES ENTRE EN SCENE

Il y a tellement de contrevérités dans l’article du 6 mai du LA Times, rédigé par les « rédacteurs » Sam Enriquez et Carlos Martà­nez, que toute tentative de les démonter risquerait de rendre les choses encore plus confuses. Nous allons essayer de le faire d’une manière compréhensible pour tous, parce que, laissés sans réponse, les mensonges et les malveillances qui y figurent peuvent mener à encore plus de morts et de destructions.

La première anomalie est le titre et le sous-titre choisi par le LA Times :

«  un espoir de voir la fin des émeutes dans une ville mexicaine. De nombreux habitants affirment que la mort d’un garçon de 14 ans marque la défaite du mouvement séparatiste »

Aucun journaliste honnête, qui aurait passé ne serait-ce que quelques jours récemment à San Salvador Atenco, ne peut affirmer que ce soit le sentiment « d’espoir » qui prédomine, ni même que ce sentiment soit partagé par une minorité significative, dans cette ville ravagée par les violences et le deuil de ces derniers jours. Mais Sam Enriquez et Carlos Martinez, interrogeant un total de cinq personnes ( un fonctionnaire de la ville, un prêtre, une tante de la victime, un employé des pompes funèbres... et un politicien et indicateur de la police qui est, les journalistes oublient de préciser, un vieux rival de certains de ceux qu’il accuse), inventèrent de toutes pièces cette « théorie de l’espoir ».


Selon tous les journalistes de Narco News qui se sont rendus à Atenco ces derniers jours - Bertha Rodrà­guez Santos, Juan Trujillo, Quetzal Belmont, Chan Kin Ortega, Barbara Polin, Amber Howard et votre correspondant - l’ambiance dans chaque maison, sur chaque visage et dans chaque voix à Atenco n’est pas chargée d’espoir, mais de peur.

Selon Rodrà­guez Santos, dans son article sur les raids de jeudi contre les maisons menés par 3000 policiers antiémeutes :

« Ils ont traîné les jeunes, hommes et enfants, hors des maisons et les ont jetés à terre, chemises relevées pour cacher leurs visages. Les policiers ont forcés certains à s’accroupir et ont mis tout le monde en file indienne. Un des policiers a commencé à les compter en les frappant à tour de rôle sur la tête avec une matraque. Arrivé au dernier, il a dit « Zut, j’ai perdu le compte, on va recommencer depuis le début » et fit signe à son partenaire de répéter toute l’opération. Mais à la fin, l’autre policier a dit qu’il ne savait pas compter non plus, et qu’ils devaient recompter dans l’autres sens, et ils se sont mis à frapper les prisonniers de toutes leurs forces. Les prisonniers, particulièrement les filles, les suppliaient d’arrêter, mais les policiers les frappaient sans merci en hurlant « vos gueules, espèces de connards d’agitateurs !

«  Beaucoup perdirent conscience et les policiers ont continué de les frapper » se lamenta un habitant d’Atenco, qui estimait que l’opération avait duré jusqu’à deux heures de l’après-midi. « S’il y avait eu autant de monde qu’aujourd’hui, nous serions tous sortis de nos maisons, mais nous étions peu nombreux. De plus, les policiers ont vu que nous les observions, alors ils ont pointé leurs fusils à grenades sur nous et nous ont ordonné de rentrer parce que, sinon, ils s’en prendraient à nous.

La force brutale de la police a temporairement réduit la ville au silence. »

Il est évident que les journalistes du LA Times, qui n’ont interrogé cinq personnes - soit deux et demi en moyenne par journaliste, et uniquement à l’enterrement - n’ont pas visité les maisons et les boutiques d’Atenco pour tenter de comprendre le sentiment général de la population. Mais ils ne pouvaient ignorer le sentiment de peur. Ou croient-ils vraiment que des hommes, femmes et enfants se mettent à sourire seulement six heures après une occupation de six heures par des policiers armés, l’arrestation de centaines de proches et de voisins, et le meurtre d’un adolescent, pour ensuite s’épancher avec lyrisme sur « l’espoir » ?

