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Le confinement vu de près dans un “ shithole ” !

Quand elle est confinée dans son shithole (trou de merde), auréolée de ses palmes académiques, l'indigence n'est jamais vulgaire. Même dans ses défaillances, même dans son dénuement, elle se la joue coquette et opulente. Dans ses réussites précaires, elle a toujours l'illusion de ses impostures. Un billet pour donner des nouvelles des confinés du shithole d'Haïti.

Des contagions, des mythes et des impostures

Il n’y a pas que les murs qui tombent avec fracas dans la marche de l’histoire et du temps. Les forfaitures économiques, les impostures politiques, les enculades démocratiques tombent aussi sous les rafales et les déferlements des vagues libérées par le Karma de la Nature. Voir le président français, Emmanuel Macron, se la jouer repentant et faussement pénitent en accusant le néolibéralisme dont il est l’incarnation a quelque chose d’à la fois jouissif et répulsif. Voir l’Italie abandonnée comme une putain infectée par ses amants de l’Union Européenne et ses maquereaux de l’Atlantique a quelque chose de positif et de vomitif. Voir les expatriés des agences internationales en mission de développement et de renforcement institutionnel en Haïti prendre la fuite (et la célébrer, voir tweet de l’Ambassade du Canada en Haïti qui célèbre l’exfiltration de la délégation canadienne Haïti) pour ne pas se laisser confiner dans un trou de merde où les institutions sont entretenues dans une indigence innommable a quelque chose de répulsif et de révulsif. Voir la Russie, le Venezuela et Cuba, sous le coup des sanctions internationales injustes et inhumaines, se précipiter, à contagion bravant, au secours des autres, malgré leurs propres contraintes, a quelque chose d’agréablement subversif et de profondément méditatif.

Voilà un vrai cocktail Molotov, viral et explosif, lancé par le Coronavirus sur le train festif des impostures de la mondialisation. Pourtant, pendant longtemps, ces impostures nous ont été présentées, par une presse à gages, des intellos de service et des diplômés par allégeance, comme des mythes de croissance, des augures de progrès et des sanctuaires de démocratie, alors qu’elles n’ont toujours fait que broyer l’humain, brider sa conscience, aliéner sa liberté, souiller sa liberté, chambouler son écosystème et rompre son équilibre avec la nature. Aveuglés par nos cathédrales de mirages, nous avons oublié que Dame Nature, ou Mère Gaïa pour les familiers, revient toujours, dans le creux des saisons, comme une comète expiatoire, fidèle à sa période de turbulence, prescrire la pénitence pour rappeler et imposer sa loi.

Le confinement vu dans un shithole à travers des valeurs divergentes

Malheur, alors, aux cathédrales d’impostures dressées sur sa trajectoire ! Quand la nature fait son show viral et met à l’arrêt la croissance, en imposant une distanciation à coup de contagion, si ceux qui sont au Nord de la vie, tout protégés par les meilleurs systèmes de santé, les meilleures démocraties, les meilleurs médecins, en prennent plein la gorge, les poumons et les morts, on imagine ce que cela peut avoir d’horreur au Sud. Et notamment aux confins d’un shitole comme Haïti. Là où presque tout n’est qu’irresponsabilité, complicité, médiocrité, imposture et indignité. Là, où les grands de ce monde font régner, dans un silence angoissant, une déshumanisante précarité pour avoir à portée d’expérimentation un lieu de transit et de business pour toutes les indigences programmées.

On se laisse pourtant dire, qu’au Nord comme au Sud, même par saison d’effondrement de la croissance, provoqué par le Coronavirus, il y aura toujours au fond de quelques hommes une dignité à conserver, une respectabilité à sauvegarder, une exemplarité à offrir, une posture de noblesse à afficher, une solidarité à promouvoir, une humanité à magnifier. Conséquemment à cette utopie humaniste ainsi égrenée, malgré l’effondrement du temple du marché, il était optimiste de croire que les promoteurs et évangélisateurs des valeurs résilientes, auraient pu trouver et puiser, au fond d’eux, quelques valeurs sûres auxquelles ils s’accrocheraient pour résister, ne pas se laisser emporter et surtout ne pas se laisser déchirer intérieurement et se déshumaniser.

Einstein n’a-t-il pas dit que c’est à ceux et celles qui ont le privilège du savoir et du pouvoir qu’il faut le plus demander ? Ainsi, on se laissait persuader que les valeurs résilientes, si souvent glorifiées, devraient être plus nombreuses et plus facilement mobilisables chez ceux et celles qui sont installés au sommet de la hiérarchie mondiale, régionale ou locale. Quand tout vacille autour de soi, le premier réflexe n’est-il pas toujours de se tourner vers un repère solide ? Un tel repère est souvent constitué de briques de valeur, érigées comme infrastructure pour offrir, par saison d’effondrement, un îlot de résistance contre les virulences le temps que se calment les turbulences.

