Serge Halimi évoque les peuples qui descendent dans la rue dans le monde entier :
De Santiago à Paris, les peuples dans la rue.Est-ce déjà la troisième ou la quatrième vague de protestations de masse contre l’ordre néolibéral et ses gouvernants ? De Beyrouth à Santiago, sans oublier Paris, le pouvoir politique paraît en tout cas incapable de rétablir la situation. Y compris quand il recourt à la manière forte<
Feurat Alani analyse la situation de l’Irak face à l’Iran :
Les Irakiens contre la mainmise de l’Iran
L’Irak connaît un important marasme social, aggravé par la corruption et la déliquescence des institutions. En révolte depuis trois mois, la population remet en cause le système politique, fondé sur le sectarisme et le confessionnalisme. La contestation, qui pour l’heure est essentiellement le fait des chiites, dénonce l’omniprésence de l’influence iranienne.
Philippe Descamps et Xavier Montéard font le point sur la situation linguistique au Luxembourg : Comment s’invente une langue
Place forte des banques et des institutions européennes, le Luxembourg est aussi une tour de Babel où la population parle communément trois, voire quatre langues. La part croissante des étrangers favorise paradoxalement un engouement pour le lëtzebuergesch (luxembourgeois), à côté du français et de l’allemand.
Alain Accardo se demande si le petit-bourgeois gentilhomme n’est pas en train de mourir : Vie et mort du petit-bourgeois gentilhomme
Comment combattre un ordre social qui a installé en nous-même ses manières de voir le monde ? Ce dilemme traverse l’œuvre du sociologue Alain Accardo, tout comme la figure qui l’incarne : celle du petit-bourgeois gentilhomme, tiraillé entre ses aspirations déçues et sa révolte empêchée. La crise climatique et l’exigence d’une écologie anticapitaliste sonneront-elles le glas de ce type humain ?
Pour Maxime Lancien, l’Australie vient de vivre une saison en enfer : « La Terre brûle. » Jusqu’ici, l’expression n’était qu’une image. En Australie, elle décrit précisément les incendies géants qui ravagent depuis trois mois le continent rouge. Au point que les pompiers ont renoncé à éteindre ce brasier hors de contrôle. Peut-on encore qualifier de « naturelles » de telles catastrophes, quand s’accumulent les preuves de leur origine industrielle ?
Pour Anne-Cécile Robert, il y a urgence écologique : Aucun décideur public ou privé de premier plan ne peut désormais faire l’impasse sur le défi climatique… du moins en paroles. Cette victoire idéologique du mouvement écologiste doit, certes, se traduire en mesures concrètes. Mais elle ouvre aussi un autre champ de réflexion, du fait de son instrumentalisation contre la démocratie par les tenants du capitalisme vert.
En Belgique, un véhicule sur dix est un véhicule de fonction (Vincent Doumayrou) : C’est un héritage des années 1970 que nul, ou presque, ne songe à remettre en question : la voiture de fonction dont bénéficient des cadres supérieurs d’entreprise. En Belgique, ces salariés vont et viennent, seuls au volant ; ils représentent plus d’un dixième de la circulation totale, polluent, favorisent les encombrements. Des pistes se dessinent pour rompre avec cette aberration.
Un droit au travail peu connu : celui des diplômés en Biélorussie (Loïc Ramirez) : Pour lutter contre le chômage des jeunes, la Biélorussie applique une recette plutôt atypique en Europe : son gouvernement garantit un premier emploi aux diplômés. Héritage de l’économie planifiée soviétique, cette institution fait partie d’un socle de droits auxquels la population reste attachée.
Un très bon dossier sur les retraites, la réforme de trop : « La couleur politique ne fait rien à l’affaire : les gouvernements successifs enchaînent les réformes des retraites, aggravant les régressions au point d’ouvrir toujours plus la porte aux fonds de pension. Il serait temps de reconsidérer complètement ce moment particulier de la vie. Et de repenser l’ensemble de la carrière, en apportant, par exemple, un salaire de base aux étudiants. En attendant, les salariés, dont le malaise au travail va grandissant, ne veulent pas reculer l’âge de leur départ, ni laisser leurs enfants sans droits. Ce rejet de l’individualisme suscite des manifestations durement réprimées qui entrent en résonance avec d’autres mobilisations dans le monde.