Les journalistes n’ont pas dit que le personnage clé de leur article, celui qui est le plus souvent cité, était Teodoro Martà­nez, l’informateur du Jeudi Noir.

Des voisins ont dit que Martinez ne se contenta pas d’indiquer les maisons où vivaient des participants aux manifestations du week-end. Il a aussi, méticuleusement, désigné à la vindicte policière toute personne considérée comme meneur de la lutte de 2002 contre le projet d’un aéroport international. Contre chacun d’entre eux, leurs enfants, leurs femmes ou maris, et tous ceux qui avaient eu le malheur de se trouver présents dans ces maisons. Selon des témoins oculaires, il a aussi désigné à la police des maisons de familles apolitiques ou qui n’avaient pas participé à ces batailles mais qui, pour une raison sordide ou une autre, n’avaient pas l’heur de lui plaire. « Ils ont investi la maison de ma tante, et ils ont emmené mes cousins », nous a déclaré un jeune homme. « Mais ils n’ont jamais été avec del Valle, ils ont toujours été neutres. »


TEODORO MANIPULE LE « LA TIMES »

Si les deux journalistes du LA Times avait fait le moindre effort pour parler aux habitants de la ville, ils auraient entendu les mots « Teodoro Martinez » sur toutes les lèvres, dans tous les quartiers, comme les ont entendus de manière répétée nos propres journalistes. « Nous savons qui est l’indicateur, » a dit l’un d’entre eux, puis un autre, et un autre encore, maintes fois, à chacun de nos journalistes et ceci pendant plusieurs jours. « Il ne peut pas croire que nous ne l’avons pas reconnu sous prétexte qu’il portait une cagoule ! » nous a déclaré un homme, en larmes, tandis que sa femme acquiesçait à ses côtés. Il ajouta « C’était Teodoro Martinez. Tout le monde le sait ».

Dans ce contexte, écoutons comment Martinez, à l’enterrement du garçon, manipula les deux journalistes du LA Times contre son ennemi mortel Ignacio « Nacho » del Valle, le dirigeant du Front Populaire pour la Défense des Terres à Atenco :

«  La seule loi qui régnait était la loi de la machette, » dit Teodoro Martinez, un mécanicien de 40 ans, à l’extérieur de l’église »

Martinez a même affirmé qu’il était un sympathisant de la lutte de 2000 contre l’aéroport, tout en déformant la nature de la lutte comme si elle n’était qu’une lutte sur la « valeur symbolique » de la terre...

«  la lutte pour défendre la terre était juste, » a dit Martinez, en ajoutant qu’il connaissait Del Valle depuis l’enfance. Bien qu’une bonne partie de la terre ici soit aride, la terre transmise de père en fils a une valeur symbolique énorme. »

Martinez est décrit par les journalistes du LA Times comme un simple ouvrier mécanique, un monsieur-tout-le-monde, sans un mot sur ses ambitions politiques (il se présenta aux élections municipales en 2003, et rend Del Valle et son organisation responsables de son échec), ni sur le rôle direct qu’il a joué dans le conflit contre l’aéroport, en tant que militant actif en faveur de celui-ci.


VOICI LE VRAI TEODORO

Une simple recherche sur Google par un de ces journalistes fainéants du LA Times leur aurait appris plus sur leur source et sur son véritable rôle dans le conflit contre l’aéroport il y a quatre ans. Le 9 septembre 2002, le quotidien La Jornada publia un article sur une marche des partisans du projet d’aéroport à Atenco :

«  (la marche) dirigée par des membres du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) Teodoro Martinez, Isidro Castro, Alejandro Santiagoet et les ex-officiels Leoncio Morales et Pilar Medina, était composée de 80 personnes brandissant des ballons gonflables blancs se prononçant en faveur de la construction d’un aéroport »

Mais aujourd’hui, le LA Times permet à Martinez de prétendre qu’il était un sympathisant de la lutte contre le projet d’aéroport. Encore une fois, une simple recherche sur Internet sur le nom de cet individu, ou une ballade à travers les rues d’Atenco pour y interroger les habitants, aurait montré que Martinez avait joué un rôle intéressé et partisan, et qui contredit ses affirmations au LA Times.