Mais, hélas, les hommes oublient qu’il n’y a pas que les infrastructures économiques, routières et technologiques. Dans la vie, il y a aussi les infrastructures de la mémoire, les vibrations PoÉthiques de la pensée qui élèvent la conscience et permettent une distanciation critique d’avec les extravagances ou les insignifiances du monde. Ce sont ces infrastructures qui contiennent les valeurs magnifiant, en tout temps, en toute saison, en tout lieu, la solidarité et la dignité humaine. Ce sont ces valeurs qui confirment l’effectivité des réussites, ce sont elles qui légitiment les statuts, les privilèges associés ou les destins de grandeur revendiqués. Ce sont ces valeurs qui permettent de retrouver l’équilibre d’une posture de dignité à afficher.

Ces valeurs, parce qu’elles sont le reflet du climat de toute vraie humanité, devraient se situer dans le prolongement des réussites qui exigent toujours exemplarité, redevabilité et responsabilité. Aussi, on s’attendait à ce que ceux qui ont plus donnent plus. Ne dit-on pas que la grandeur ou la réussite, c’est quelque chose dans la posture et dans le regard qui reflète la dignité, la générosité et la solidarité humaine ? La grandeur serait-elle alors une valeur controversée ? On y reviendra.

Évidemment, toutes choses n’étant pas toujours équitablement partagées, on comprend que ces valeurs puissent ne pas être disponibles chez beaucoup. Surtout, quand, au niveau international, les destins de grandeurs poursuivis ou les rêves impérialistes assumés ou revendiqués ne sont liés qu’à des barbaries millénaires et des escroqueries génocidaires. Surtout, quand, au niveau local d’un shitole, les places détenues dans la hiérarchie sociale, académique, économique et politique ne le sont que par malice et crapulerie, soumission et corruption, silence et allégeance.

Alors, quand on est confiné toute sa vie dans un shithole, c’est dans les silences des temps de contagion qu’il faut laisser exploser les mots qui scintillent de colères et d’intelligence pour les opposer aux maux de l’indigence qui ont toujours chercher à rassurer par la finesse et la justesse de leur neutralité. Voilà le dissensus assumé que porte mon chant de shitole. DIRE la douleur de vivre les Défaillances programmées pour enrichir les autres. DIRE l’effroi de supporter l’Indignité d’un leadership médiocre et affreux. DIRE l’horreur de célébrer la Résilience adaptative comme seul horizon de notre espérance. DIRE la violence de subir l’Errance des décisions conçues par les autres comme fatalité.

Ne m’en voulez-vous pas de troubler votre confinement avec mon chant angoissant, mais j’habite une partie d’île où toutes les saisons on ne fait que chanter la réussite par cartes postales, refrains exaltés d’Haïti chérie et mille autres bacchanales qui font croire que le soleil protège de tout, même de la merde ! Alors pourquoi ne nous protègerait-il pas du Corona ? Si non, laissez-moi alors profiter du silence, le temps de la contagion par ce virus qui nous rend tous enfin également insignifiants devant la puissance de la nature, pour rappeler que les réussites greffées sur des artefacts amidonnés, les vacuités saupoudrées de confettis, les superficialités de cartes postales ne sont que des précarités justes bonnes à en mettre plein la vue pour aveugler ou enfumer les autres. Voilà pourquoi, il faut profiter de ce temps de contagion pour transformer notre confinement, non en une simple robinsonnade, mais en un temps de méditation et d’interrogation sur les vraies valeurs, sur nos rapports avec la vie, la nature, les autres et avec l’humain. Car, quand le pouvoir, les armes de destruction massive, le luxe et la richesse ne suffisent pas à nous protéger contre le déchainement des agents microbiens, cela montre l’étendue médiocrité de ces vies qui courent après le pouvoir et la richesse.

L’indigence béatifiée et sanctifiée : indignité, insignifiance et impuissance

Et, comme on le sait, quand tombent les impostures, toujours apparaissent, béantes, les failles qui lézardent les murs des succès précaires. Comme on le sait, quand vient le temps des désillusions, que ce soit à l’échelle des impostures internationales ou locales, c’est l’indigence qui se révèle dans sa médiocrité célébrée ! Une indigence qui malgré ses mille nuances médiocres peut être caractérisée par l’indignité, l’insignifiance et l’impuissance. Dans un shithole, elle forme une sainte famille béatifiée et sanctifiée. Car, dans ce trou de merde, les réussites personnelles sont presque toujours construites sur des précarités et des défaillances collectives, les succès obtenus sont en majorité des gages de redevances et des primes d’allégeance vis à vis des intérêts étrangers, les postures militantes ne sont que des impostures et des escroqueries, les distinctions honorifiques ne sont que des vacuités conçues comme armes culturelles de soumission, d’aliénation, de compromission et d’auto destruction.