Pour Nicolas Castel et Bernard Friot, le statut des retraites est nommé désir : En dépit de toutes les attaques qu’il a subies depuis trois décennies, le régime de retraite français reste pensé comme un droit au salaire continué. Une logique qui mériterait d’être non seulement préservée, mais étendue.
On l’a oublié mais En 1951, l’Assemblée faillit adopter le salaire étudiant :
Comment remédier à la misère étudiante ? Après la guerre, des forces syndicales et associatives avaient fait émerger une idée aujourd’hui oubliée : salarier ces « jeunes travailleurs intellectuels ». (Aurélien Casta).
Hajar Alem et Nicolas Dot-Pouillard décortiquent les racines économiques du soulèvement libanais
Dans un contexte de grave crise économique, la population libanaise occupe les rues pour exiger de profondes réformes, ainsi que la fin du clientélisme et de la corruption des élites politiques. L’atonie de la croissance et la baisse des recettes en devises étrangères font courir au pays le risque d’une banqueroute.
Que ne ferait-on pas pour tout l’or du Sahel (Rémi Carayrol) : Équipés à peu de frais, des milliers d’hommes creusent le Sahara à la recherche d’or depuis la découverte de filons au Soudan, au Tchad, au Niger… Aussi récente que rapide, cette ruée a pris de court les États du Sahel, déjà déstabilisés par les mouvements djihadistes et les trafics en tout genre, notamment de drogue. Si l’orpaillage artisanal peut se révéler rapidement lucratif, il constitue aussi une activité dangereuse et précaire.
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Aux Etats-Unis il est des vies plus précieuses que les autres : Quand quelqu’un subit un préjudice, la justice doit fixer le montant de l’indemnité qu’il recevra. Aux États-Unis, elle s’appuie pour cela sur des critères tels que son salaire, son espérance de vie… Les inégalités existant dans la société se répercutent mécaniquement sur les compensations, si bien qu’un notaire touchera plus qu’une infirmière, un Blanc qu’un Noir, un homme qu’une femme, etc. (Charlotte Recoquillon).
Qui décide vraiment au Mexique ?, demande Alberto Reygada :
Le président du Mexique, M. Andrés Manuel López Obrador, est entré en fonctions il y a un an, à la suite d’une victoire électorale écrasante. Si, depuis, Mexico a effectué un retour remarqué en matière de politique étrangère, la faiblesse de l’État, l’activisme des marchés financiers et un voisin américain particulièrement encombrant menacent les ambitions de l’équipe au pouvoir.
En Bolivie, la filière lithium est à l’encan (Maëlle Mariette) :
En octobre 2019, un coup d’État a renversé le président bolivien Evo Morales. Alors que le gouvernement de facto promet des élections pour le mois de mars, l’un des projets les plus ambitieux de l’ancien dirigeant semble d’ores et déjà enterré : permettre à la Bolivie de ne pas se contenter d’exporter le lithium dont elle est riche, mais d’en assurer elle-même l’industrialisation.
Un auteur de romans doit payer de sa personne :
Certains ingrédients sont indispensables à un succès éditorial rapide. Ainsi, l’auteur de romans doit mobiliser l’attention sur sa personne, tant par sa présence sur les réseaux sociaux et dans les médias que par le récit de ses chagrins et expériences, sur fond d’empathie, de transgression des limites, etc. Un spectacle bien rodé, souvent couronné par un prix littéraire. (Vincent Kaufmann).
Les riches sont génétiquement modifiés : La médecine génétique et les manipulations d’ADN suscitent de nombreuses craintes. Sitôt ces mots prononcés, certains imaginent des développements effrayants, à base d’expériences qui tournent mal, de créatures de Frankenstein, de mondes dominés par des surhommes génétiquement modifiés. Mais, en se projetant dans des scénarios aussi lointains, ne risque-t-on pas de passer à côté d’une menace immédiate et bien réelle ? Car, en modifiant notre conception de la maladie, la médecine génétique contribue au creusement des inégalités. (Laura Hercher)