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Brésil : vers un régime militaire ?

Ou l'ambiguité des généraux devant les attaques de Bolsonaro contre les institutions.

Il ne fait aucun doute que la participation de Bolsonaro à des activités de conspiration, réalisées ouvertement et diffusées en direct par les médias officiels du gouvernement, devrait être une autre nouvelle suffisante pour sa révocation immédiate de la présidence de la République (le 19 avril, Bolsonaro a reçu et encouragé une manifestation qui prônait la fermeture du Congrès et du STF - Suprême Tribunal Federal – Cour Suprême – et l’instauration d’une dictature militaire NDT).

Mais cela ne se produira pas.

D’abord parce que le Congrès et le STF, même s’ils sont poussés à agir, ne feront probablement que des discours grandiloquents, élogieux et stériles pour défendre la démocratie, l’harmonie entre les pouvoirs et bla-bla-bla...

Et même si les membres du Congrès et les ministres de la Cour suprême décidaient d’agir, ce serait dans la peur et ils verraient leurs capacités de prise de décision limitées par les militaires.

Il convient de rappeler que, depuis septembre 2018, le général Villas Bôas a nommé un général/tuteur intervenant dans le bureau de Dias Toffoli, le président du STF.

Cette nouvelle attaque de Bolsonaro contre les institutions - encore plus scandaleuse et plus grave que toutes les attaques précédentes contre l’État de droit - peut être interprétée soit [i] comme une démonstration de faiblesse d’un dirigeant à la recherche de nouvelles sources de pouvoir, soit [ii] comme une démonstration de force, de sympathie et de soutien de la part des militaires à l’escalade militariste, sous la direction de l’armée, vers la mise en place d’un régime militaire.

La date et le lieu choisis pour cette attaque, qui prône la fermeture du Congrès et du STF et l’instauration d’une dictature militaire, ne pourraient être plus symboliques : le 19 avril, jour de l’Armée brésilienne, devant le quartier général de l’Armée et devant son commandant général, le général Edson Leal Pujol.

On spécule beaucoup sur le pouvoir et la force politique et institutionnelle de Bolsonaro, ainsi que sur les contradictions possibles entre lui, les commandants militaires et les généraux du gouvernement.

Ce que l’on peut observer, cependant, c’est que Bolsonaro et les militaires ne diffèrent que dans la façon dont le "cavalão" ("le grand cheval" surnom de Bolsonaro à l’époque où il était militaire) fait les choses.

Mais les militaires (ainsi que la majorité parlementaire) sont en accord absolu avec l’essence même de la politique à l’œuvre : bradage des biens et des entreprises, soumission aux États-Unis, écrasement du monde du travail, saccage et pillage des richesses du pays, privatisation et financiarisation de l’économie, abandon de la souveraineté nationale et d’un projet stratégique de nation.

De plus, et pour des raisons qui ne sont pas abordées dans cette brève analyse, les militaires respectent Bolsonaro en tant que commandant suprême légitime des forces armées.

En outre, s’il y avait avaient des contradictions et des impasses qui rendaient impossible la continuité au pouvoir de Bolsonaro, les militaires garantiraient sa destitution et feraient entrer officiellement en fonction le général Mourão (vice-président NDT) - sauf, bien sûr, en cas de restrictions de leur part à son égard.

L’attaque de Bolsonaro et de la meute de ses fanatiques n’a pas reçu de réprimande des militaires, et n’en recevra pas, car le projet militaire avance avec leur attitude.

Jusqu’à présent, ils ne se sont pas manifestés officiellement ; tout au plus ont-ils déclaré " être ennuyés " et " embarrassés " (sic) à un journaliste de la TV Globo.

La roue a tourné, sans que nous puissions percevoir et saisir dans le temps le sens et la direction des événements.

Contrairement au coup d’État de 1964, où la dictature qui a pris le pouvoir installa un État d’exception, cette fois-ci, l’évolution autoritaire et dictatoriale suit la voie opposée.

La corruption du système judiciaire et politique par l’organisation criminelle de Curitiba (comme Gilmar Mendes, membre du STF, nomme l’opération Lava Jato - opération anti-corruption la plus corrompue de l’histoire et dont les actions et résultats ont été essentiellement d’attaquer la gestion du Parti des Travailleurs et de mettre à genoux toutes les grosses entreprises brésiliennes, corrompues certes mais surtout très compétitives à l’étranger. NDT) a établi un État d’exception qui a garanti l’élection illégitime d’un gouvernement militaire (en empêchant Lula de se présenter NDT) qui pourrait évoluer vers une dictature militaire (le gouvernement actuel au Brésil est essentiellement composé de militaires NDT).

Le chaos méthodique et délibéré produit par le Bolsonarisme pour faire face à la pandémie de COVID-19 pourrait constituer le substrat idéal pour l’évolution dictatoriale du régime.

Traduit par Caixão económico pour Le Grand Soir.

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