RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
49 

Le Canal Seine-Nord Europe : la catastrophe écologique et économique en route !

Le canal Seine-Nord relancé

Le projet de canal Seine-Nord, un temps mis en veilleuse à l’arrivée d’Edouard Philippe à Matignon pour des raisons budgétaires, avance vers sa concrétisation.

Conçu dans les années 1950, relancé en 1997 sans débat par le ministre Jean-Claude Gayssot, une première version de ce projet date de 2007. Prévu pour être réalisé dans le cadre d’un « partenariat public-privé », Bouygues et Vinci, les deux sociétés intéressées, ont fini par jeter l’éponge : l’opération n’est pas rentable.

En 2012, le nouveau gouvernement demande un rapport au Conseil général de l’environnement et du développement durable et à l’Inspection générale des finances. Sur le plan écologique, les prélèvements d’eau nécessaires n’ont pas été justement évalués et les risques de pollution des nappes phréatiques sont avérés. Sur le plan économique, le budget apparait avoir été fortement sous-estimé. Le rapport préconise de se réorienter vers le soutien au fret ferroviaire.

La conclusion logique eut été effectivement d’abandonner ce projet pharaonique et de se réorienter vers d’autres mesures de soutien à l’économie économiquement et écologiquement soutenables.

Pourtant, malgré tous les obstacles, notamment financiers, ce projet ubuesque s’est reconfiguré et il est en passe de voir le jour. Il est porté d’une part par le projet de l’Union européenne d’organisation des transports et de l’autre par des élus locaux.
Le canal Nord-Seine s’intègre dans l’un des neuf corridors -le corridor Atlantique- du Réseau trans-européen de transport. Il s’agit de favoriser les axes majeurs de circulation des marchandises, pas de soutenir la relocalisation des activités et l’économie des territoires.

Du côté des élus, la seule opposition vient d’EELV. Mais on n’entend guère les voix dissonantes. La majorité des élus, Xavier Bertrand en tête, ne cesse de mettre la pression sur le gouvernement.

En 2013 le projet est reconfiguré à la demande du gouvernement, sous l’égide du député du Nord Rémi Pauvros. Le coût du projet passe de 7 à 4,5 milliards d’euros, essentiellement par un tour de passe-passe : les plateformes multimodales, auparavant partie intégrante du projet, sont désormais laissées à l’initiative des collectivités locales. Le projet reste globalement le même et aucune réponse n’est apportée aux problèmes écologiques, à l’atteinte aux activités agricoles, à son absurdité économique.

Octobre 2019 : outre le financement européen (2 milliards d’Euros) l’Etat annonce que sa contribution va égaler celle des collectivités locales des Hauts de France, soit 1,1 milliards d’Euros. Cette décision remet le projet en route ; les travaux devraient débuter en 2022, pour une mise en service en 2028.

Malgré l’engagement de ses élus, le Nord a tout à craindre de ce grand chantier

Ce canal n’apportera pas le moindre début de réponse au marasme économique de la Région. Il est prévu pour faire circuler des péniches de grands gabarits (jusqu’à 4400 tonnes, le gabarit européen), qui ne feront que passer, pour exporter des céréales, acheminer des granulés et des conteneurs.

Les partisans du chantier font miroiter des promesses d’emplois, jusqu’à 50.000, sans donner la moindre explication sur le mécanisme de ces créations d’emplois. Au mieux, un peu d’activité serait générée sur des plateformes logistiques mais cette fonction de « plaque tournante » n’est pas susceptible de générer de nombreux emplois ni d’être un moteur pour l’économie locale. Encore faudrait-il que des capitaux privés viennent s’investir sur les plateformes multimodales.

L’argument de l’emploi local est aussi évoqué pour les travaux de construction, notamment en mobilisant des chômeurs au RSA ! Mais l’expérience prouve que les grosses entreprises qui gagnent les adjudications feront appel à des sous-traitants qui ont leurs propres réseaux de recrutement d’une main-d’œuvre à la fois qualifiée et bon marché, et que l’emploi local n’y gagne rien.

Par ailleurs les collectivités locales vont devoir s’endetter pour apporter le milliard d’euros qui représente leur contribution au projet. Précieuses ressources qui vont grever leur budget et ne pourront être mobilisées pour d’autres projets économiques locaux ni pour les services publics.