Voilà pourquoi, en ce temps de contagion qui nécessite de la spiritualisation, dans un shitole c’est l’indigence fait la fête. Dans le cas d’Haïti, C’est ainsi qu’il faut interpréter l’indignité, l’insignifiance et l’impuissance dont fait montre le leadership national haïtien, notamment celui de la gouvernance de la santé publique, dans sa stratégie de riposte face au Coronavirus (COVID-19).

D’abord, c’est l’indignité qui s’étale avec fracas : une universitaire, occupant le poste de ministre de la santé, pose pour l’éternité dans une photo la montrant, fière et joyeuse, recevoir quelques bokit entre les mains d’une représentante d’une agence internationale comme assistance pour la stratégie de riposte de son ministère face au Coronavirus. Puis, c’est un rapport truffé d’insignifiance produit par un comité scientifique de 14 universitaires pour présenter la stratégie de riposte du pays face au Coronavirus. Comme il a été donné à tous ceux et toutes celles qui ont lu ce rapport de le constater, les experts du dit comité scientifique ont eu l’esprit tellement "con-finé" (finesse de cons) que la pertinence stratégique et la cohérence scientifique du leur premier rapport ne font nullement pâlir les annales des rapports des comités de quartier. Une anthologie de phrases creuses, de vœux simplistes et de souhaits improbables. On y reviendra.
Or, quand l’indignité politique et l’insignifiance académique se donnent la main, pour se distancier aussi solidairement qu’activement et hâtivement de toute décence et de toute intelligence, le résultat ne peut être que cette éternelle impuissance qui se lit dans le regard d’un collectif se confinant à espérer une assistance pour faire face aux turbulences qui menacent son existence.

Dénudée de ses impostures, comme les Antigones de Femen dépoitraillées pour faire leur pied de nez aux mythes religieux et dénoncer les forfaitures qui relient en intelligentes accointances politique et sacré (retenez l’image pour la suite), la cour des miracles se vide et s’affaisse, l’indigence s’étale ! Mais fidèle à sa nature, privée de dignité, même dénudée, l’indigence continue de faire la fête. Car, elle sait que tant qu’elle ne sera pas écrasée totalement, elle pourra toujours tenter de resurgir, dans le cycle des impostures renouvelées, par un Confiteor (une fausse repentance) ou un Habemus Piratam (un nouveau pirate à visage plus sympathique) ! Voilà pourquoi, même dans son dénuement, l’indigence continue de faire la fête !

Tout compte fait, autant qu’il y a des leçons à méditer dans cette saison, autant qu’il y a des espérances à célébrer. Aussi, ce ne sera ni désagréable, ni vilain, ni provocateur de dire vive le temps des contagions ! Puisqu’au demeurant, il dénude les impostures de ce monde ! Au vrai, le coronavirus nous livre l’une des plus belles leçons de l’univers sur le sens des valeurs. Quand déferlent les ondes du Karma qui viennent sonder l’ancrage de notre humanité dans les fondations de la nature, pour emporter les insignifiances, c’est d’un ÉTRIER dont on a besoin comme repère pour s’accrocher et rester collé au centre vital du cosmos. Quand la nature, pour tester l’alignement de nos valeurs sur la conjonction des éléments du cosmos, nous renvoie, comme un boomerang, les reflux des vents mauvais de nos turbulences et de nos vacuités, si on est VIDÉ de toute valeur sûre, nos réussites précaires tomberont sous le poids de leurs pesantes impostures.

La leçon une fois relevée, la repentance ne doit pas être loin, pourvu qu’on sache réellement se transformer au bout de la virulence, par-delà la pénitence. En effet, en nous condamnant à ce confinement, en nous imposant cette distanciation, étendue sur 1 mètre 50, à proximité de tout ce qui nous ressemble et éternue, pour protéger notre immunité biologique, il est possible de voir l’infinie sagesse de la nature qui nous rappelle que c’est dans la sphère de notre intimité rapprochée, au plus profond de nous, que se trouvent les vraies valeurs à magnifier. On peut y voir aussi sa grande clémence, car cette pénitence peut n’être après tout qu’un détour virulent pour nous montrer que le chemin de la régénération reste l’ultime voie de la transformation durable. Aussi elle nous invite à nous réconcilier, avec nous-mêmes, avec les autres et avec notre environnement. De toute évidence, contre toutes les virulences, "c’est de l’intérieur que s’ouvre la porte du changement".

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L’Etat voyou
William BLUM
Quatrième de couverture « Si j’étais président, j’arrêterais en quelques jours les attaques terroristes contre les États-Unis. Définitivement. D’abord, je présenterais mes excuses à toutes les veuves, aux orphelins, aux personnes torturées, à celles tombées dans la misère, aux millions d’autres victimes de l’impérialisme américain. Ensuite, j’annoncerais aux quatre coins du monde que les interventions américaines dans le monde sont définitivement terminées, et j’informerais Israël (…)
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(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

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