RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Espagne : la gestion désastreuse de la crise à Madrid

« Tu veux que je reste confiné chez moi quand je reviens d'avoir traversé tout Madrid en métro, avec une attestation de travail, nettoyé tes rues, m'être occupé de ton père malade, t'avoir servi à manger ou déposé sur ton paillasson le petit colis commandé à Amazon ». Les habitants des quartiers du Sud de Madrid, qui seront confinés dès demain, sont sortis massivement, au pied de leurs immeubles, ce dimanche midi. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ils ne manifestent pas pour leur "liberté bafouée par le port du masque" (port du masque largement approuvé et suivi par les Espagnols), ni pour dénoncer le "grand complot" du coronavirus, auquel ils ne croiraient pas.

On est bien loin de tout cela !

Ce dont il est question ici, c’est de la gestion désastreuse de la crise, par le gouvernement régional de Madrid, notamment du budget d’urgence (reçu du fédéral, comme toutes les autres régions) et englouti presque exclusivement aux fins de relancer le secteur privé (grandes chaînes d’hôtels, grands entrepreneurs, éleveurs de taureaux de corrida – qui ont reçu 4,5 millions d’euros – et même l’église !).

En revanche... les services publics – en particulier la santé, déjà mal en point, comme chez nous mais en pire – ont été totalement délaissés, alors que cet argent était supposé les renforcer. Peu d’engagement de personnel soignant supplémentaire, à peine 500 enseignants de plus (+0,5%, alors que les autres régions en ont engagé en moyenne 5% de plus, pour pouvoir donner cours à de plus petits groupes par classes), aucun renforcement des transports en commun, bondés aux heures de pointe...
Autant dire que les quartiers populaires ne pouvaient qu’être touchés par une seconde vague, bien plus que d’autres villes/régions (5 fois plus que Barcelone, deuxième ville du pays, 10 fois plus que Valence, troisième ville).

Et avec ce confinement très sélectif (850.000 habitants sur quelques zones très densément peuplées et très ciblées) les voilà maintenant montrés du doigt, stigmatisés, victimes de la "double peine" et enfermés dans leurs (petits) appartements. Enfin, pas complètement, puisqu’il pourront sortir... avec une attestation pour aller travailler, empruntant des métros toujours aussi bondés, pour aller servir dans les bars des beaux quartiers, s’occuper des personnes âgées seules ou dans des résidences, nettoyer les chambres d’hôtel et des hôpitaux, balayer les rues, livrer des pizzas à domicile... Mais en rentrant chez eux, pas question d’aller à la plaine de jeux du coin avec leurs enfants.

Honteux. Humiliant !

Les critiques des habitants visent particulièrement la présidente de la Région, Isabel Diaz Ayuso, incarnation de cette gestion chaotique (ou délibérément foireuse pour mettre en difficulté le gouvernement fédéral, on est en droit de se poser la question), qui a multiplié les décisions contestables et les déclarations surréalistes et provocatrices, du type "Dans ces quartiers (du sud de Madrid), nous avons une immigration dont le style de vie favorise les contagions"...

Ou encore, "Je suis aux côtés de ceux qui souffrent, d’ailleurs à partir de maintenant, j’irai plus souvent à la messe et aux corridas (une obsession).

Au début du mois de mai, elle faisait la une d’un quotidien de droite, toute de noire vêtue et la larme à l’oeil, en Mater Dolorosa. Récemment, elle annonçait la construction d’un nouvel hôpital de campagne, le précédent (facturé à des prix hors sol et payé en argent public) ayant été démonté au mois de mai... ainsi que la possible fermeture de 20 centres médicaux de quartiers...

Et la semaine dernière, elle annonçait à quelques jours d’intervalle la mise en confinement des quartiers pauvres et une diminution de l’impôt régional pour les plus aisés.

« No es confinamiento, es segregación".

Les habitants dénoncent les mesures qui tiennent davantage de la ségrégation et de la stigmatisation que du confinement, et demandent un renforcement de la santé publique, plus de dépistages, davantage de moyens pour l’éducation, l’augmentation des fréquences de métros pour diminuer les risques de contagions...Et la démission d’Isabel Diaz Ayuso, surnommée "Isabel La Caótica", en référence à Isabel la Católica, et aux photos publiées au mois de mai.

Mise à jour, ce lundi 21/9 à 12h.

Déclarations d’avant la rencontre Ayuso-Sanchez :

Ayuso annonce qu’elle demandera à Sanchez l’aide de l’armée "pour contrôler les zones où s’appliquent les restrictions".

Quant à Almeida (le maire de Madrid), il déclare : Sanchez n’est pas le bon Samaritain qui vient pour nous aider, c’est son travail...

On le voyait venir :

Voilà des mois que Madrid sabote l’effort collectif contre le coronavirus, en privilégiant l’économie au détriment de la santé, des transports publics, de l’éducation.

Confiner quelques quartier populaires est une décision injuste qui arrive tard et les dirigeants de Madrid savent parfaitement qu’elle est vaine.

Appeler Sanchez à la rescousse n’a d’autre objectif que de lui faire endosser les décisions impopulaires qui s’en suivront et le mettront dans une situation délicate, vis-à-vis de son électorat... Difficile de conclure simplement à de l’incompétence : on a clairement affaire à une stratégie de la droite espagnole pour faire tomber le gouvernement de centre-gauche.

Il faut savoir qu’en 2008, lors de l’explosion de la bulle financière, c’était Zapatero (socialiste) qui était au pouvoir depuis quelques mois, tout comme aujourd’hui, le gouvernement de Sanchez, formé deux mois à peine avant le confinement, héritant, dans un cas comme dans l’autre, de tout le passif d’années de pouvoir (d’austérité et de corruption) de la droite.

Cristóbal Montoro, ancien ministre des Finances du gouvernement Aznar (droite pure, dure et post-franquiste) avait alors déclaré : « Laissez l’Espagne se noyer, nous nous chargerons de la relever ».

Nous revoilà au même point aujourd’hui.

En pleine pandémie.

Criminel !

»» https://pt-br.facebook.com/groups/batiamourtsou/++cs_INTERRO++ref=group_header
URL de cet article 36483
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
ESPAGNE : un livre en plein dans le mille
Vladimir MARCIAC
Jean Ortiz a publié 90 articles sur le site Le Grand Soir. Son style impeccable, son cœur à fleur de clavier, son intelligence servant sa remarquable connaissance des dossiers qu’il traite, son humour, sa fougue, sa fidélité aux siens, c’est-à-dire aux guérilleros espagnols que le monde a laissé se faire écraser par un dictateur fasciste, le font apprécier par nos lecteurs (nos compteurs de lecture le disent). Il a en poche une carte du PCF qui rend imparfaitement compte de ce qu’est pour lui le (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime.

Karl Marx, Le Capital, chapitre 22

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.