L’argument écologique, également convoqué pour justifier ce chantier, ne tient pas la route. Les transports routiers sont, et vont être de plus en plus, engorgés ; le transport fluvial -qui n’est pas non plus neutre écologiquement- va s’y ajouter et non s’y substituer. Seul un processus global de relocalisation de l’économie peut freiner le niveau des émissions liées au transport.

En revanche, les impacts environnementaux de ce grand projet sont passés sous silence. La ponction en eau risque de déstabiliser toute l’hydrologie de la région. Les masses d’eau considérables sont nécessaires pour le remplissage initial du canal (20 millions de m3), l’alimentation en continu et la constitution de réservoir pour permettre la navigation en période d’étiage (16 millions de m3). Les prélèvements se feront dans l’Oise, l’Aisne, les autres cours d’eau de surface et souterraine. Les risques, multiples, ne sont pas évalués et pourraient avoir des conséquences dommageables non prévues. Les évolutions climatiques, en particulier les épisodes de sécheresse, pourraient encore renforcer l’absurdité de ce projet.

Si les gros céréaliers sont chauds partisans du canal, qui devraient leur permettre d’abaisser le coût du transport de la tonne exportée, d’autres agriculteurs vont en subir les contre-coups : emprise foncière estimée à 1300 ha, plus 600 ha pour le dépôt des déblais (55 millions de m3 de terre déplacés, dont 30 millions de m3 d’excédents à déposer sur des terrains à proximité du canal)...

Pour une autre économie

L’absence d’esprit critique face à projet pose problème. Tout se passe comme si face au désastre économique de la région, n’importe quelle initiative est bonne à prendre.
Le Nord serait-il voué à n’être qu’une terre de céréaliculture tournée vers l’exportation et un vaste entrepôt de marchandises à destination de la région parisienne ?
N’y aurait-il pas lieu de faire œuvre d’imagination pour projeter un autre avenir pour la région, en explorant les pistes pour une économie territorialisée, répondant à de réels besoins humains, écologiquement soutenable ?

Face à la nouvelle crise financière qui se profile, il est important que les flux monétaires viennent soutenir l’économie réelle. De plus en plus de voix demandent que la création monétaire des Banques centrales soit affectée à la transition écologique plutôt que de maintenir à flot sans condition des acteurs privés qui continuent à se tourner vers la spéculation, plus lucrative.

Alors il importe de ne pas se tromper. La vigilance citoyenne est de mise pour ne pas laisser passer des projets, tels le Canal Nord Seine Europe, se parent de justifications écologiques pour rafler les financements disponibles.

Si ce chantier pharaonique ne répond en rien aux problèmes de la région, la navigation fluviale et l’usage des canaux déjà existants peuvent être des atouts pour rebâtir une économie à échelle humaine. Encore faudrait-il que les dits canaux soient entretenus.... Les choix économiques, les priorités d’investissement doivent discutés et contrôlés par les citoyens. Il leur appartient de s’emparer de ces questions dont on les tient à l’écart.

EVE 76

A travers la brume

»» https://atraverslabrume.wordpress.com/2019/10/19/le-canal-nord-seine-l...
URL de cet article 35351
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Boycott d’Israel. Pourquoi ? Comment ?
Nous avons le plaisir de vous proposer cette nouvelle brochure, conçue pour répondre aux questions que l’on peut se poser sur les moyens de mettre fin à l’impunité d’Israël, est à votre disposition. Elle aborde l’ensemble des problèmes qui se posent aux militants, aux sympathisants, et à l’ensemble du public, car les enjeux de la question palestinienne vont bien au-delà de ce que les médias dominants appellent le "conflit israélo-palestinien". Dans le cadre de la campagne internationale BDS (Boycott (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Dans la souffrance, la crise à Haiti offre des opportunités aux Etats-Unis. A part fournir une aide humanitaire immédiate, la réaction des Etats-Unis au séisme tragique à Haiti offre des opportunités pour remodeler le gouvernement d’Haiti depuis lontemps en dysfonctionnement ainsi que son économie afin d’améliorer l’image des Etats-Unis dans la région.

Publié sur le site de Heritage Foundation,
janvier 2010
Quelques jours après le séisme à Haiti.

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.