Au mois d’octobre 2003, Teodoro Martà­nez réapparut dans les journaux, cette fois dans des actions de milice contre Del Valle et ceux qui s’opposaient à la construction de l’aéroport. Ceci fut rapporté par le plus grand quotidien du Mexique, El Universal, le 11 octobre 2003 :

«  San Salvador Atenco, Mexique : un groupe de miliciens appelé « Pour la Paix » et des membres du PRI monteront la garde, à partir de 18h ce samedi, devant l’entrée principale de la municipalité de San Salvador Atenco, pour empêcher l’entrée d’organisations « subversives » qui arrivent pour soutenir Ignacio Del Valle Medina et les paysans rebelles qui à deux reprises ont boycotté les élections.

L’annonce a été faite par Teodoro Martà­nez Santillán, dirigeant du groupe « Pour la Paix qui a dit que quelques 300 citoyens et membres du PRI allaient former des brigades pour interdire l’accès aux personnes louches ainsi qu’aux voitures et autobus inconnus. »


De l’agence de presse AFP, les journalistes auraient appris que Teodoro Martà­nez était candidat à la mairie en 2003, au nom du PRI, mais que son élection du 9 mars fut annulée pour irrégularités, parmi lesquelles quelques 20 pour cent des bureaux de vote rendus inaccessibles par les protestations des opposants à l’aéroport. Ceci explique-t-il les propos de Martinez au LA Times ?

Au mois d’octobre de la même année, lorsque Martinez fut abandonné par son propre parti, le PRI, qui pour un autre candidat, le magazine Via Libre signala que celui-ci avait participé à des actions violentes contre Del Valle et son organisation :

«  Les campesinos se retirèrent de l’auditorium. Il y eut quelques minutes de calme, mais les membres du PRI - parmi lesquels Teodoro Martà­nez, Reyes Pedraza, Daniel Medina, Alejandro Santiago, Rafael Silva et Odilón Medina - revinrent pour attaquer les paysans, dirigés par Ignacio Del Valle, América Del Valle, Jorge Flores et Felipe Alvarez, entre autres. En l’espace d’une heure, il y eut trois violentes confrontations où dix personnes furent blessées par des jets de pierre ou après avoir été frappées avec des chaises... »

D’autres articles archivés sur Internet montrent que Teodoro Martinez, en plus d’avoir été le candidat d’un parti politique, un milicien violent de « Pour la Paix », un militant du PRI, a aussi souvent joué le rôle de « porte parole » pour son parti ; Il ne s’agit donc pas d’un débutant en matière de manipulation de la presse.

De deux choses l’une, ou bien Enriquez et Martinez du LA Times ont été menés par le bout du nez comme des journalistes stagiaires débutants, ou bien quelque chose de plus grave est en train de se passer. D’autres extraits de leur article publié par le LA Times samedi laisse entendre que leurs objectifs n’étaient pas de raconter les faits, mais de jeter le discrédit sur les manifestants et leurs dirigeants.


LE SPECTRE DU SEPARATISME

Le parti pris idéologique des journalistes du LA Times Enriquez et Martinez est surprenant dans la mesure que le Los Angeles Times s’affiche comme un quotidien « objectif ». (ces deux journalistes, au mois de janvier dernier, ont qualifié Marcos de « mauvais garçon bolchevique. Consultez sur Z-net la dénonciation de cet article par John Gilber, où il a démontré que les « journalistes » avaient complètement fait l’impasse sur le sujet même de leur article »)

Ils qualifient les gens en lutte à Atenco de « séparatistes », parce qu’ils luttent pour l’autonomie et une souveraineté locale, indépendamment des partis politiques. (un affirmation absurde parce que, entre autres, ils brandissent haut le drapeau mexicain aux côtés d’autres adhérents de l’Autre Campagne Zapatiste). Ils affirment que Del Valle et ses companeros « renversèrent la démocratie » à Atenco pendant et après la lutte contre l’aéroport. Les habitants sont décrits comme des gens terrifiés par les dirigeants de la lutte (plutôt que, disons, par les quelques 3000 policiers qui ont envahi leurs maisons jeudi) et qu’ils accueillaient les envahisseurs comme des héros de la libération. Ce qui est purement et simplement faux.

