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CHINE : La démaoization de la Chine

Francesco Sisci

C’est le congrès de dé-Maoization. Mao Zedong est le père de la Chine moderne. Il a sauvé le parti communiste chinois (CPC) de l’extermination dans les années 30, et l’a mené à la victoire une décennie plus tard. Pourtant, il a été à plusieurs reprises et amèrement défait dans le cours des trois décennies suivantes alors qu’il régnait dans le pays et tentait de développer la Chine (le grand bond en avant vers la fin des années 50) ou d’établir le communisme sur la terre (la grande révolution culturelle dans les années 60). Un guerrier, pas un gouverneur, un philosophe, pas un homme d’état, dont l’ombre grande et lourde fut un peu obscurcie quoique très discrètement, dans la conférence de presse avant l’ouverture vendredi du 16ème congrès du parti.

Le nouveau directeur du bureau de l’information du Conseil d’état, Ji Bingxuan, a cité les pensées de Deng Xiaoping et la théorie de Jiang Zemin des Trois Représentants comme références politiques principales de l’idéologie du parti. Il oubliait cependant que jusqu’au congrès de 1997, il y a cinq ans, à l’occasion duquel les pensées de Deng ont été enchâssées dans la constitution du parti, la seule vraie boussole du CPC avaient été les pensées de Mao. Ce n’était certainement pas un lapsus dans ce pays qui pendant des siècles a conservé un ministère des cérémonies, même si le manque de références à Mao aurait pu être facilement justifié en arguant du fait que les idées de Deng et de Jiang ne sont qu’un développement de celles de Mao.

Il n’y a pas de doute que les articles et les sites Internet au sujet du congrès et des préparatifs courants pour le changement de la constitution du parti qui présenteront les Trois Représentants au côté des théories de Deng et de Mao afficheront les trois chefs - Jiang, Deng et Mao. Mais l’objectif qui sous-tend la volonté de changer la constitution deux fois au cours de deux congrès successifs , le 15ème et le 16ème, en superposant les théories de Deng et de Jiang à celles de Mao, est d’effacer l’influence idéologique des Maoistes.

Le parti, à l’image d’une église, a besoin de changer son ideologie/theologie afin de procéder plus tard aux réformes politiques appropriées. Cependant, ces changements ne peuvent pas constituer une trahison et un démenti total apporté au passé. Les dirigeants actuels tiennent leurs positions des exploits de Mao. Même leurs actions pour des réformes idéologiques n’ont été rendues possibles que grâce à une série d’événements ininterrompue qui remonte aussi à la longue marche héroïque. En d’autres termes : la manière dont ils effacent les traces même de Mao est justifiée par le fait que Mao a porté le parti, et eux du même coup au pouvoir. Cependant, leur dépendance à l’égard du legs de Mao est aujourd’hui beaucoup plus faible que ne l’était celle de leurs prédécesseurs. Mao a porté le pays au bord de l’effondrement, et quand il est mort, la taille économique de la Chine avait comparativement diminué. Le statut politique international de la Chine en 1976 était réduit, comme Mao lui-même l’a implicitement reconnu en cherchant d’abord le soutien de l’Union soviétique puis celui des Etats-Unis.

Ces 20 dernières années Deng et Jiang - ont réussi là où Mao a échoué : développer le pays. Ce legs contrasté impose ainsi une De-Maoization mais pas une disparition du vieil homme, dont le portrait est toujours accroché sur les portes de Tiananmen, alors que son mausolée occupe toujours le centre de la place. En outre, un groupe de vieux vétérans de la longue marche, bien dans leur 80 ans, souvent jeté par leurs heritiers idéologiques, ne manquent pas de rappeler la dette des seconds à l’égard des premiers. Cependant, Jiang dans son discours au congrès a souligné que "l’application persistante des Trois Représentants est la base du parti, la pierre angulaire de son gouvernement et la source de sa force".

Un chapitre entier de son discours était consacré à sa théorie qui ignore Mao tout en rendant hommage à Deng. C’était parce que, comme Jiang a remarqué : "suivre les temps signifie que toutes les théories et le travail du parti doivent se conformer aux temps, suivre la loi du développement et témoigner de plus la grande créativité. Savoir si nous pourrons persister en faisant ceci met en jeu le futur et le destin du parti et de l’état." En fait le défi premier pour le parti est de maintenir son hégémonie tout en faisant le nécessaire pour que la croissance de l’économie continue, or ceci nécessite le soutien actif de secteurs non-étatique efficients. A cet endroit Jiang a indiqué qu’il était nécessaire que "le secteur public et les secteurs non publics de l’économie ne soient pas opposés les uns aux autres et puissent très bien se développer côte à côte... Tous les secteurs de l’économie peuvent très bien montrer leurs avantages respectifs en situation de concurrence sur le marché et se stimuler les uns les autres pour un développement commun." Il s’agissait de mots codés signifiant que le secteur d’état ne devrait plus concurrencer et prendre des ressources au secteur privé plus faible.

Le dernier chapitre fut consacpé à Taiwan, encouragée une fois de plus à accepter le principe d’"une seule Chine". Jiang n’a lancé aucune menace et a en outre déployé des arguments qui apparaissent comme des brèches importantes dans le principe de l’unification. Taiwan et la République populaire sont les deux région de la « seule Chine » a-t-il dit évitant les mots habituels selon lesquels Taiwan devrait simplement revenir sous l’égide du continent. En d’autres termes, tandis que selon la formule précédente Beijing était supérieur à Taïpeh, la nouvelle formule implique une position égale pour les deux. Il est difficile de dire si la nouvelle idée marchera à Taïpeh un jour ou l’autre, mais ceci pourrait sans aucun doute se trouver être une autre branche d’olivier en direction des Etats-Unis, très attentifs à toute forme de démonstration de force ou de provocation par l’une ou l’autre des rives du détroit de Taiwan. Si Beijing porte sa position à maturité, couvrant l’île de mots doux et enterrant le vieux cliquetis des sabres, Taïpeh n’a plus de raison d’intensifier ses initiatives diplomatiques et de forcer ainsi une dérive loin du continent.

Ces tâches politiques pourraient très bien aider à conserver le pouvoir au parti communiste. Et sur tous ces points, le Maoisme n’est plus qu’un obstacle. (©2002 Asia Times Online Co, Ltd. All rights reserved. Please contact content@atimes.com for information on our sales and syndication policies.)

Article paru dans Asiatimes : The de-Maoization of China


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