Pas de chapeau. Ni de masque d'ailleurs.
Le tracking. Ton téléphone portable devient shérif-adjoint ! Tracking : un mot entre traque et crack. Angoissant et hallucinant. Une façon, parait-il, de « mieux protéger ». Évidemment, il s’agit de « libérer les énergies sur les territoires » en rassurant ceux qui en ont encore (de l’énergie). En effet c’est déjà assez compliqué d’obéir aux consignes du gouvernement et de rester confiné tout en allant au travail. Alors, si en plus on croise des malades sans le savoir ! Et si on doit travailler avec des gens malades sans en être informé ! Brrrrr...
Donc le tracking, une solution simple, tellement simple que même Castaner a compris. Et il se propose de l’appliquer. Il dit : « on y réfléchit ». Ca prouve qu’il le peut, donc c’est rassurant. Descartes y trouve son compte : « je réfléchis, donc je suis ». Castaner a une preuve de sa propre existence ailleurs que dans le regard excédé et navré du Président de la République. Mais disons que ce n’est pas vraiment rassurant : réfléchir avec le préfet Lallement et Nicole Belloubet, est-ce encore penser ? Ca va être un problème. Ni l’un ni l’autre n’aime la liberté des gens c’est évident. Tout ce qui en réduit l’exercice les réjouit et justifie leur raison d’être en poste. Mais l’un et l’autre pourront-ils alerter à temps Castaner ? Alerte Casta ! Le tracking ne sert strictement à rien du point de vue de la lutte contre le coronavirus. Pour que ça marche, il faudrait savoir qui est contaminé et qui ne l’est pas. Comment serait-ce possible puisque tout le monde n’est pas testé ? Il faudrait que tout le monde ait un téléphone portable. Il faudrait habiter tous dans les zones couvertes par le réseau. Rien de tout cela n’existe en France.
Là-dessus arrive un nigaud : « Il n’y a qu’a prendre les volontaires ». Ouh là là c’est grave ! Les volontaires ? Et tu leur donnes quoi en échange ? Un test pour vérifier s’ils sont contaminés ? Une place garantie à l’hôpital en réanimation quel que soit leur âge ? Et puis d’abord j’ai pas compris : quel est l’intérêt de suivre à la trace un gars qui est d’accord pour ça ? On ne peut pas lui demander de rester chez lui ? Ce n’est pas plus simple comme volontariat ? Pendant mes explications, le préfet Lallement sourit. Ça me fait peur ! Je l’entend penser et je vois des phylactères sortir de sa grosse casquette avec des émotionnes effrayants genre diable grimaçant.
Illustration : masque sénoufo (Côte d’Ivoire) par LGS.