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Communauté andine en crise : retrait du Venezuela annoncé par Chavez.





CRI, 24 avril 2006.


Les préoccupations politico-économiques ont succédé à la surprise en Amérique du Sud après l’annonce par le président Hugo Chavez du Venezuela du retrait de son pays de la Communauté andine de nations (CAN), dont sont membres aussi la Bolivie, le Pérou, la Colombie et l’Equateur.

"La Communauté andine de nations est morte. Ils l’ont tuée. Le Venezuela s’en retire" déclarait mercredi à Asuncion le président Chavez devant ses homologues du Paraguay (Nicanor Duarte), d’Uruguay (Tabaré Vazquez) et de Bolivie (Evo Morales), réunis autour d’un projet de gazoduc qui relierait ces trois derniers pays à partir des gisements de gaz naturel du Sud bolivien.

Paradoxalement, Hugo Chavez est en principe jusqu’en juillet prochain le président en exercice de la CAN, selon la norme de rotation annuelle.

Marqué politiquement par son antiaméricanisme et son alliance avec le régime cubain de Fidel Castro, le président vénézuélien a affirmé que la CAN "sert les élites, les multinationales, mais non les Indiens ni les noirs ni les blancs ni les pauvres". Il a estimé que les traités de libre-échange signés cette année avec les Etats-Unis par la Colombie (le 27 février) et par le Pérou (le 12 avril) auraient donné le coup de grâce à la Communauté andine. [NDLR ; l’Equateur à son tour tente de finaliser la négociation avec Washington d’un traité similaire].

A Asuncion, Hugo Chavez a réaffirmé qu’il mise désormais sur le Mercosur, le marché commun sud-américain créé par le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Mais même le Mercosur devrait, selon M. Chavez, "être restructuré à fond".

L’adhésion du Venezuela au Mercosur était signée le 9 décembre 2005 à Montevideo. Elle ne sera effective et assortie du droit de vote qu’après plusieurs mois encore d’adaptation aux règles communes de ce bloc. "Il faut aller au socialisme pour sauver nos peuples de l’abîme" clamait à l’époque Hugo Chavez avant la cérémonie de signature.


Née en 1969, la CAN et ses 120 millions d’habitants forment une zone de libre-échange imparfaite avec une barrière douanière extérieure commune de 13,6% en moyenne. Elle représente le tiers du commerce sud-américain. Les exportations intracommunautaires des cinq pays de la CAN s’élevaient à 8,9 milliards de dollars en 2005 (+ 21% par rapport à 2004). Les Etats-Unis absorbent plus de 40% de leurs exportations extracommunautaires.

Un processus de convergence basé sur le libre-échange rapproche graduellement la CAN et le Mercosur, avec pour toile de fond l’ambitieuse Communauté sud-américaine de nations ébauchée en décembre 2004 à Cuzco par les 12 pays d’Amérique du Sud.

La CAN souhaite aussi signer un accord d’association avec l’Union européenne. Précisément, le coup de tonnerre lancé par le président vénézuélien Hugo Chavez a surpris le secrétaire général de la CAN, le Péruvien Allan Wagner, en plein séjour de travail à Bruxelles dans les bureaux de la Commission européenne. M. Wagner envisage un sommet des chefs d’Etat de la Communauté andine pour endiguer la crise ouverte par M. Chavez.


Au Pérou et en Bolivie, embarras des alliés d’Hugo Chavez.

Au Pérou, dont la capitale abrite le siège de la CAN, la décision d’Hugo Chavez risque d’avoir des conséquences électorales immédiates. Le second tour de l’élection présidentielle aura lieu fin mai ou début juin. Tant le vainqueur du premier tour, le nationaliste Ollanta Humala, que son adversaire probable du second tour, le social-démocrate Alan Garcia, ont regretté l’annonce de l’abandon de la CAN par le Venezuela.

Cette crise gêne manifestement Ollanta Humala, proche d’Hugo Chavez qui lui exprimait publiquement son soutien en janvier dernier. Alan Garcia l’a compris. Visant indirectement Humala, il traite le vénézuélien Chavez "d’antibolivarien", car il "tue pour la seconde fois le libertador Simon Bolivar", héros au 19e siècle d’une indépendance sud-américaine axée sur l’union des républiques andines. [NDLR ; depuis 1999, sur décision d’Hugo Chavez, le Venezuela est officiellement la "République bolivarienne du Venezuela"].

Un autre allié du président vénézuélien, l’Amérindien Evo Morales, président de la Bolivie, est lui aussi sur la défensive. Il avait appuyé à Asuncion, s’en prenant aux "gouvernements de désintégration", les attaques d’Hugo Chavez contre les signataires de traités de libre-échange avec les Etats-Unis.

Mais les organisations patronales boliviennes affirment que la CAN, ébranlée par le partenaire idéologique d’Evo Morales, absorbe 17% des exportations nationales et que la balance commerciale de la Bolivie avec cette zone est positive depuis plusieurs années. Le gouvernement de La Paz est en conséquence prié, tant par le patronat que par de nombreux médias, de lutter pour la survie de la Communauté andine. Aussi Evo Morales en appelle-t-il, comme Allan Wagner, à un sommet extraordinaire.

La Colombie redoute un fort impact de la sortie de la CAN de son voisin vénézuélien, quoiqu’un pays abandonnant la Communauté andine soit théoriquement tenu, selon les traités, de maintenir pendant cinq ans avec les pays membres les avantages du libre-échange intracommunautaire.

Avec 2,1 milliards de dollars d’exportations vers le Venezuela en 2005 contre 1,02 milliard de dollars d’importations, la balance commerciale bilatérale est largement favorable à la Colombie. On estime que ces échanges font vivre dans les deux pays un total d’un million de travailleurs.

Le gouvernement de Bogota tente d’organiser d’urgence une rencontre entre Hugo Chavez et le président colombien Alvaro Uribe, qui briguera sa réélection le 28 mai. Difficile d’évaluer si la crise de la CAN influera aussi sur cette élection présidentielle.

 Source : LatinReporters http://www.latinreporters.com


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(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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