Les affirmations malveillantes d’Enriquez et Martinez s’éloignent totalement de la réalité telle qu’elle est vécue aujourd’hui à San Salvador Atenci et documentée par des journalistes d’ici et d’ailleurs qui ont passé du temps au sein de la communauté depuis 2001. Pour plus d’informations crédibles, voir le documentaire de Gregory Berger, « Terre, Oui ! Avions, Non ! » disponible en ligne ; où l’enquête en deux parties de Maria Botey, dans Narco News, en 2002 : « comment la victoire fut remportée à Atenco ». Ou bien rencontrez le véritable Ignacio Del Valle, aujourd’hui un prisonnier politique , à travers une vidéo sur des meetings organisés l’été dernier dans la jungle de Lacandon - celui que le LA Times décrit comme « un homme qui ne pense qu’à la violence » dans un article rédigé par les deux journalistes la semaine dernière - dans le film de Narco News « Nous sommes tous d’Atenco ». Ou une dizaine de reportages de Narco News par des journalistes qui, contrairement aux deux loustics du LA Times, ont fait leur travail, ont rencontré des gens, et ont rapporté les faits tels qu’ils étaient.


Sam Enriquez et Enriquez Martinez se sont livrés à une pirouette à San Salvandor, Atenco, pour utiliser l’enterrement d’un jeune garçon comme une arme de propagande. Dans leur article de samedi, ils ont caché un des faits les plus importants - que ce fut une balle tirée par l’arme d’un policier qui a tué Javier Cortés, et non pas le « pétard » d’un manifestant.

L’article du LA Times, qui devait raconter l’enterrement du jeune homme le vendredi, fut publié le lendemain. Mais avant l’enterrement, les résultats de l’autopsie avaient été rendus publics. Daniel Blancas, de Cronica de Hoy, écrivait le vendredi :

«  Tué par balle. C’est ainsi que le Docteur Julio Ramos Nolasco, de la morgue de Texcoco, explique la cause du décès de l’adolescent Javier Cortes Santiago. »

Cet article est daté du 5 mai, mais Google News révèle que le journal l’avait posté sur son site Internet le 4 mai, soit la veille de l’enterrement.

Le rapport médical contredit la version officielle qui parle de grenade lacrymogène ou de pétard. Sur le certificat de décès, référence 060150663, signé par le même Dr Ramos, et obtenu par Cronica, on lit que la cause du décès est « une blessure provoquée balle, à la hauteur de la poitrine. »

Le journal interviewa le père du garçon :

«  Dans ce conflit, Ignacio Del Valle, ainsi que la police, ont été accusés. Mais il n’y un qu’un seul véritable coupable de la mort de mon fils : le gouvernement de l’Etat du Mexique »

Est-ce que les journalistes du LA Times ont interviewé le père à l’enterrement ? Est-ce qu’ils ont essayé ? Pourquoi non ? Ou avaient-ils lu ses propos dans la presse - et sur Internet - et, trouvant ses propos pas très à leur goût, ont délibérément choisi de l’ignorer ? Ces journalistes ont-ils été dupés, manipulés par un indic ? Ou sont-ils motivés par d’autres objectifs ?

Sam Enriquez et Carlos Marinez, les deux journalistes du LA Times, sont soit des incompétents notoires, soit des menteurs et des complices. Que le lecteur, et les patrons de ces deux journalistes (s’il existe encore une trace d’éthique là -bas) décide du meilleur qualificatif pour ces journalistes d’un des plus grands quotidiens du pays.

Al Giordano


- Source : Narco News
http://narconews.com/Issue41/article1785.html



Mexique : Lourdes menaces sur les forêts du Chiapas, par Valérie Labrousse.

Mexique : une aussi longue ingérence, par Comaguer.



- Traduction : Cuba Solidarity Project
Diffusion autorisée et même encouragée
Merci de mentionner les sources.




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